Kavallerie Karabiner Modell 1893

Chers paléotireurs, voici un nouveau venu dans mon petit monde :



Cette ravissante petite chose est une Kavallerie Karabiner Modell 1893.
En français : un mousqueton de cavalerie modèle 1893.
Ça ne se voit peut-être pas, mais c’est une arme Suisse fabriquée en suisse.

La voici de l’autre côté :



En ce temps-là, nos braves cavaliers suisses étaient encore armés de mousquetons Modèle 1878 du système Vetterli, alors que depuis longtemps, les fantassins arboraient fièrement le nec plus ultra de l’arme à répétition ‘’up to date’’, le fusil Modèle 1889 et sa très moderne cartouche à gorge de 7,5 mm GP90, la première cartouche à poudre « sans fumée » suisse.

Ils avaient bonne mine avec leurs pétoires crachant moultes fumées blanches, histoire de faire comprendre à l’ennemi : on est juste sous la fumée …
Bref, ils ont rouspété tant et si bien que, au bout de deux ans, le patron des cavaliers a sifflé la fin du sketch en exigeant une arme dédiée, et plus vite que ça.
Mais … on est en Suisse. On prend le temps.

Sans vouloir plagier la présentation qu’en a fait notre Suprême Leader ICI, je vais quand même vous présenter les choses.

Nos amis helvètes, donc, venaient d’introduire le fusil 1889 de messieurs Schmidt (Culasse) et Rubin (Cartouche), arme très moderne de par son système de culasse à action rectiligne, d’une part, et de par sa cartouche de 7,5 mm à étui quasiment cylindrique à gorge et utilisant une poudre sans fumée, la fameuse GP-90.

Pour armer la cavalerie, il fallait un fusil court, carabine ou mousqueton, bien entendu, mais il fallait aussi que l’arme soit à répétition, de préférence tirant la cartouche GP90 de infanterie. Les premiers SR 1889 et leur longue culasse ne convenaient pas, à moins de trop diminuer la longueur du canon.

Et ce n’est pas tout, la cavalerie n’aurait pas accepté une arme équipée d’une banale culasse type Mauser.
On est donc allé voir du côté de chez Mannlicher qui, justement avait dessiné une culasse à mouvement rectiligne très compacte, permettant de raccourcir l’arme tout en lui conservant un canon suffisamment long (55 cm).

L’arme, produite d’abord par la société SJG de Neuhausen (ancêtre de l’actuelle SIG), puis par la Eidgenössische Waffenfabrik de Berne, sera finalement peu fabriquée : 7750 exemplaires au total.

Les cavaliers, donc reçurent leur mousqueton … dès le courant de 1895.

Au final, ils n’en seront pas contents.
Pourtant, l’arme, compacte et assez légère convenait parfaitement dans ses dimensions. L’absence de baïonnette ne posait aucun problème non plus.
Non, mais sa culasse ne plaisait pas. Mais alors pas du tout.
Certes elle était compacte, avec tenons en tête et extracteur puissant.
Ce qui ne passait pas, ce n’était pas le démontage : mais bien le remontage.
Un véritable casse-tête, bien loin de la simplicité mécanique de l’arme de monsieur Schmidt.

Le mousqueton, donc, fut difficilement supporté le temps nécessaire à son remplacement à partir de 1906 avec le mousqueton modèle 1905, puis par le mousqueton K11.

J’en ai fini de la courte histoire de l’arme et je vais parler de la mienne.

À l’origine, je recherchais plutôt un fusil Schmidt-Rubin 1889 de base.

Et puis en parcourant les annonces du site « outdoor » dont on ne prononce plus le nom …. j'en ai vu un.
Sa silhouette épurée m’a immédiatement plu. Ça a été déterminant.
J’ai réfléchi et sa rareté et son bon état m’ont fait comprendre que le Schmidt-Rubin 1889 pouvait attendre, on en trouve à foison.
Au contraire de ce mousqueton.
J’ai pu l’obtenir à bonnes conditions, c’est pas mal de pouvoir négocier.

Et maintenant, place à un court reportage :

L'arme démontée :
Vous aurez noté que la culasse reste sur l'arme.
Pas fou. Il m'a fallu 1/2 heure d'essais pour comprendre comment on fait pour refoutre cette p...n de cochonnerie de culasse au fond de son p...n de boîtier ...  
Je l'ai fait. Une fois. La dernière.



La culasse, justement, bien à sa place dans son boîtier.
Le boîtier a subi des chocs à l'arrière ... un cavalier pris de rage avec sa culasse ?
Ce sera le seul défaut de l'arme.


Les marquages du tonnerre :
- le numéro de série, fabrication en 1895.
- S.J.G. NEUHAUSEN, la manufacture d'où est sorti ce mousqueton
- Le poinçon S dans un cartouche ovale c'est soit le Major Schmidt ou l'Inspecteur Schenk
- La croix hélvétique
- En surcharge, le poinçon P/19 indiquant que l'arme a été affectée en 1919 à titre personnel au militaire en fin de service obligatoire.


La hausse.
- Le cran de mire de gauche est à la hausse de combat (300 mètres)
- L'échelle des distances de 500 à 1200 mètres par paliers de 100 mètres
- Le volet replié pour la hausse de 400 mètres.


Sous la hausse, ces marques et poinçons :
- Un coup de burin d'alignement du support de hausse
- Le sigle de l'épreuve du canon
- Un poinçon A dans un cartouche ?
- À gauche, le poinçon S déjà rencontré
- À droite, la grande croix helvétique


L'embouchoir et le guidon.
Pièce carrément ronde, il est au N° et porte aussi le guidon et ses oreilles.


Pour finir, voici les principales dimensions (voir le site swisswaffen.com) :
Calibre : 7.5x53,5 (GP90)
Poids à vide : 3,100 kg
Longueur totale: 1,018 m
Longueur du canon : 0,55 m
Rayures : 3 à droite
La capacité du chargeur : 6 cartouches
Quantités fabriquées : 7750

En conclusion, l’arme est intégralement au numéro : canon, culasse, embouchoir, chargeur et monture.
Le bronzage est resté quasiment partout, à peine terni.
À part quelques traces éparses, les bois sont quasiment neufs, arêtes vives
Il manque la bretelle ... accessoire paraît-il plus rare que l'arme. J'en bricolerai une à partir de celle d'un PM MAT 49 gendarmerie, largeur et épaisseur vont bien.

Ces mousquetons sont au calibre suisse de l'époque : 7,5 GP-90.
Je précise - pour l'avoir essayé - qu'il chambre la cartouche moderne de 7,5x55 dit 7,5 GP-11.

La semaine prochaine, je ferai les premiers tirs pour lesquels j'ai préparé quelques séries de cartouches chargées de 0,65, 0,70 et 0,75 g de poudre Ao, les ogives sont des 308 H&N de 165 gr.

A bientôt

St Etienne a écrit:...., alors que depuis longtemps, les fantassins arboraient fièrement le nec plus ultra de l’arme à répétition ‘’up to date’’, le fusil Modèle 1889 et sa très moderne cartouche à gorge de 7,5 mm GP90, la première cartouche à poudre « sans fumée » suisse.
....
Mais … on est en Suisse. On prend le temps.
....

L'entrée (progressive quand même) du fusil d'infanterie modèle 1889, c'est en '90. soit trois ans à peine avant l'adoption de la carabine '93 (sûrement entrée en service un peu plus tard).
Soit en un laps de temps très court!

Acquisition sympa!
J'en ai manipulé une (sans pouvoir tirer), c'est plutôt pas mal comme machin!
Très intéressant du point de vue technique. Super bien réalisé.
Et ces armes on du très peu servir vu l'état des exemplaires en circulation.

une bien belle carabine qu'on voit rarement
j'espère qu'elle fonctionne mieux que la désastreuse Kar 88 des teutons

Merci de ces retours.
il y en a une à vendre, plutôt mignonne :
https://www.naturabuy.fr/Carabine-cavalerie-Suisse-Mannlicher-1893-1895-Monomatricule--item-8513305.html

Petit veinard.

Cette jolie petite carabine me fait de l'oeil depuis longtemps, et j'aimerai bien en avoir une également (j'adore les carabine de cavalerie !).

Tu nous raconteras

toute mignonne cette petite carabine...bravo St.

Bon.
Je reviens du pas de tir.
Zéro cartouche tirée.
Cette pu...n de sal...rie de culasse n'a pas voulu verrouiller sur mes cartouches.      

Et pourtant, comme je l'avais dit, j'avais chambré une cartouche .... de manipulation, et la culasse verrouillait, percutait, éjectait.

A droite, la fausse cartouche GP11, à gauche, une de mes cartouches 7,5x55.


Quasi les mêmes dimensions d'étui longueur et diamètre du collet :
la fausse : L 55,23. dia collet : 8,48
la vraie : L 55,62.  dia collet : 8,43

Je suis tombé sur une chambre STRICTEMENT au cotes GP90 !

Il ne me reste plus qu'à raccourcir mes étuis de 2,12 mm puis me faire une rondelle de la même épaisseur pour recharger au format GP90 (Source de la méthode par Lolo577 et Verchère : ICI)
Cette méthode me semble sensée et relativement aisée à mettre en œuvre ...

Vous qui rechargez et tirez la cartouche GP90, quel est votre sentiment sur ce problème ? HELP !

Il n'y a pas de fiche CIP pour la GP'90. (donc, pas comparable avec la fiche de la GP'11)

Par contre, il est connu que les chambres des différentes armes chambrant la GP'11 sont légèrement différentes. Une cartouche tirée dans un K'31, même recalibrée, ne chambrera pas forcément dans une arme d'un autre millésime. Surtout si c'est une arme prévue pour chambrer une GP'90.

La raison est que, outre la longueur de l'étui, la hauteur de l'épaulement peut légèrement différer. Et surtout l'angle de l'épaulement.
Or, comme la feuillure se fait sur l'épaulement sur les étuis à gorge.....  

J'ai eu un problème similaire en rechargeant pour mon 1889.

j'en parle un peu ici : https://prehistoire-xixeme.forumactif.org/t1408p125-schmidt-rubin-1889-1896-11-mes-premiers-p-tit-suisses?highlight=schmidt+rubin

et sur la page suivante, https://prehistoire-xixeme.forumactif.org/t1408p150-schmidt-rubin-1889-1896-11-mes-premiers-p-tit-suisses?highlight=schmidt+rubin tu as une photo qui permet de comparer les épaulements d'une GP11 et d'une GP 90...

Y'a pas photo!
Enfin, justement, si!

Bon.
Dans la soirée j'ai relu les différents posts sur le sujet, dont celui de Corto qui évoque l'épaulement de l'étui.

La nuit a porté conseil.
J'ai réfléchi que l'angle et la hauteur d'épaulement se feront tout seuls à la chambre par fire-forming.

Alors ce matin, j'ai démonté et retiré l'amorce de l'une de mes cartouches d'hier.
Passage au case trimmer et j'ai mouliné plusieurs fois pour diminuer la longueur du collet. Ca va assez vite mine de rien ...

J'ai donc raccourci un étui d'1,51 mm.
Je l'ai recalibré à l'outil Lee + une rondelle épaisse d'1,59 mm (la plus approchante dispo)
Je l'ai présenté dans le mousqueton sans balle et il a chambré-éjecté sans forcer.

Puis je lui ai siégé une balle, serti au crimp-die + rondelle.
J'ai présenté cette cartouche à nouveau : la culasse ferme sans forcer, percute et éjecte parfaitement.

Les étuis sont des PPU.
Les 2 étuis, le plus long est à la cote GP11 : 55,88 (au passage, ce qui est très long. Trop ?)


L'étui raccourci, différence : 1,55 mm


Pour reprendre cette différence avec l'étui GP11, j'ai trouvé une rondelle d'une hauteur de 1,59 mm.
J'ai simplement utilisé le JO mais avec cette rondelle posée sur le SH pour limiter l'enfoncement de l''étui.

Bien sûr, la valeur du raccourcissement est complètement empirique, j'en ai bien conscience.
Mais à ce stade, j'ai le sentiment que c'est la bonne méthode, après essais à sec sur l'arme.
Le reste se fera par fire-forming.

Qu'en pensez-vous ?

Je ne comprends pas cette histoire de rondelle....

Le JO étant aux mesures de l'étui 7,5x55, il s'agit de rattraper la diminution de longueur de l'étui afin que le JO fasse le job quand même.
Comme ça le même JO peut être utilisé sur 2 étuis différents par leur longueur.
Lolo577 et Verchère l'expliquent mieux que moi sur Tcar. J'ai mis le lien plus haut.

Ouais... ch'comprends pas!

Si l'on place une entretoise, on augmente la longueur à recalibrer.
Et comme un étui est conique, on en diminue le recalibrage (puisque l'on ne descend pas l'outil jusqu'à la base de l'étui).
En outre, on ne peut recalibrer à bonne hauteur l'épaulement.

Ça explique une partie des difficultés de chambrage, il me semble.

Pâtre a écrit:

Ouais... ch'comprends pas!

Si l'on place une entretoise, on augmente la longueur à recalibrer.
Et comme un étui est conique, on en diminue le recalibrage (puisque l'on ne descend pas l'outil jusqu'à la base de l'étui).
En outre, on ne peut recalibrer à bonne hauteur l'épaulement.

Ça explique une partie des difficultés de chambrage, il me semble.

C'est ce qu'il me semble aussi...Ou alors quelque chose m'échappe...

Ces réflexions sont sensées.  
En effet, par exemple, impossible de sertir la balle car le collet est devenu trop court, rondelle ou pas.
(Ceci dit, la balle est maintenue bien serré par le collet lors du siégeage)
En définitive, j'ai l'impression qu'elle ne sert à rien, cette rondelle.
Bref.

J'ai préparé à nouveau quelques étuis raccourcis.
Étuis au format GP11 : ni fermeture ni verrouillage.
Raccourcis à 54 mm : ils empêchent la culasse de fermer et de verrouiller.
Raccourcis à 53,5 mm : la culasse ferme mais ne verrouille pas, il s'en faut de très peu.

Donc le souci est aussi, et même SURTOUT au niveau du cône de raccordement.
Vu la photo des collets par Pâtre, on remarque que, sur la GP90, le cône est plus court et l'angle est plus aigu.

Et, sans vraiment le vouloir consciemment, j'ai recommencé à chambrer mes étuis raccourcis ... et enfin, au 2e ou 3e essai, la culasse a verrouillé et elle a percuté.

En fait, je venais de forcer l'étui à commencer à aplatir son cône ... chose que, normalement, on ne réalise que dans une matrice de recalibrage.
C'est la chambre du mousqueton qui en a tenu lieu, et la culasse a agi en guise de bélier.
Pas très orthodoxe ... mais on dirait bien que ca le fait.
Au passage, les culasses suisses, c'est vraiment du costaud ...

En image.
de G à D, l'étui en 7,5x55, l'étui raccourci à 53,5, l'étui éjecté dont le cône s'aplatit (flèche) :


Dans mon club, un tireur chevronné m'as conseillé le programme suivant :
- Préparer une petite série d'étuis "forcés",
- puis faire un recuit au niveau du cône de raccordement de ces étuis.
- Enfin, après les avoir les amorcés, chargés en Ao à 0,75 g et leur avoir siégé une ogive H&N 308,
- Les tirer dans le mousqueton.
L'étui sera fire-formé et surtout, le cône de raccordement devrait suivre.
Moralité : j'entrevois la lumière.

Allez, on y croit !
Je vous informerai, bien entendu ...