Les armes blanches des états de Savoie, Royaume de Sardaigne.

Ca parait tellement simple avec de telles explications de notre ami Jean ! Bravo

bonjour à tous .
juste pour aider et remercier Kirils pour ses parutions au sujet du Piémont Sardaigne

Bonsoir,

Cher Nato c'est moi qui vous remercie, je n'ai fait que suivre la trace faite par mes ainés dans ce domaine si confidentiel.
Et quel plaisir de voir surgir de tels lots!!!
De beaux exemplaires de 1819 que vous nous présentez (et je ne parle pas des autres exemplaires très intéressants sur la 1ère photo).
En effet difficile de faire la différence entre les modèles pour officiers d'infanterie de ligne ou de chasseurs à cheval, seuls les fourreaux (métal ou cuir) nous le permettent de manière sûre je pense.
Le dernier sabre du bas est très intéressant et correspond au modèle pour officier du génie. Les gravures ont l'air très belles.

Tout cela est superbe, merci pour la contribution!

J'ai l'impression qu'à eux deux Nato et Kirils possèdent 90% de la production de sabres du Piémont Sardaigne
Et nous, on a la chance de pouvoir les admirer sur le forum en photos . Bravo messieurs pour ces belles collections

salut cher Jean SANTOS et merci encore pour tes expertises des différents types et modes de gravures , c'est un plaisir de te lire aussi je vous montre quelques exemples de gravures sur des lames du royaume de Sardaigne

Quand maître Nato dégaine c’est 7 ( il me semble?) lames d’un coup …et toutes plus magnifiques les unes que les autres      

Photo1 &2  : Par Mer & par Terre : Eau forte « classique » : lame vernie , dessin à la pointe sèche puis morsure acide pour graver : ce qui est remarquable , c’est la netteté du dessin . Sur du vernis qui est très sombre il est très difficile de transférer un dessin en mettant en dessous du papier carbone.  Cette méthode de recopier un dessin nous l’avons tous pratiquée dans nos années scolaires. Mais sur le vernis très sombre le tracé du papier carbone ne se verrait pas.
Je pense que le graveur de cette épée devait avoir une astuce pour « blanchir » la surface du vernis ( peinture, talc, craie ? je ne sais pas ) et grâce à cette surface claire il recopiait le dessin modèle au papier carbone ( c’est un papier que les graveurs se fabriquaient en saupoudrant du graphite et en le passant au four )
Pour la photo 2, Pour Dieu et pour le Roi , je ne sais pas s’il s’agit des deux faces du même sabre ou de deux armes différentes , mais le dessin de l’aigle et de la couronne semblent identiques . Il faudrait les comparer en imprimant une photo en N&B sur une feuille en mylar et venir la présenter sur l’autre face (ou sur l’autre sabre) cela permettrait de confirmer ce que je disais au dessus : un transfert du dessin d’après un modèle unique.



Photo N°3 :
Les 3 épées ont 2 types d’ornements : ceux obtenus à la forge comme Kirils nous avait montré déjà sur une  épée , à la page 3 de ce post le 1er octobre.. Le forgeron avait plusieurs formes de poinçon plats à bouts arrondis et polis et il s’en est servi pour faire les motifs de fleurs et d e croix , la lame étant chauffée au rouge te posée sur l’enclume.

Ensuite si on examine épée par épée :

Celle de gauche : Fidèle à Dieu , au Roi  et à l’Honneur :
( je pense que la femme du spadassin a dû apprécier quand elle a vu qu’elle ne figurait pas dans la liste   )  Gravure classique à l’eau forte en dessinant autour des précédents motifs de forge . On voit encore les traces de la dorure à l’amalgame or/mercure autour de l’aigle de Savoie et sur le fond du panneau avec le texte entouré de rinceaux .  C’est un décor très classique .

Celle du milieu :  La gravure à l’eau forte est très fine : le tracé devait être plus « léger » que sur la précédente épée et le temps de morsure bien plus court. C’est tout de même lisible mais moins m’as-tu-vu. J’aime beaucoup sur la lame le changement de section à 40 cm de la soie .Le forgeron a conservé les 4 biseaux en réduisant  d’un coup la largeur : cela donnait de la finesse et légèreté à la pointe . Bel exercice de forge !  

Celle de droite : Vive le roi : gravure classique à l’eau forte. Elle a une jolie garde à lunettes, l prise en main devait être assez particulière , j’avais vu ça sur des fleurets mais là, la lame semble bien lourde.
Elle a une décoration particulière, on la distingue sur l’extrémité, en haut à droite de la photo / il s’agit d’un bronzage « sélectif »  on voit des sortes de rinceaux plus clairs sur le fond sombre. Je pense qu’ils ont dessiné ces motifs avec un vernis sur l’acier ( comme pour graver) mais au lieu d’une morsure acide ils ont ensuite passé sur le reste de l’acier qui était resté à nu , une liqueur bronzante ( un peu comme les bronzages à froid qu’on trouve aujourd’hui)

Une fois que le bronzage a agi( à froid forcement car les vernis de gravure résistent mal à la chaleur)  le vernis est dissous à l’essence de térébenthine et les zones d’acier clair apparaissent


Photo 5 : Toujours au chemin de la gloire ( elle aurait plu à certains choristes celle-là   )

Idem les 3 épées du dessus : Motifs forge pour la fleur à 4 pétales et eau forte  pour les rinceaux et le texte. La profondeur de la gravure est remarquable .
Pour les finitions ils ont bleui l’ensemble de la lame ( comme on avait évoqué un ou deux posts au dessus) ce bleu était obtenu en chauffant à la braise ou en posant la lame sur un bain de plomb fondu ( c’est marrant car elle flotte)
Une fois  la lame bleuie ils ont poli pour enlever le bleu ( avec une poudre d’émeri fine et une tige en bois ) sur le fond des motifs de forge car on voit des pétales clairs et le fond du panneau avec le texte


Photo 6 : Ce n’est que l’honneur qui me fait agir :
Motifs forgés + gravure classique . Le texte TRÈS profond , le graveur a repassé derrière les traits d’esquisse grattés sur le vernis à la pointe, un petit burin ou guilloche qui a donné des traits plus réguliers , plu larges et par conséquent plus profonds après morsure . On le voit par exemple sur le t de ‘fait’ , sur le i de ‘qui’ sur le début du m de  ‘me’.

Photo 7 :Épée Vive le Roi
Double décor : forge pour les motifs de croix  et eau forte pour le panneau et les écritures.
Les décors ont ensuite été rehaussés à l’amalgame or/mercure . Autour du panneau c’est plein or . autour des motifs de forge c’est un fin filet d’or qui est très régulier . Pour faire aussi régulier je pense qu’ils avaient passé auparavant un vernis d’épargne en laissant l’acier à nu dans les futurs filets . Ils ont ensuite passé l’amalgame ( ça se passait avec une sorte de brosse genre brosse à dents ) l’amalgame s’est accroché sur l’acier nu et a glissé sur le vernis d’épargne .

Ensuite passage au feu : le vernis épargne va fondre, le mercure va s’évaporer et laisser l’or apparaître et l’acier va se colorer en fonction de la température qui sera atteinte.


J’aime beaucoup cette décoration . La couleur obtenue avec ces dorures est Unique , c’est chaud  ...dommage que ce soit si dangereux  


Voilà c'était la demi-heure ( plu long ce coup-ci , ça va être plus cher cher maître Nato ) du graveur

En tous cas bien belle collection , celle de Kiirols + la tienne feraient envie à plus d'un musée

Bonjour,

On vient de passer un cap dans le niveau des présentations.......ces armes sont extraordinaires, merci Nato, je suis subjugué par la beauté de ces objets!

Et merci Jean c'est toujours un plaisir de vous lire!
Kirils

Cf Jean:

"Celle du milieu : La gravure à l’eau forte est très fine : le tracé devait être plus « léger » que sur la précédente épée et le temps de morsure bien plus court. C’est tout de même lisible mais moins m’as-tu-vu. J’aime beaucoup sur la lame le changement de section à 40 cm de la soie .Le forgeron a conservé les 4 biseaux en réduisant d’un coup la largeur : cela donnait de la finesse et légèreté à la pointe . Bel exercice de forge ! "

Ces lames ont de plus un nom fort plaisant: "colichemarde".

Merci à Kirils, Nato et Jean de cet enchantement des yeux et des neurones.

Je découvre avec admiration la beauté de ces armes blanches. Je suis plutôt adepte de machins qui font "boum", mais là je suis scotché, je ne savais pas qu'il existait de ces petites merveilles qui montrent, en aparté, que l'Honneur existait à cette époque.
Merci à vous pour cette découverte (ce qui montre aussi qu'on apprend à tout âge)

bonsoir
pour compléter lame à la colichmarde monture en argent avec un poinçon de Paris A couronné est mi 18° , pour la garantie mais le poinçon d'orfevre  MB couronné avec une épée n'a pu etre identifie
cette lame est identique à une présentée précédemment avec la mention vive le roi

pour voir les poinçons on est obligé de dessertir car ils sont cachés

Bonjour,

Une garde absolument magnifique...merci!

Bonne journée.....sous la neige ici!!

Oui , nous aussi neige! Pour en revenir à l'épée dommage que la garde soit cassée ... et surtout mal reparee

Encore une magnifique pièce , bravo Marlain , maintenant que grâce à notre ami Freebird je sais ce qu'est une colichemarde, j'apprécie encore plus  
Le travail sur la coquille est extraordinaire , c'est de la bijouterie. Ils ont repercé la coquillé et découpé les motifs avec une scie à fil de bijoutier. La coquille étant posée sur une cheville de bijoutier en bois dur.
Après reperçage et relimage des trous ils ont fait les détails des rinceaux et des fleurs avec une échoppe, sorte de petit burin poussé à la main . L'argent se coupe facilement et cela permet de faire des détails très fins.
Leurs outils ressemblaient sans doute à ceux que je vous montre ci-dessous :


Dommage pour la cassure de la garde , ce n'est pas évident de braser des pièces en argent car le point de fusion du métal d'apport est très proche de celui de l'argent pur . Les bijoutiers utilisent des alliages spéciaux dons la couleur sera proche de l'argent et ils découpent ce métal d'apport en fines lamelles( paillons) pour qu'il fonde plus facilement .
J'ai une soudure de ce genre à faire sur une arme ancienne et ça me stresse à l'avance  


La réparation brasée de la garde pourrait être rendue plus discrète ( sans vouloir la masquer ou la maquiller   après tout les réparations font partie de la vie de nos armes ) Je ferais de la façon suivante :
1) "ciselure" avec une fraise de dentiste en essayant de reproduire le motif d'origine sur la zone brasée
2) Polissage traces de fraise avec une tige en bois ( cure dent moté sur dremel) et de la pâte diamantée 0,5µ
3) Ombrages sur cette zone en suivant les motifs existants , faits avec une petite échoppe.
4) Argenture de la zone brasée avec un produit d'argenture à froid comme le Nitrargent
https://youtu.be/qTajyThtMJw


Voilà, c'était le petit 1/4 d'heure du bijoutier/graveur.

Merci Jean Santos pour ces précisions , au siècle dernier j'avais acheté ces outils en pensant que ...plus tard j aurais le temps d'apprendre à m en servir ...mais maintenant ....trop tard !

C'est dommage Marlain de laisser dormir des vieilles échoppes . J'aurais eu tendance à te dire qu'on peut apprendre quel que soit son âge, mais il me semble avoir lu sur le forum TCAR que tu avais eu des problèmes de vue et tu avais fait faire une crosse spéciale .
La mauvaise vision serait trop pénalisante pour apprendre, sinon je t'y aurais poussé , car là tu as plusieurs outils qui t'auraient servi pour refaire les ciselures de ta garde

Moi je possède plus d'échoppes que je ne pourrai en user ( même en gravant centenaire ), j'avais acheté une paire de lots lors des débuts d' ebay + plusieurs autres dans des vide greniers, mais il y aurait sans doute des candidats graveurs dans le forum: Tu devrais essayer de les mettre en vente

Ils proviennent d'un lot chez un antiquaire du village , à l'époque bien avant 1970 j'en avais pris plusieurs de différentes formes en ne sachant pas à quoi cela pouvait servir ( l'antiquaire qui en avait bien une centaine ne connaissait pas non plus,,,)
Si ça se trouve la caisse est encore au fond de la remise
Oui , la perte d'un œil me gêne pour tous les travaux précis,  j'ai d'ailleurs vire bien à regret tous mes outils de sculpture sur bois

wow, c'est ton travail cela me fait penser à ces magnifiques stalles sculptées que j'avais vues en visitant la cathédrale d'Auch il y a deux ans

C'est sûr que tu n'auras pas la même dextérité , mais même avec ton handicap visuel je suis certain que tu aurais un résultat plus que correct . Déjà l'affûtage de ce genre d'outils t'est familier puisque tu affûtais déjà les ciseaux et gouges.

C'est toi qui t'étais fait ta crosse spéciale pour ton fusil de chasse je suppose ?

Quoi qu'il en soit si tu veux les désoxyder et les tester sur une plaque de cuivre , tu m'envoies un MP. Tu peux aussi m'en envoyer une paire des plus petites échoppes et je te les renvoie affûtées , prêtes à couper .

Les crosses pour borgne....j'en ai fait plusieurs , mon fils est droitier et oeuil directeur gauche donc même problème..mzi il a appris à tirer les 2 yeux ouverts ..moins de boulot
En jardinage je suis encore opérationnel!, merci pour ton offre

Bonjour,

Le sabre d'artillerie montée français modèle troupe 1829 est souvent considéré comme ayant une ligne et une sobriété incomparables.
Je trouvais intéressant de le comparer à son contemporain, le sabre d'artillerie montée savoyard-sarde modèle 1833 troupe....d'autant plus qu'ils ont peut-être combattus ensemble en Crimée!

La lame du français fait 81 cm de long, alors que mes exemplaires sardes, aux lames quelque peu différentes, font 83 et 84cm de long.
Les largeurs au talon sont sensiblement identiques autour des 3.5 cm.
Les 3 lames ont un pan creux, mais on voit que les lames sardes sont plus massives, et moins effilées vers la pointe.
Le français a la courbure la plus prononcée, mes deux sardes ont des courbures différentes.

Etonnamment le français est le plus lourd, 1850g avec fourreau, contre 1750g pour les sardes, et le sabre seul français pèse 985g contre 885g pour les deux autres.

Les deux modèles ont une branche unique de garde, avec un style pour le modèle savoyard se rapprochant des sabres de hussard, ce qui fait que de nombreux vendeurs le proposent en tant que sabre de hussard français.

Je vous laisse faire votre choix entre les deux modèles.....

je suis admiratif

Bonjour,

Aujourd'hui je choisis de vous présenter un thème "dans le thème" : celui des sabres d'infanterie.
Ma présentation suit un ordre chronologique, en gros de 1750 à 1850 (sens antihoraire sur ma photo).
Ce sous-thème est très riche, et donc ma collection n'est pas exhaustive, mais a au moins le mérite de se rendre compte de l'évolution de ces armes, ici de troupe ou de sous-officiers, avec de nombreuses variations.
N'hésitez pas à me demander si vous voulez plus de précisions sur tel ou tel sabre...

Cordialement

Bonjour,

Nous n'avions pas entendu parler des armes savoyardes depuis quelques temps, alors je vous présente aujourd'hui un sabre que j'espérais depuis longtemps, et que je trouve particulièrement esthétique.

Il s'agit d'un sabre d'officier de chasseur à pied sarde modèle 1819.
Notons que le noir du fourreau a disparu en partie.
La lame de Solingen conserve en partie son bleu, elle mesure 80 cm, avec de beaux marquages réglementaires.
Les finitions de ce sabre, avec sa belle poignée en corne filigranée, son quillon bien ornementé, et ses larges anneaux de bélières décorés, me laissent à penser que l'officier était d'un certain rang, ou avait les moyens. Ces sabres sont souvent plus sobres.

La dernière photo permettra je l'espère une intervention de notre spécialiste sur la qualité de finition de "taille" du quillon...

Bonne journée!