Les glaives - Part. II : Les "Glaives 1831 Petits Modèles"

Bonjour à tous,

Ce post constituera la 2e partie de notre étude sur les glaives français.

Maintenant que nous savons ce qu'est un Sabre de Troupe à Pied Mle 1831, nous sommes en mesure de passer à l'étude de ses multiples clones, copies et avatars.

En effet, le glaive 1831, conçu pour l'équipement de notre armée d'active ne pouvait pas forcément convenir pour les autres utilisateurs.
On peut citer :
- Les soldats de la Garde Nationale,
- Les Sapeurs-Pompiers,
- Les Ouvriers de nos Manufactures,
- Les fonctionnaires de diverses administrations de terrain (Forestiers, Garde-Chasse...)

Pour ces personnels, le 1831 avait deux gros défauts :
1 il était lourd.
2 il coûtait cher.

Cependant, le 1831 était sinon beau ... du moins, il était "à la mode" et faisait des envieux ...
En d'autres termes : impossible de ressembler à un soldat sans avoir un glaive !

On a donc résolu l'équation en acceptant la production de glaives "apparentés au 1831" mais à la fois moins lourds et surtout moins chers ...
La deuxième condition ne sera pas toujours forcément respectée, mais ce n'était pas bien grave.
Lorsqu'elle le sera, nous verrons que, malheureusement, se sera parfois au détriment de la qualité.

L'utilisateur principal de ces armes était alors la Garde Nationale. Sorte de milice bourgeoise au sein de laquelle devait théoriquement servir tout citoyen entre 20 et 40 ans et assujetti à l'impôt.
En étaient dispensés : les militaires d'active (!), les fonctionnaires et les ecclésiastiques.

Entre 1830 et 1852, la Garde Nationale n'était réellement composée que de gens AYANT LES MOYENS DE S'ÉQUIPER ... Ca faisait déjà beaucoup moins de monde.

Revenons au sujet : le glaive 1831 petit modèle.

Ils ne seront jamais réglementés.

On leur donnera abusivement l'appellation 'Modèle 1855' sans qu'existe le moindre texte réglementaire daté de 1855 définissant ces armes.

On peut néanmoins citer un texte "semi-officiel" qui présente ces armes.
Dans la 3e édition de l'Aide-Mémoire à l'usage des Officiers d'Artillerie de 1856, il est précisé page 728 :

Et puis c'est tout. On va donc se débrouiller avec ça.

J'en suis bien désolé, j'ai été très long pour en arriver à donner une appellation convenable : le Glaive 1831 Petit Modèle.

Conclusion : est un glaive 1831 Petit Modèle tout glaive ressemblant en plus petit au Sabre Modèle 1831 de Troupe à Pied.

En voici un fagot :


Planche explicative :


Nous reviendrons bientôt pour vous présenter ces armes d'un peu plus près.
On découvrira des objets frustes et d'autres très élaborés, des armes "à bas coût côtoyant des lames "qualité chirurgicale"
Vous constaterez que le monde des glaives français est passionnant.

D'ici là, prenez soin de vous !

St Etienne a écrit:Bonjour à tous,

Ce post constituera la 2e partie de notre étude sur les glaives français.

Maintenant que nous savons ce qu'est un Sabre de Troupe à Pied Mle 1831, nous sommes en mesure de passer à l'étude de ses multiples clones, copies et avatars.

En effet, le glaive 1831, conçu pour l'équipement de notre armée d'active ne pouvait pas forcément convenir pour les autres utilisateurs.
On peut citer :
- Les soldats de la Garde Nationale,
- Les Sapeurs-Pompiers,
- Les Ouvriers de nos Manufactures,
- Les fonctionnaires de diverses administrations de terrain (Forestiers, Garde-Chasse...)

Pour ces personnels, le 1831 avait deux gros défauts :
1 il était lourd.
2 il coûtait cher.

Cependant, le 1831 était sinon beau ... du moins, il était "à la mode" et faisait des envieux ...
En d'autres termes : impossible de ressembler à un soldat sans avoir un glaive !

On a donc résolu l'équation en acceptant la production de glaives "apparentés au 1831" mais à la fois moins lourds et surtout moins chers ...
La deuxième condition ne sera pas toujours forcément respectée, mais ce n'était pas bien grave.
Lorsqu'elle le sera, nous verrons que, malheureusement, se sera parfois au détriment de la qualité.

L'utilisateur principal de ces armes était alors la Garde Nationale. Sorte de milice bourgeoise au sein de laquelle devait théoriquement servir tout citoyen entre 20 et 40 ans et assujetti à l'impôt.
En étaient dispensés : les militaires d'active (!), les fonctionnaires et les ecclésiastiques.

Entre 1830 et 1852, la Garde Nationale n'était réellement composée que de gens AYANT LES MOYENS DE S'ÉQUIPER ... Ca faisait déjà beaucoup moins de monde.

Revenons au sujet : le glaive 1831 petit modèle.

Ils ne seront jamais réglementés.

On leur donnera abusivement l'appellation 'Modèle 1855' sans qu'existe le moindre texte réglementaire daté de 1855 définissant ces armes.

On peut néanmoins citer un texte "semi-officiel" qui présente ces armes.
Dans la 3e édition de l'Aide-Mémoire à l'usage des Officiers d'Artillerie de 1856, il est précisé page 728 :

Sabre de troupes à pied, modèle 1831 dit petit modèle.
Même nomenclature que le précédent (Sabre de troupe à pied Mle 1831), dont il ne diffère que par les dimensions.

Et puis c'est tout. On va donc se débrouiller avec ça.

J'en suis bien désolé, j'ai été très long pour en arriver à donner une appellation convenable : le Glaive 1831 Petit Modèle.

Conclusion : est un glaive 1831 Petit Modèle tout glaive ressemblant en plus petit au Sabre Modèle 1831 de Troupe à Pied.

En voici un fagot :

Le mien à la même lame à gorge que celui à l'extrême gauche mais sans cercles dans les quillons de garde. Tous ceux de la photo ont ces mêmes cercles.

CLOSDELIF a écrit:Encore une fois merci....
Ceux qu'on qualifie parfois "de cantinière" seraient donc de ceux là ?

En effet, mais dans le fagot, je n'en n'ai pas mis.

On n'en connaît pas tant que ça, des glaives pour cantinières. Je n'en possède que 2 que je vous montrerai à part.

Car (à mon sens) ils forment un sous-type à mettre à part : les "1831 petit modèles" sont bien plus grands ...

Ce qui n'a jamais empêché certaines vivandières de s'équiper en glaives "troupe" normaux ...

Pour ceux que cela intéresse, voici la suite de notre étude.

Si les glaives 1831 "petit modèle" ne forment pas un ensemble bien réglementé, du moins peut-on tenter de leur donner une classification.

Observons attentivement le fagot que je vous avais présenté :



Les glaives ont quasiment tous la même poignée inspirée/copiée sur celle du 1831 ...
- en laiton et droite, plus ou moins forte ou plus ou moins fine,
- comportant généralement 26 cordons larges au centre et fins aux extrémités,
- surmontée d'un pommeau ovoïde et d’un point de rivure en demi-sphère,
- dont la garde est sensiblement droite, portant 2 rouleaux avec ou sans décor de cercles concentriques.
On n'en finirait pas de les classer, il y en a trop.

En réalité, ils se distinguent surtout par leurs lames.

Aussi je vous propose cette classification simple :

type 1 :    Les lames plates avec ou sans nervure centrale
type 2 :    Les lames à gouttières
type 3 :    Les autres lames

Est-ce que ça vous va ?

Maintenant, je vais vous donner un exemple de 'petit glaive' de type 1 :



La lame est plate, droite, à deux tranchants formant une nervure centrale.
Il s'agit d'un glaive de forestier reconnaissable uniquement par son fourreau dont la chape porte un bouton en forme de gland, et la bouterolle un dard idem.
Il est très court : Longueur totale 56 cm, longueur lame 42,5 cm.

Pourquoi a-t-on jugé utile d'armer les fonctionnaires des Forêts ?
En France, les forêts ont toujours eu un rôle important, stratégique d'abord, puis économique et de plus en plus écologique de nos jours.
L'administration des Forêts était notamment - et est toujours - chargée de procéder à la vente de lots d'arbres sur pied, chaque tronc étant marqué par martelage et attribué à un acheteur qui se chargeait ensuite de les abattre, les débiter et les évacuer. Mais les coupes sauvages étaient - et sont toujours - l'un des risques à éviter. Il fallait donc dissuader les éventuels fraudeurs et parfois il fallait se protéger ...

Voilà.

Ce sera tout pour ce soir.

Joyeuses Pâques à tous !

St Etienne a écrit:



La lame est plate, droite, à deux tranchants formant une nervure centrale.
Il s'agit d'un glaive de forestier reconnaissable uniquement par son fourreau dont la chape porte un bouton en forme de gland, et la bouterolle un dard idem.
Il est très court : Longueur totale 56 cm, longueur lame 42,5 cm.

Pourquoi a-t-on jugé utile d'armer les fonctionnaires des Forêts ?
En France, les forêts ont toujours eu un rôle important, stratégique d'abord, puis économique et de plus en plus écologique de nos jours.
L'administration des Forêts était notamment - et est toujours - chargée de procéder à la vente de lots d'arbres sur pied, chaque tronc étant marqué par martelage et attribué à un acheteur qui se chargeait ensuite de les abattre, les débiter et les évacuer. Mais les coupes sauvages étaient - et sont toujours - l'un des risques à éviter. Il fallait donc dissuader les éventuels fraudeurs et parfois il fallait se protéger ...

Voilà.

Ce sera tout pour ce soir.

Joyeuses Pâques à tous !

En complément sur l'armemement des "forestiers" ,il faut savoir qu'à l'époque avec le nouveau code forestier de 1827 appliqué a/c de 1829/30 la résistance des populations locales s'amplifia jusqu'à atteindre dans certains cas une quasi-insurrection comme "La Guerrre des Demoiselles" dans l'Ariège (09)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Demoiselles
Et ne parlons pas de la Corse et plus tard de l'Algérie qui même après la "Pacification" était un territoire dangereux pour les gardes forestiers qui étaient certainement un des personnages les plus haï de nos campagnes.

Bon, ben je saurai jamais pourquoi mon mien est différent et son affectation.

Bataireacht a écrit:Bon, ben je saurai jamais pourquoi mon mien est différent et son affectation.

Cher ami, ne te désole pas.
Ton glaive est sympa comme tout. C'est un glaive de type 2 à gouttières.
Pour te dire, il me fait envie car sa garde à rouleaux sans cercles le rend intéressant.

Ne te désole pas, car les petits glaives qui nous sont parvenus, de même que l'énorme majorité des armes anciennes, sont tous muets quand à leur affectation. Au maximum, on peut connaître leur origine lorsqu'ils ont un conservés un marquage et un millésime utilisables.

Garde-le précieusement, mets-le en valeur et il fera l'admiration de tes invités.

Bon.
On continue ?

Nous venons d'avoir un exemple de glaive à lame plate. (type 1)

Voici donc un glaive à lame à gouttières : le type 2.



Glaive tout à fait classique, celui-ci a reçu une jolie lame de section lenticulaire, possédant 2 gouttières.
Elles sont suffisamment proches l'une de l'autre pour former une arête centrale.
Notons que les tranchants de la lame sont très légèrement convergents vers la pointe.
Petit défaut : la pointe est légèrement déformée et un des tranchants vient quasiment au raz de la gouttière correspondante ...

Cette observation me permet de mettre en lumière l'un des points caractéristiques des "petits glaives" : leur qualité de fabrication est très inégale.
Sur un Sabre de Troupe à Pied Modèle 1831, jamais un Réviseur ni un Contrôleur n'auraient poinçonnés (reçu) une lame présentant un tel défaut de symétrie.

L'arme est de taille moyenne, ses dimensions : longueur totale 59,5 cm, longueur lame 46,8 cm.
Je ne reviens pas sur sa poignée : c'est la réduction homotétique du 1831, 26 cordons, etc ....
Son fourreau est remarquable car chape et bouterolle sont ici décorés d'un filet en relief à la manière des fourreau des glaives 1816. Ce décor "fantaisie" a certainement été facturé.

Autre observation concernant les fourreaux.
Je n'ai jamais rencontré de chape de fourreau de 'petit glaive' ayant un pontet. Tous (sauf exceptions à vérifier) ont un bouton.

Voilà.

A demain pour la suite.

Bonne journée

Portez-vous bien.



PS : La longueur totale est toujours donnée SANS fourreau.

Chose promise ...

C'est reparti.

Voyons aujourd'hui un glaive du 3e type, les "autres lames"

En effet, il existe des lames ... disons "particulières".

Voici une très belle pièce, je vous la présente d'abord au fourreau pour une bonne raison :



Car ce glaive a une lame TRÈS TRÉS étroite. Cela saute aux yeux même au fourreau.

C'est déjà une particularité, mais ce n'est pas la seule.



Mise à nu, la lame présente un fort aminci (décoratif ?). Du coup nous avons une lame d'apparence très spéciale.
Malgré une largeur limitée à 2,7 cm, le forgeron a trouvé la place d'y creuser 2 gouttières !
L'aspect particulier de ce glaive est accentué par sa poignée plutôt forte et épaisse. Par ses dimensions, la poignée est très proche de celle du 1831, 13 cm de haut et 10 de large.
Cotés défaut, on pourra remarquer un loupé de symétrie des gouttières vers la pointe.

Cet aminci et cette lame très étroite me font classer ce glaive à part.
Il s'agit d'une commande spéciale auprès d'un très bon fourbisseur. Le glaive a certainement été assemblé selon la morphologie de son propriétaire, probablement un officier de la G. Nationale.. On pouvait choisir sa lame sur une poignée à la taille de la main.
Ce ne sera pas un cas général, nous le verrons ultérieurement.

En dehors de ces points spécifiques, il s'agit d'une très belle arme, très proprement assemblée. La lame est en fer forgé d'excellente qualité et soigneusement polie, elle possède une fine cravate en cuir. Hélas, aucune marque ...

Le fourreau est complet, cuir solide et épais, un peu craquelé. Chape et bouterolle sont agrafées, et un fort bouton en forme d'écu est brasé. Ce fourreau a été fait sur mesure, c'est vraiment SON fourreau.
(Il a dû être réparé et sa bouterolle remplacée ... )

Dimensions plutôt moyennes : 61,9 cm de longueur totale (arme nue) pour 47 cm de lame.

A bientôt

Bonsoir à tous,

avant de quitter la capitale pour une destination champêtre et sarthoise ... et donc avant d'être physiquement séparé de mes glaives, je viens vous présenter une nouvelle pièce. Il y en aura d'autres, mais plus tard.



Ce beau glaive a malheureusement perdu son fourreau.

Vous le classeriez comment ? Lame à gouttières ... un glaive du 2e type ?

Presque.

C'est un très beau glaive du 3e type "autres lames".

Car sa lame est quelque peu inhabituelle dans le petit monde des glaives.

Cette lame est ASSYMÉTRIQUE. Il n'y a qu'un seul tranchant :


Cette lame est signée Coulaux et Cie d'un côté et Klingenthal de l'autre :



Par contre, sa poignée reste conforme à "l'esprit 1831", dans des proportions cependant très proches.

D'après le site du musée de la Manufacture du Klingenthal, ce marquage indique une lame faite après 1860.
Preuve qu'on a fabriqué très tardivement ce type d'arme, et celui-ci certainement en nombre, car Coulaux ne faisait pas ce genre d'article à la pièce.

Ses dimensions :
Longueur totale : 69,1 cm
Longueur lame : 55,1 cm
Largeur lame : 3 cm.

A bientôt