Les armes blanches des états de Savoie, Royaume de Sardaigne.

OK, merci !
Je penche moi aussi pour la seconde hypothèse...

cette dague est superbe et jamais vue pour ce qui me concerne ...bravo et bonne pioche .
nato.
ps: ce n'est pas le modèle des forets .

Merci Nato, en effet je viens de retrouver la référence de la dague des eaux et forêts qui elle était bien produite en un certain nombre d'exemplaires...

Bonjour,

J'espère que cet exemplaire très rare saura vous divertir!
Il s'agit d'un modèle de sabre d'infanterie type 1775 (que l'on voit assez souvent) mais qui a la particularité intéressante d'être monté sur une poignée de hussard.







Belle journée à vous

Quelle magnifique lame !!!
Merci !

Bonjour,

Voici une belle épée toujours sur mon thème de collection : une épée piémontaise de modèle 1776. J'aime beaucoup cette épée surtout pour sa forte lame.
Il lui reste des gravures que j'appellerais traditionnelles (même si les inscriptions au talon ne sont pas très courantes), mais ce qui fait selon moi la particularité de cette lame sont les sortes de "martelage".

Peut-être que Jean Santos saura nous expliquer la technique, même si j'ai le sentiment que ce n'est pas du domaine de la gravure mais de la forge?

J'ai hâte de lire les interventions des spécialistes....
Encore merci: grâce à toi je me régale dans un domaine où je ne connais strictement rien !

[quote="kirils"]

Peut-être que Jean Santos saura nous expliquer la technique, même si j'ai le sentiment que ce n'est pas du domaine de la gravure mais de la forge? [quote="kirils"]

Merci Kirils de nous présenter encore une belle pièce .

Je coïncide  avec toi pour ces motifs, ils me semblent bien avoir été faits à la forge.  A froid il aurait été très difficile de les faire si larges, ils ont du être frappés à chaud la lame étant posée sur l'enclume , le forgeron utilise ce genre de poinçons emmanchés pour éviter de se brûler les doigts :
https://www.michel-vaillant-forge.com/fr/307-poincons
Il fallait le placer au bon endroit pour dessiner le motif et frapper un coup sec au marteau pour repousser le métal chaud.
Le graveur est intervenu ensuite pour dessiner les guirlandes de rinceaux autour de ces motifs.

La gravure est classique à l'eau forte: les contours des lettres tracés à la pointe sèche et le centre de la lettre hachuré/gratté pour donner du contraste une fois la "morsure" à l'acide faite .

D'un côté l'inscription "VAINCRE OU MOURIR" a été laissée intacte , de l'autre côté par contre elle semble avoir été effacée en partie, je lirais "POUR D(IEU ?) & POUR LE ROI"  
Il faudrait le confirmer en comparant à des gravures sur une épée de cette époque qui soit parvenue intacte jusqu'à nous

Sur "ROI" il me semble distinguer quelques rayures qui ont pu être faites avec un "outil" style pointe en acier , mais l'acier de la lame devait être presque aussi dur que l'outil et ils ont renoncé

De toutes façons il serait resté à la fin les motifs "martelés" qui eux étaient trop profonds pour être effacés sans une bonne meule à eau;)   Il y en a un qui ressemble à la croix de la maison de Savoie , non ? Sur le biseau droit la photo est trop petite on a du mal à distinguer ces motifs .

Merci beaucoup pour ce nouvel enrichissement!!
En effet cette croix martelée fait penser à une croix de Savoie.....mais je ne sais pas si ce genre de motifs ne peut pas apparaître sur des armes d'origine différente (pour info c'est une lame de Solingen).

Bonjour,

Je souhaitais vous présenter un sabre d'officier de cavalerie sarde.
Le modèle de lame est assez commun dans ce domaine, mais je tenais à faire un focus sur la beauté et la qualité des gravures.
Je pense que l'on pourra me confirmer que ces gravures ont été faite à l'eau forte. J'aime ici le contraste entre le brillant de la lame et le côté mat obtenu grâce à l'acide.

Bien cordialement

Beau sabre encore une fois  Ta collection semble inépuisable ?

C’est de l'eau forte bien -sûr , mais d'un niveau de qualité digne d'un officier , si on compare la gravure à l'épée wallonne que tu avais montrée plus haut.
Ils ont dessiné les motifs au vernis et le fond a juste eu une morsure de courte durée , la gravure est peu profonde, plus discrète et elle apparaît plus contrastée lorsqu'on incline la lame pour que l'acier poli réfléchisse la lumière .

C'est "discret" et de bon goût, le dessin des motifs est très joli .C'est une lame qui vient de Solinguen ?

Je n'ai pas de photos de l'atelier de gravure de Solinguen , mais nous avons celles du musée de Klingenthal( http://www.klingenthal.fr/musee.htm) , comme les ouvriers avaient été débauchés de Solinguen leurs techniques et leurs outils étaient très semblables , on voit derrière les divers flacons qui contiennent les vernis et les acides :
http://www.klingenthal.fr/images/285_8561-bis.jpg
Sur cette photo que m'avait envoyée un copain qui visitait Klingenthal on voit un sabre qui vient d'êter gravé à l'acide et qui va être ré-travaillé avec les outils classiques , marteaux, burins , guilloches , souvent pour texturer les fonds et faire mieux ressortir la gravure :
Ce qui ressemble à une loupe verte sur pied est un "condenseur " de lumière pour éclairer le travail à partir d'une lampe à pétrole?  La loupe est à gauche sur l'établi:


Si on avait cherché un contraste maximum, la gravure aurait été dorée puis l'acier de la lame bleui au feu pour faire ressortir l'or.
Dans ce cas le dessin aurait été le négatif de celui qu'ils ont fait sur ton sabre sarde : ils auraient passé du vernis d'épargne autour des motifs et sur l'acier laissé à nu par le vernis , ils auraient passé l'amalgame or/mercure pour faire la dorure , sur le site de Klingenthal ils décrivent bien la méthode tirée d'un livre de Roseleur :
http://www.klingenthal.fr/dorure.htm

Bonjour,

Un grand merci Jean pour cette plongée dans le monde des graveurs (notamment la photo de l'atelier et tous ses détails.... )
Je lis toujours avec beaucoup d'attention tes commentaires avisés. Il me semblait que cette lame présentait des caractéristiques intéressantes de ce point de vue.

Malheureusement ma collection est bien limitée...même si j'ai quelques surprises encore, notamment une lame qui pourrait avoir été dorée à l'or....affaire à suivre....

Très bonne journée

Bonjour à tous, bonjour Jean,

Je reviens suite à ton explication concernant des lames dorées.
Je ne sais pas si la lame que je vais présenter ici entre dans cette catégorie? En tout cas c'est la seule que j'ai qui semble dorée à l'or.....
Pour info c'est un sabre d'officier de Bersagliers modèle 1855.

Merci d'avance
Bien cordialement

Oui c'est bien de la dorure au mercure telle qu'elle est décrite par Roseleur dans l'extrait publié sur le site de la maison de Klingenthal.
La couleur de ces dorures est très chaude, presque orangée , on ne peut pas la confondre avec des incrustations de fil d'or ou avec une dorure par éléctrolyse moderne  . Mais vu les risques d’intoxication dûs à l’évaporation du mercure , il y a longtemps que cette technique à été abandonnée . En France il me semble qu'il reste encore un ou deux doreurs qui sont autorisés à la pratiquer avec des hottes spéciales et la récupération du mercure, j'en avais vu un à la TV qui restaurait les bronzes dorés des chandeliers de Versailles .
Ton beau sabre de Bersagliers est donc "collector" .

En général les motifs sont dorés et le fond bleui ou bronzé  pour faire ressortir la dorure( traitements qui n'altéraient pas la couleur des motifs préalablement dorés). Comme sur cet exemple https://fr.empirecostume.com/images/1500/-37526.jpg
Sur ton sabre ils ont choisi l'option de dorer le fond : Ils ont dessiné les motifs en "ombres chinoises" et fait une morsure à l'acide pour creuser les fonds .
Une fois les fonds creusés ils l'ont sorti de l'acide et rincé  SANS OTER le vernis et ils ont passé l'amalgame or mercure sur les fonds suivi de l'évaporation au feu .
Au cours de cette chauffe le vernis devait fondre ( c'est fait à base de colophane, bitume de judée et essence de thérebentine)  laissant les motifs en ombre chinoise sur le fond fraîchement doré .
Il fallait alors repasser une couche de vernis sur la totalité de la lame et une fois sec , le graveur venait dessiner à la pointe sèche les détails intérieurs, par exemple les ombrages sur les drapeaux , le heaume, ou les plumes sur l'aigle des armes de la maison de Savoie.
Une fois ces dessins terminés il faisait la seconde morsure très rapide pour les creuser  et il pouvait enlever le vernis: La lame était terminée

Je pense que c'est le mode opératoire employé car s'ils avaient fait les dessins intérieurs lors de la première morsure, il aurait pu ensuite s'y glisser de l'amalgame et on verrait des traits dorés , alors que tous les traits intérieurs semblent sombres sur les photos .

Ton sabre a encore une belle fraîcheur pour ses presque 200 ans  Il a juste quelques traces d'oxydation sur les motifs, traces qu'il serait assez difficile d’enlever sans courir le risque de venir enlever la dorure des fonds .  Surtout dans la partie concave de la gouttière

Les précédents propriétaires l'ont bien senti et ils t'ont transmis une lame presque intacte à part ces légères oxydations . C’est encore  un bel exemple de ces techniques de gravure telles qu'elles étaient faites à Solinguen , Klingenthal ou Albacete  en Espagne .


En ce moment entre Nato et Kirils nous sommes gâtés pour ce qui est des armes blanches décorées, merci Messieurs  

Bonjour,

Jean c'est un plaisir de partager mes objets quand je vois qu'ils permettent des explications toujours passionnantes et enrichissantes.
Finalement il eut fallu dédier un sujet complet à la gravure.....

Bonne fin de semaine

LES AIGLES de SAVOIE SARDAIGNE et de PRUSSE

Juste pour accompagner le sujet , je redécouvre l'aigle Teuton du sabre de réserviste du régiment WATERLOO avec une croix sur le ventre , comme les aigles Piémontais ...

je vous le présente avec deux sabres d'officiers de marine Piémontaise dont les lames sont aussi largement gravées comme la belle de Kirils

Bonjour,
J avais déjà remarqué cette ressemblance troublante des 2 blasons. L aigle est vraiment un symbole récurrent. La croix également au final. Très intéressant de les mettre ainsi côte à côte, on voit qu au jeu des différences on en trouve quelque unes.
Bon dimanche

Bonjour,

Je souhaitais vous présenter une pièce rare, un très bel exemplaire de sabre d'officier de marine sarde, modèle 1819.

La lame de 75 cm présente encore un joli bleu, avec des gravures dorées typiques de cette époque, aigle de la maison de Savoie et inscription "Viva el re". C'est d'ailleurs à peu près à cette époque que les inscriptions se font en italien et non plus en français.

Ces modèles étaient initialement pour d'autres corps, comme l'artillerie, et ce sabre est rare par sa magnifique gravure sur la garde (ancre + croix de Savoie) ainsi que le reste d'ancre sur le bouton du fourreau (à noter que le cuir du fourreau n'est pas d'origine)

Nous voyons souvent passer des sabres d'abordage sardes modèle 1847, mais assez peu souvent des modèles plus anciens.

La marine Sarde fut créée en 1713 avec la possession de la Sicile, et maintenue après 1720 et l'échange de la Sicile avec la Sardaigne.
Après la restauration et l'acquisition de la région de Gênes, en 1815, le gouvernement sarde organisa de manière plus complète la marine. Cette marine se développa jusqu'à être la base de la future marine du Royaume d'Italie après 1860, avec celle du Royaume des Deux-Siciles.












Drapeau de la marine sarde :

Hello !
Comme d'habitude je suis absolument émerveillé par ces lames et tes présentations.
Je n'y connais toujours rien, mais j'essaie d'apprécier ces pièces à leur juste valeur. Merci !

C'est tout simplement magnifique

extraordinaire et bien plus..

Merci pour la présentation de ces lames superbes

J'aime beaucoup ces sabres sardes et je trouve que la gravure a beaucoup de 'fraîcheur" ça ne fait pas pmpeux .L'expression en Viva el Ré a une jolie calligraphie !  L'officier W. avait bon goût

Quelques détails techniques sur les gravures qui y figurent :
Sur la lame :
1 gravure à l'eau forte très classique en grattant le vernis pour écrire les lettres et motifs puis morsure dans l'acide
2 après gravure , pose d'un vernis d'épargne autour des motifs et des lettres pour délimiter de faççon nette les endroits où l'amalgame or/mercure allait être déposé.
3 Evaporation à chaud du mercure : Là il est possible qu'ils aient profité de cette phase pour donner en même temps cette couleur bleue .   Mais je n'en suis pas certain .  La couleur bleue a pu aussi être obtenue après la dorure , une fois la lame nettoyée.  La chaleur qui oxyde la lame pour donner ce bleu doit se situer autour de 310/320°

J'ai toujours été intrigué par leur technique , sur des lames de Klinghental on retrouve le même bleu ; Comme ils ne possédaient pas de four thermostaté pour régler pile poil la T° je m'étais demandé s'ils n'utilisaient pas un bain de plomb fondu ? Le bain en question aurait été à 330° pile et ainsi on était sûr d'avoir une couleur homogène .Cette couleur homogène aurait été très difficile à obtenir en chauffant la lame sur des braises .
Le seul détail qui ne colle pas c'est qu 330 c'est un bleu plus clair, c'est pour ça que pensais plutôt à 310/320° . A moins que le bain en question n'ait pas été en plomb pur mais fait avec un mélange Plomb/Etain .Cet eutectique aurait une température de fusion plus basse , et en dosant le pourcentage on devait pouvoir régler une température précise .



Si c'est cette technique qui a été utilisée , il était possible de faire le bleu après la gravure , puis de poser le vernis épargne et l'amalgame une fois le vernis sec.  Pour évaporer le mercure , pas besoin de monter au dessus de 300° , et en ré-chauffant la lame  avec une température en dessous de 300° on n'aurait pas altéré le bleu .
Il suffisait pour finir de nettoyer les restes de vernis d'épargne et de faire briller les zones fraîchement dorées au brunissoir par exemple.



Pour la gravure de l'ancre et de la croix de Savoie sur la coquille , il n'y a aucun doute : c'était fait au burin , on voit bien  les traces de l'outil et la gravure est bien plus profonde que celle de la lame. Sur le laiton ça se découpe facilement , sur la lame trempée ils n'auraient pas pu utiliser un burin.

L'ancre sur le bouton de la gaine c'est poinçonné . C'est ce qui va le plus vite pour marquer  
Il s'agit là d'un poinçon positif ou l'ancre s'enfonce dans le métal , mois on peut trouver aussi des poinçons négatifs ou le métal autour de l'ancre est enfoncé et l'ancre apparait alors en relief.


Le poinçon positif est un peu plus long à faire car il faut d'abord graver une matrice en acier qu'on trempe et on vient frapper dessus l'acier du futur poinçon pour qu'il prenne la forme de l'empreinte . On voit ici les deux types, négatif et positif :


Le poinçonnage est toujours stressant ...on n'a droit qu'à un seul essai, et si c'est tordu ...c'est tordu  
sur ce sabre sarde l'ancre est un peu tordue, mais c'est pas simple de frapper le poinçon sur une surface arrondie.

Pour les armes de Savoie et l'ancre de la coquille , il aurait été impensable de faire un poinçon : la surface du motif est trop grande et il aurait été quasi impossible de le frapper bien uniforme ...et qui plus est  sur une surface arrondie  

Voilà c'était le 1/4 d'heure technique du graveur, j'aime bien m’immiscer dans les présentations de Kirils qui présentent souvent des gravures particulières

Salut Jean !
Et merci pour ces précisions...très bien illustrées.

Merci à tous pour vos commentaires......je crains avoir dévoilé ma plus belle pièce, les prochaines risquent d'être bien ternes en comparaison.

Je tenais à rectifier une erreur de ma part : il est bien écrit "Viva il ré" et non pas "viva el ré".

Ensuite petite précision : le W au talon de la lame est une marque du fabriquant WEYERSBERG à Solingen.

Enfin Jean merci pour ces explications toujours très pointues; et vous avez bien raison d'utiliser comme support mes publications, c'est tout l'intérêt d'un tel forum, partager....et apprendre!!!

Au plaisir