fusils "Poupou" d'Afrique Noire (Côte d'Ivoire, en l'occurence)

J'ai hérité (indirectement, par une amie de ma chère Maman) il y a quelques temps, de 3 fusils "poupou", que j'avais déjà entr’aperçus il y a quelques années, et que j'ai pu prendre en main cette semaine;

Je n'ai pas pu les ramener à la maison (voyage en avion), mais j'ai tout de même pris quelques photos.

Étant peut-être "hors sujet", je voudrai savoir si cela intéresse quelques uns d'entre vous, avant de les poster ?

moi oui

'ai souvenir d'un de ces poupous ramené de Mauritanie par mon parrain alors militaire au sénégal (vers 1980), qui m'a longtemps fait rêvé (et d'un pseudo pistolet à silex pour touriste qui m'accompagnait lors de l'exploration de l'île au trésor (cad son jardin en banlieue parisienne...)

Moi aussi!

Zut, fausse manoeuvre...je viens d'effacer mon post...avec 16 photos

je recommence...

Puisque certains sont partant, je me lance


Tout d'abord, si vous le permettez, un petit historique (de ce que j'en connais, en tous cas) pour préciser l'origine de ces fusils "poupou":

Le propriétaire "d'origine" de ces armes était le descendant d'une  vieille famille de "colons" installé en Afrique "Noire" (comme on disait alors), en brousse, dans la région d'Abidjan, en Côte d'Ivoire, tout comme son épouse.

Il est venu s'installer dans le Sud de la France à la retraite, l'ambiance du pays n'étant plus à son goût, avec son épouse, devenue une amie de ma Chère Mère...

Lorsqu'il est décédé il y a quelques années maintenant, cette amie m'a donné une carabine Winchester 94 (j'en vois qui tendent l'oreille, tout d'un coup ) qu'elle ne souhaitait pas garder chez elle: il s'agit de la Winch 94 dont j'ai déjà parlé sur le forum "frère" WFL....une Winch 94 "contrat français" ramenée en Afrique par le père de cet homme, après la "Grande Guerre".

Cette arme a accompagné longtemps les "hommes de la famille" en brousse, à ce que l'on m'a dit (d'où son coté "fatigué" esthétiquement, mais la mécanique est en excellent état).

Il semble que ces armes aient été offertes par des "chefs" de village au "blanc" qui venait les visiter de temps à autres, (sur instructions des "pouvoirs publiques en place", à une certaine époque, avant guerre ? ou du fait de son métier , je n'ai que de vagues souvenirs de discussions qui datent...).

L'amie de maman est décédée à son tour récemment, et j'ai ainsi "hérité" de ces 3 fusils "poupou" que j'avais déjà aperçus à l'époque, (auparavant accrochés sur un mur du sous-sol, d'où les "traces blanches" que vous remarquerez sur certaines parties de ces armes, avant d'être "emballés" dans du papier journal et stockés dans une caisse).

Ces 3 fusils (si j'ose dire, je n'essayerai même pas de tirer "à blanc" avec.... ) sont "à percussion", et ont subi de nombreuses "réparations" à-priori; si les 2 premiers ont du "servir" à une époque, j'en suis moins sûr pour le 3ème ?

Je n'ai pas pu les ramener avec moi, cause déplacement en avion, mais j'ai pris quelques photos, en attendant mieux.

Je suis désolé pour leur qualité, mais l'éclairage n'était pas "top", et mon flash a systématiquement refusé de fonctionner...


Pour en revenir à ces "fusils", je les ai surnommé "poupou 1", "poupou 2" et "poupou 3"


Voici , pour commencer les photos de "poupou 1".

Vous noterez que la platine était "anciennement" "à silex" et convertie "à percussion".

Le "magnifique" marquage "LONDON" fait furieusement penser à une arme "de traite" que les européens distribuaient aux "indigènes", en Afrique ou ailleurs...

C'est le seul marquage que j'ai noté, même si à un moment il m'a semblait "voir" quelques "marques" au-dessus du marquage "LONDON", près de la base de la "cheminée"...mais à-priori, plutôt des traces de coups ???

L'arme est longue de 139,5 cm, et le diamètre du canon à la bouche est de 21,5 mm.

Elle est "lourde", et ressemble (vaguement) aux fusils "réglementaires" de l’époque du début du 19ème siècle (genre "Brown Bess ou autre "An IX", ce qui était bien fit pour plaire à ceux à qui ils étaient destinés


Poupou 1:

je vois qu'il manque la photo de la "contre-platine"...si on peut dire:

hello
ils sont usés jusqu'à la corde mais ils gardent un charme authentique .

Celui-ci (poupou 1) est le plus ancien, et sans doute le plus "usé".(Quoique "poupou 2" est très "usé" également).

Je pense qu'il a du "servir" jusqu'à n'être plus qu'une "relique", un souvenir d'un "ancien", et conservé à ce titre, jusqu'à ce qu'il soit "offert" en preuve d'amitié ou de "bonne volonté" ?

Demain, je vous posterai des photos de "poupou 2", toujours assez "rustique", et de "poupou 3" qui, lui, présente une ligne élancée, presque gracieuse, assez étonnante pour une arme de ce type; Manifestement une "copie" d'une "carabine légère" qui a dû "taper dans l'oeil" de l'artisan qui l'a fabriqué ?

cromagnon 07 a écrit:hello
ils sont usés jusqu'à la corde mais ils gardent un charme authentique .

Oui bien usés, mais quand même un côté sympa !

Sans vouloir pinailler je pense que le terme "Poupou" est impropre ;au moins pour "Poupou 1"
En effet les "poupous" sont des armes de fabrication locale africaine ,souvent avec des éléments de récupération divers relevant rarement de l'armurerie...
"Poupou 1" est selon moi un "Fusil de Traite" c'est à dire un fusil à trés bas coût réalisé en Europe;principalement à Liège; spécifiquement pour le marché africain* à partir d'abord de pièces récupérées sur les fusils militaires périmés des XVIII eme et début XIX eme puis jusqu'auX années 1960 (décolonisations) à partir de pièces réalisés de la manière la plus économique possible.
Dans les ex-colonies françaises africaines (AOF,AEF) tant par protectionnisme que par souci de sécurité ces armes ;je crois; n'étaient pas importées (ce qui ne veux pas dire qu'elles y étaient absentes...).
Les français préféraient y importer des armes (lisses) à cartouches dont ils controlaient
l'acquisition par les éléments jugés "sûrs" (Chefs de villages par exemple)

*J'abrège et je simplifie car le sujet est vaste et a été traité avec plus de talent par JR Clergeau (Cibles) et dans la regrettée revue belge AMI
@ plus

EKAERGOS a écrit:
Sans vouloir pinailler je pense que le terme "Poupou" est impropre ;au moins pour "Poupou 1"
En effet les "poupous" sont des armes de fabrication locale africaine ,souvent avec des éléments de récupération divers relevant rarement de l'armurerie...
"Poupou 1" est selon moi un "Fusil de Traite" c'est à dire un fusil  à trés bas coût réalisé en Europe;principalement à Liège; spécifiquement pour le marché africain* à partir d'abord de pièces récupérées sur les fusils militaires périmés des XVIII eme et début XIX eme puis jusqu'auX années 1960 (décolonisations) à partir de pièces réalisés de la manière la plus économique possible.
Dans les ex-colonies françaises africaines (AOF,AEF) tant par protectionnisme que par souci de sécurité ces armes ;je crois; n'étaient pas importées (ce qui ne veux pas dire qu'elles y étaient absentes...).
Les français préféraient y importer des armes (lisses) à cartouches dont ils controlaient
l'acquisition par les éléments jugés "sûrs" (Chefs de villages par exemple)

*J'abrège  et je simplifie car le sujet est vaste et a été traité avec plus de talent par JR Clergeau (Cibles) et dans la regrettée revue belge AMI
@ plus

Même analyse que toi...sauf que lâchement , j'ai attendu qu'un plus sachant que moi se jette à l'eau!!!

Oui, je vous rejoins, et j'ai d'ailleurs mentionné la piste du "fusil de traite", au vu de son apparence (et du seul "marquage" flatteur pour le "chef" ou l'indigène ayant acquis ou reçu en cadeau ce fusil).

Ce qui, pour moi, lui vaut son qualificatif de "poupou" sont ses multiples "réparations" pour le maintenir "en état" (on peut écrire ça ? ).

Je dois m'absenter, mais à mon retour, je posterai les photos de "poupou 2", voir "poupou 3", comme promis.

On attend avec impatience ami très cher !

Voici donc " poupou 2", qui s'est fait désirer

Il a (à mon avis) une allure un peu plus "moderne" que "poupou 1", tout en datant quand même.

Je n'ai pas trop compris à quoi pouvait bien servir le morceau de caoutchouc qui part du pontet, pour finir par une "rondelle" qui traverse la cheminée ,

est-ce qu'à l'origine cette "rondelle" servait de protection à l'amorce pour éviter une percussion accidentelle (et qu'elle a finit par se percer ?).

J'ai "un peu" essayer de "tester" l'élasticité du chien, et de le soulever, sans insister: c'est bien grippé. On verra plus tard.

Cette fois-ci, l'arme fait 123,5 cm de long, pour un diamètre de la bouche du canon d'environ 18mm. Le poids est toujours conséquent, mais plus léger que le précédent.



















































Cette fois-ci, on dirait bien une fabrication "artisanale" locale, à votre avis ?

Je pense que ces fusils devaient être "globalement" en meilleur état quand ils ont été offerts, mais que leur entreposage (ça se dit ?) ultérieur n'a pas dû être très soigneux (sans parler des conditions climatiques de l'Afrique...).


Je poste les photos de "poupou 3" (la "Demoiselle") dans le message suivant, dans un instant

les photos de Poupou 1 semblent accréditer l'idée qu'il a commencé sa vie comme "Traite Liégeois 1" avant de se voir affubler d'une crosse locale (la "menuiserie" herminette- racloir" ne donnant pas les mêmes résultats que les plus classiques "scie-ciseau-râpe"), ce qui justifie son nouveau nom de baptême après sa naturalisation africaine de fait...

effectivement, poupou 2 a vraisemblablement commencé sa vie en Afrique des mains d'un des très compétents forgerons locaux.
l'étude dimensionnelle du canon permet en général de s'en assurer assez vite... les forgerons africains ne forgeaient pas de canon. Il les fabriquaient à partir d'un matériau noble sourcé localement (souvent des barres de torsions creuses, prises sur des véhicules automobiles réformés...)
Un canon forgé (arme de traite européenne) aura en général un canon conique, avec une épaisseur des parois à la chambre beaucoup plus importante qu'à la bouche.
Un poupou a en général un canon plus cylindrique.

Oui.

Il faudra que je prenne des "mesures" plus précises et nombreuses quand j'aurai rapatrié ces petits (enfin, vu la longueur...) "Poupou" à la maison.

Je partage l'analyse de l'ami Freebird sur bien des points, mais je me demande tout de même si "Poupou 2" n'a pas été fabriqué avant que l'on ne trouve, en Afrique ou ailleurs, des "barres de torsion creuse" de véhicules "automobiles" .

Hypothèse pour le caoutchouc:
"bouchon" destiné à protéger la charge de poudre (toujours prêt à faire feu!). L'amorce étant placée au dernier moment. (& elle même protégée de l'humidité (énorme sous certains climats! & je parle pas de l’Écosse!), certainement dans un récipient dédié.)

Et pour conclure, voici "l'élégant" "Poupou 3", que j'ai presque envie de qualifier "d'élégante", au féminin donc, tellement cette "carabine" (?) semble gracile comparée à ses compagnons (ou "grands frères" ?).

A vous d'en juger.

A noter que, si la fabrication, et la "mise en bois" semble toujours assez fantaisiste, la gravure de la poignée pistolet est, elle, très bien réalisée (enfin, je trouve);

"Poupou 3" est grand (grande ?), avec une longueur de 133 cm, pour un diamètre à la bouche du canon de 109 mm environ.(mesure avec un "mètre-ruban métallique", donc la précision n'est certes pas au rendez-vous, mais je n'avais que ça sous la main...).

La fabrication est manifestement (? enfin, à mes yeux) plus récente que celle des 2 autres fusils, moins "rustique" en tous cas.


A vous de juger:












































A noter que ces fusils n'ont pas été offerts en même temps, mais à priori sur plusieurs générations (2 ou 3 minimum);

Il y avait un 4ème fusil, dont je ne garde pas grand souvenir l'ayant vu il y a quelques années maintenant, mais qu'un neveu de la famille a souhaité conserver "en souvenir", et que maman a donc (re)donné bien volontiers, c'est bien naturel.


Le plus intéressant me semble "Poupou 1" dans ce qu'il a été à l'origine un "fusil de traite", et qu'il rattache donc les 2 continents, Europe et Afrique.

Les autres sont des "curiosités", qui sont également intéressantes en tant que "témoignage" de la débrouillardise d'une population peu (voir pas du tout) "industrialisée", mais qui tente de pallier avec ses faibles moyens à son "retard" technique. Se protéger d'un animal "féroce" (ou plus prosaïquement, chasser) avec un "vieux fusil" vaut peut-être mieux qu'avec une sagaie  (qui ne doit pas être loin, de toute façon, en cas de défaillance de l'engin "moderne"   ) ?

Très sympa cette épopée des "Poupous"...le dernier est effet d'une facture....intéressante!

Oui, il m'a interpellé, par rapport aux deux autres !

Il est léger, fin, je dirai même élégant.

le dernier est d'une facture tout à fait typique des poupou africain, l'épaisseur du tube à la bouche, la taille du bois, le pontet, détente, etc... un article d'une gazette des armes des années 80 décrivait en une page et en image la fabrication de ces engins.

pour poupou 2, dans l'attente de dimension et d'une étude visuelle de ta part, je ne prendrais pas partie sur l'âge possible de la chose. je citais les barres de torsion en référence à l'article précédemment mentionné et à différentes autres sources sur les forgerons africains "modernes" quant aux matériaux de base utilisés. Ils avaient plus accès (et assez tôt dans le XXe siècle) à des pièces automobiles (mécaniques au sens large) de rebut qu'à des tubes de chauffage sous pression sans soudure...

oui, certainement;

J'ai moi aussi souvenir de cet article (ou d'un autre, sur le même sujet ?), qui va dans ton sens.

Nous en saurons plus (enfin disons que l'examen sera plus complet) quand j'aurai rapatrié ces "curiosités" à la maison.

Par contre, je ne sais pas quand !

Au fait, je pense les "dépoussiérer" un peu quand je les récupérerai...

jusqu'à quel point, à votre avis ?


En ce qui concerne les canons, pensez-vous qu'ils aient été "bronzés" ? peints ?

Je ne me suis pas trop posé la question sur le moment, tout à mes photos, mais c'est en les regardant maintenant que je me pose la question, au moins pour "Poupou 2" et "Poupou 3" ?