Les glaives - Part. III : Les glaives "hors catégorie"

Bonjour à toute la sacrée bande de paléo-collectionneurs !

Aujourd'hui, je vous propose le dernier chapitre de notre étude des glaives français.

Nous avons successivement étudiés le Sabre de Troupes à Pied Modèle 1831 d'une part, puis les sabres 1831 .

Cette fois, nous allons prolonger l'étude du thème et vous allez rencontrer des pièces aussi bizarres qu'improbables.

Commençons par ce sympathique machin :




Ça ressemble à un glaive "petit modèle", (et c'en est peut-être un) mais quand même, une poignée en corne entre un pommeau et une garde en laiton, ça sort de l'ordinaire.
D'autant que la poignée en question est creusée non pas de cordons, mais de ce qui ressemble à un canal à filigrane, exactement comme sur les sabres 1845 :



Les rouleaux de la garde sont décorés de fleurs. Là encore, c'est spécial.

Mais c'est pas tout (comme disait Bourvil en parlant de tactique et de gendarmes)
La lame vaut le détour, mais comme vous ne l'avez sans doute pas bien vu, voici des détails :








Désolé, mais c'est pas facile à photographier à cause des reflets.

La lame a été forgée avec double gouttière, mais surtout, elle a été gravée à l'acide sur 25 cm des deux côtés.
Malheureusement, l'acier a été fortement attaqué par la rouille.
Du coup, malgré la faible profondeur de la gravure, on peut encore admirer la délicatesse des dessins, faits de rinceau, de volutes encadrant un trophée d'armes avec canons, épées et lances.

Je termine sur cette pièce en vous donnant ses dimensions :



Qu'est-ce donc au final ?

Il est possible qu'il s'agit d'un "glaive" fait pour un officier de la Garde Nationale.
Ça peut aussi être l'arme de fonction d'un dignitaire civil, genre Conseiller Général, Procureur, etc ... ça coûtait moins cher qu'une épée.
Autre possibilité, ce serait une dague de vènerie faite sur le modèle et les dimensions du glaive "petit modèle".
On ne le saura sans doute jamais.
Reste une pièce intéressante et bien décorative.

Voila, ce sera tout pour ce matin.

À bientôt les amis.

Bonjour la foule !

Impressionné par le nombre de gars intéressés ...

Mais bon.

Voici un exemplaire à classer "hors catégorie" :







Difficile à interpréter, ce glaive porte une bonne lame 1831 complètement réglementaire signée Talabot sur une poignée lisse et dont la croisière a un profil tout à fait particulier. Pour ne rie dire de son fourreau et sa bouterolle tronquée.

Les dimensions :



Bref, un joli mouton à 5 pattes.
Possiblement le ré-emploi d'une lame 1831 sur une poignée "apparentée" ... un officier de la GN à la recherche de l'originalité ?
En attendant, vu le poids de la chose, ce ne peut pas être une dague de vènerie.

Mais, comme vous le verrez ultérieurement, j'ai d'autres "engins" tout aussi bizarres qui entrent dans le sujet.

D'ici-là, bon dimanche !

Jeppesen a écrit:Une petite "transformation" pour un emploi au "théâtre"...pour des pièces "classiques" du répertoire, genre Racine, Corneille ?

Salut Alain  

Dans le cas de ce dernier glaive, c'est assez peu probable au vu de son poids et du mal qu'on s'est donné pour sa poignée et son fourreau.

T'inquiète pas, sous peu, je vous présenterai un tel "accessoire de théâtre".

 merci de ces sympathiques retours i

C'est en effet une lame Mle 1831 de chez Talabot montée sur une poignée en laiton totalement hors sujet, mais qui présente quand même un air de ... de poignée de glaive !

Alors ... bricolage ou pas bricolage, c'est une bizarerie qui rentre dans la catégorie des glaives ... hors catégorie !

Mais attendez, vous n'allez pas être déçus.

Pour rebondir sur le côté "forge" de la chose, et j'espère que ça parlera à l'ami Freebird, voici des vues rapprochées du point de rivure de la soie sur la poignée :





Le gars qui a travaillé ce point de rivure a du métier : c'est net, bien centré, sans bavures !

C'est un peu ce côté "pro" qui me fait à penser à un travail d'arsenal ou d'un fourbisseur (forgeron) qualifié, et donc qu'il s'agit un glaive destiné à la G. Nationale.

Cependant, ce n'est que mon avis.

Sous Louis-Philippe et aux début du Second Empire, la GN était une milice formé de citoyens volontaires et soumis à l'impôt.
Les municipalités pourvoyaient à l'équipement réglementaire de la troupe, notamment les fusils, baïonnettes et sabres.
Il n'en n'allait pas de même pour leurs officiers, élus la plupart du temps et choisis souvent chez les notables locaux.
Ils devaient s'équiper à leurs frais, y compris pour leurs armes et une large tolérance était laissée dans ce domaine, sous la réserve que lesdites armes gardent un air de ressemblance avec les modèles de la troupe. Et encore, même pas tout le temps ni partout.

freebird a écrit:la soie en fer est rivetée dans bouton de rivure en bronze, le tout limé-poncé pour la finition. C'est effectivement propre.

Tu as comparé ce montage avec celui des glaive réglo?

Voici les points de rivure pris sur 3 glaives.

Un glaive Mle 1831, Talabot 1832 :


Un glaive 1831-52, Manuf Imp. de Châtellerault :


Un petit glaive anonyme :


Sur ces 3 armes, le point de rivure est différent de celui présenté par notre dernier glaive.
C'est fait sur un dôme assez haut, l'aplatissement de la soie est fait direct sur le pommeau, et on n'a pas de rondelle en cuivre ...

Un atelier privé ? Peut-être à l'étranger ?

Ma langue au minet le plus proche !    

À suivre.

Bonjour à tous.

Voici donc un bel exemplaire de "glaive 1831 petit modèle"
Comme ceux que j'ai présenté ici, ils ne se distinguent pas par leur poignée, mais par leurs lames.

Ici, une lame asymétrique à un seul tranchant, c'est donc un "petit glaive" de type III. Suivre ce lien.

Tout comme celui-ci, signé Coulaux - Klingenthal :


À très bientôt.

Bonjour les amis,

on va continuer notre parcours sur la piste des glaives hors catégorie.

Ce matin, en voici un et pas piqué des hannetons :



Ce n'est pas à proprement parler une rareté, mais il est pourtant assez peu rencontré.
Ce serait un "glaive d'administration type 1838"

On s'éloigne du glaive-type et sa poignée en laiton.
Ici, une poignée en corne noire serrée entre un pommeau hémisphérique et une croisière en laiton.
On remarque qu'il n'y a aucune ciselure ni cordons sur la poignée totalement lisse :



La lame est assez banale  bien que très longue - avec une arête centrale et 2 tranchants symétriques.



La lame porte une signature très connue sur les deux côtés.

Coulaux a... pour Coulaux Aîné et Cie, appellation de la Manufacture devenue privée, reprise par Julien Coulaux.
Cette appellation permet de dater le glaive entre 1838 et 1840. Ce qui colle avec sa désignation de "type 1838"



Klingenthal :


Les dimensions :



Conclusion.

Un glaive très particulier destiné à orner les fonctionnaires d'État et non l'Armée ou la GN.
Cela devait avoir l'effet de calmer les éventuels mécontents, et permettre que l'injonction "à la queue comme tout le monde" soit plutôt respectée. 150 ans après, tout a changé ...

Sur ces réflexions, je vous dis à bientôt et ... à la queue comme tout le monde !