Le Long Land Pattern Musket, ou Brown Bess de chez DP
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Le Long Land Pattern Musket, ou Brown Bess de chez DP
Bonjour à tous,
Il y a 3 semaines environ, je me suis enfin décidé à décrocher mon vieux Brown Bess du râtelier afin de le faire parler et de voir ce qu'il a dans le ventre. Quand on a pris sa retraite, on a un peu plus de temps.
Le fusil :
C'est une réplique italienne ancienne de chez DP, alias Pedersoli, poinçonnée AE, donc faite en 1980.
C'est même l'un des premiers vu son n° de série.
Il y a 7 ou 8 ans, j'ai déniché ce fusil à la bourse de Roissy en vue de tirer la discipline ADF Charleville.
Cette discipline (Miquelet chez FFTir) est une épreuve qu’on tire sur fusil réglementaire lisse à silex, origine ou réplique, balle ronde de plus de 13 mm, 13 coups tirés à bras francs à 50 mètres sur C200.
Sauf que je n'ai jamais mis le projet à exécution, et le fusil a eu le temps de ramasser la poussière.
Le voici de l'autre côté :
Voici une courte présentation du fusil.
En gros, le Long Land Pattern Musket est l'arme réglementaire de l'armée britannique entre les guerres d'indépendance américaines et les guerres de l'Empire. Il y aura aussi le Short Land Pattern, l'India Pattern et Sea Service Pattern.
Le fusil se caractérise par le fort diamètre de son canon : près de 19 mm. Certains auront même un canon de 21 mm !
Sa très lourde balle est particulièrement vulnérante, en particulier sur les chevaux.
Si le Brown Bess est une très bonne arme, il sera vite dépassé par les armes françaises des modèles 1763/66 et 1777.
En effet, le mode de fixation par goupilles de son canon à la monture est un archaïsme comparé au système de bracelets utilisé en France : sous l'effet des chocs et de l'infiltration de l'humidité, les goupilles prenaient du jeu.
La fixation de la baïonnette par une douille dépourvue de virole est dépassé.
Enfin, le chien à col de cygne finit toujours par casser, raison pour laquelle, à la fin des guerres de l'Empire, la British Army adoptera le chien à espalet (à cœur) apparu sur les armes françaises avec le 1766.
Quelques photos.
La platine, pièce de grande taille et le chien à col de cygne, ici à l'abattu, batterie ouverte .
Pedersoli a soigneusement copié les marquages de cette pièce.
GRICE 1762, le nom du fabricant et l’année de mise en service.
La couronne royale et le monogramme GR pour Georges Rex, désigne une arme en service réglementaire dans l’armée royale.
Chien à l'armé, batterie ouverte montrant le bassinet avec son retroussis et la lumière communiquant avec la charge :
Gros plan sur le chien montrant la finesse du col de cygne : c'est joli, mais c'est fragile.
Le silex est retenu entre les mâchoires du chien par une feuille de plomb formant mordache.
Le plomb est préféré au cuir car il ne risque pas de former des braises incandescentes et dangereuses lors de l'amorçage :
La face interne de la platine.
La plaque de platine est entièrement bouchonnée. On voit que le bassinet est pris de forge avec la plaque.
On remarque que la noix, sa bride et la gâchette ont été faites par microfusion.
Enfin, notons la différence de diamètre des deux vis de fixation, plus grosse à l’arrière.
La contre-platine très British :
La poignée porte une large pièce de pouce en laiton :
La crosse vue de gauche.
L’arrondi de la poignée se poursuit jusqu’à 10 cm de la plaque de couche assurant ainsi une forte surépaisseur. Le retour du busc permet d’y reposer la pommette afin de prendre la bonne visée :
Le busc de la crosse et le long retour de la plaque de couche :
L’embouchoir, la baguette et le premier canal de baguette.
Les 4 canaux tubulaires de la baguette sont assurés à la monture par 4 goupilles, à côté des 3 goupilles retenant le canon, plus l’axe de rotation du battant de bretelle.
Au dessus du canon, le tenon de baïonnette formant guidon :
Le battant de bretelle.
On voit aussi 2 petits canaux de baguette
La boucle à ardillon de tension de la bretelle.
Juste au dessus, on remarque l’axe de maintien du ressort de la baguette.
Le dernier canal de la baguette fixé au niveau du renflement de la monture formant, point d’appui pour la main gauche.
Afin de faciliter la prise de la main gauche, les concepteurs de l’arme ont prévu un renflement de la monture. Il se situe au niveau du dernier canal de baguette :
Le bout de la monture est protégé par un minuscule embouchoir en laiton. Ce dispositif restera en vigueur pendant plus de 100 ans sur les armes britanniques, mais aussi sur les fusils américains Springfield de la Civil War.
Cette vue montre le profil particulier des baguettes anglaises en tête de clou. On voit également bien le tenon de baïonnette allongé formant guidon :
Puisque nous l’avons citée, voici la « socket bayonet » du fusil.
On note l’absence de virole. À priori, c’est un point faible, car, au fur est à mesure des chocs, l’ensemble est susceptible de prendre du jeu. Ici, il s’agit d’une réplique, mais bien fidèle dans ses formes.
Elle mesure 54,5 cm de longueur totale, la lame fait 43 cm de long.
Enfin, avant de clore ce sujet, voici les marquages relevés sur la gauche du canon.
Ils sont frappés sur le côté gauche du canon de sorte de rester relativement discrets. Depuis une dizaine d’années, ces marques ont pris plus de place et sont frappés au dessus du canon de manière très visible. Volonté de lutter contre les bidouilles … ? Je ne sais.
De gauche à droite :
Le poinçon réglementaire d’épreuve de Gardone avec mention PN apposé sur toute réplique éprouvée à la poudre noire.
Le poinçon rectangulaire avec le code le l’année de production. Ici, AF pour 1980.
Le double poinçon de Gardone, l’étoile surmontant l’enclume.
La mention BLACK POWDER ONLY obligatoire sur toute réplique utilisant de la poudre noire.
Le poinçon de Pedersoli, avec le prénom DAV(id) sur une enclume stylisée.
La mention MADE IN ITALY
Le numéro de série du fusil.
On notera que le poinçon actuel de Pedersoli a été simplifié : désormais c’est un ovale contenant les lettres dp en minuscules.
Conclusion.
Un fusil impressionnant par sa taille, très élégant et bien équilibré.
Les essais à sec montrent qu’il allume parfaitement et mécaniquement, on sent que les ajustages ont été bien faits.
Cette réplique du Long Land Pattern Musket signée Pedersoli est toujours au catalogue, mais au prix de l’or, comme toutes les productions de la marque !
Par ailleurs, il semblerait que la marque se repose sur la réputation qu’elle possédait … il y a 45 ans.
Sous-traitants … exotiques, montages … pifométriques, marquages envahissants, etc … la qualité n’est plus ce qu’elle était encore jusqu’en 2000 - 2005. Depuis, il faut rester prudent.
C’est exactement pour ces raisons que j’ai saisi l’occasion de cette réplique des bonnes années.
Voila, ce sera tout pour aujourd’hui.
Dans un proche avenir, je viendrai vous parler du tir sur ce fusil.
À bientôt !
Il y a 3 semaines environ, je me suis enfin décidé à décrocher mon vieux Brown Bess du râtelier afin de le faire parler et de voir ce qu'il a dans le ventre. Quand on a pris sa retraite, on a un peu plus de temps.
Le fusil :
C'est une réplique italienne ancienne de chez DP, alias Pedersoli, poinçonnée AE, donc faite en 1980.
C'est même l'un des premiers vu son n° de série.
Il y a 7 ou 8 ans, j'ai déniché ce fusil à la bourse de Roissy en vue de tirer la discipline ADF Charleville.
Cette discipline (Miquelet chez FFTir) est une épreuve qu’on tire sur fusil réglementaire lisse à silex, origine ou réplique, balle ronde de plus de 13 mm, 13 coups tirés à bras francs à 50 mètres sur C200.
Sauf que je n'ai jamais mis le projet à exécution, et le fusil a eu le temps de ramasser la poussière.
Le voici de l'autre côté :
Voici une courte présentation du fusil.
En gros, le Long Land Pattern Musket est l'arme réglementaire de l'armée britannique entre les guerres d'indépendance américaines et les guerres de l'Empire. Il y aura aussi le Short Land Pattern, l'India Pattern et Sea Service Pattern.
Le fusil se caractérise par le fort diamètre de son canon : près de 19 mm. Certains auront même un canon de 21 mm !
Sa très lourde balle est particulièrement vulnérante, en particulier sur les chevaux.
Si le Brown Bess est une très bonne arme, il sera vite dépassé par les armes françaises des modèles 1763/66 et 1777.
En effet, le mode de fixation par goupilles de son canon à la monture est un archaïsme comparé au système de bracelets utilisé en France : sous l'effet des chocs et de l'infiltration de l'humidité, les goupilles prenaient du jeu.
La fixation de la baïonnette par une douille dépourvue de virole est dépassé.
Enfin, le chien à col de cygne finit toujours par casser, raison pour laquelle, à la fin des guerres de l'Empire, la British Army adoptera le chien à espalet (à cœur) apparu sur les armes françaises avec le 1766.
Quelques photos.
La platine, pièce de grande taille et le chien à col de cygne, ici à l'abattu, batterie ouverte .
Pedersoli a soigneusement copié les marquages de cette pièce.
GRICE 1762, le nom du fabricant et l’année de mise en service.
La couronne royale et le monogramme GR pour Georges Rex, désigne une arme en service réglementaire dans l’armée royale.
Chien à l'armé, batterie ouverte montrant le bassinet avec son retroussis et la lumière communiquant avec la charge :
Gros plan sur le chien montrant la finesse du col de cygne : c'est joli, mais c'est fragile.
Le silex est retenu entre les mâchoires du chien par une feuille de plomb formant mordache.
Le plomb est préféré au cuir car il ne risque pas de former des braises incandescentes et dangereuses lors de l'amorçage :
La face interne de la platine.
La plaque de platine est entièrement bouchonnée. On voit que le bassinet est pris de forge avec la plaque.
On remarque que la noix, sa bride et la gâchette ont été faites par microfusion.
Enfin, notons la différence de diamètre des deux vis de fixation, plus grosse à l’arrière.
La contre-platine très British :
La poignée porte une large pièce de pouce en laiton :
La crosse vue de gauche.
L’arrondi de la poignée se poursuit jusqu’à 10 cm de la plaque de couche assurant ainsi une forte surépaisseur. Le retour du busc permet d’y reposer la pommette afin de prendre la bonne visée :
Le busc de la crosse et le long retour de la plaque de couche :
L’embouchoir, la baguette et le premier canal de baguette.
Les 4 canaux tubulaires de la baguette sont assurés à la monture par 4 goupilles, à côté des 3 goupilles retenant le canon, plus l’axe de rotation du battant de bretelle.
Au dessus du canon, le tenon de baïonnette formant guidon :
Le battant de bretelle.
On voit aussi 2 petits canaux de baguette
La boucle à ardillon de tension de la bretelle.
Juste au dessus, on remarque l’axe de maintien du ressort de la baguette.
Le dernier canal de la baguette fixé au niveau du renflement de la monture formant, point d’appui pour la main gauche.
Afin de faciliter la prise de la main gauche, les concepteurs de l’arme ont prévu un renflement de la monture. Il se situe au niveau du dernier canal de baguette :
Le bout de la monture est protégé par un minuscule embouchoir en laiton. Ce dispositif restera en vigueur pendant plus de 100 ans sur les armes britanniques, mais aussi sur les fusils américains Springfield de la Civil War.
Cette vue montre le profil particulier des baguettes anglaises en tête de clou. On voit également bien le tenon de baïonnette allongé formant guidon :
Puisque nous l’avons citée, voici la « socket bayonet » du fusil.
On note l’absence de virole. À priori, c’est un point faible, car, au fur est à mesure des chocs, l’ensemble est susceptible de prendre du jeu. Ici, il s’agit d’une réplique, mais bien fidèle dans ses formes.
Elle mesure 54,5 cm de longueur totale, la lame fait 43 cm de long.
Enfin, avant de clore ce sujet, voici les marquages relevés sur la gauche du canon.
Ils sont frappés sur le côté gauche du canon de sorte de rester relativement discrets. Depuis une dizaine d’années, ces marques ont pris plus de place et sont frappés au dessus du canon de manière très visible. Volonté de lutter contre les bidouilles … ? Je ne sais.
De gauche à droite :
Le poinçon réglementaire d’épreuve de Gardone avec mention PN apposé sur toute réplique éprouvée à la poudre noire.
Le poinçon rectangulaire avec le code le l’année de production. Ici, AF pour 1980.
Le double poinçon de Gardone, l’étoile surmontant l’enclume.
La mention BLACK POWDER ONLY obligatoire sur toute réplique utilisant de la poudre noire.
Le poinçon de Pedersoli, avec le prénom DAV(id) sur une enclume stylisée.
La mention MADE IN ITALY
Le numéro de série du fusil.
On notera que le poinçon actuel de Pedersoli a été simplifié : désormais c’est un ovale contenant les lettres dp en minuscules.
Conclusion.
Un fusil impressionnant par sa taille, très élégant et bien équilibré.
Les essais à sec montrent qu’il allume parfaitement et mécaniquement, on sent que les ajustages ont été bien faits.
Cette réplique du Long Land Pattern Musket signée Pedersoli est toujours au catalogue, mais au prix de l’or, comme toutes les productions de la marque !
Par ailleurs, il semblerait que la marque se repose sur la réputation qu’elle possédait … il y a 45 ans.
Sous-traitants … exotiques, montages … pifométriques, marquages envahissants, etc … la qualité n’est plus ce qu’elle était encore jusqu’en 2000 - 2005. Depuis, il faut rester prudent.
C’est exactement pour ces raisons que j’ai saisi l’occasion de cette réplique des bonnes années.
Voila, ce sera tout pour aujourd’hui.
Dans un proche avenir, je viendrai vous parler du tir sur ce fusil.
À bientôt !
Dernière édition par St Etienne le Ven 14 Juil - 16:36, édité 3 fois (Raison : coquilles)
"J'aimerai que l'État descende de mon dos et sorte ses mains de mes poches" R. Reagan
St Etienne- Messages : 630
Date d'inscription : 03/12/2017
Localisation : Paris - Pays de Loire
Re: Le Long Land Pattern Musket, ou Brown Bess de chez DP
Très belle pièce (et toujours aussi bien présentée ).
Merci à toi, ça donne envie
Bons tirs (car je suis sûr que tu ne vas pas tarder àlui faire prendre le chemin du stand.... )
Merci à toi, ça donne envie
Bons tirs (car je suis sûr que tu ne vas pas tarder àlui faire prendre le chemin du stand.... )
TALLYHOO, TALLYHOO !
Jeppesen- Messages : 2833
Date d'inscription : 11/09/2017
Age : 75
Localisation : Haut de Seine (92)
Re: Le Long Land Pattern Musket, ou Brown Bess de chez DP
Hello !
Alors, j'attends tes impressions de tir.....
Alors, j'attends tes impressions de tir.....
Non nobis Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da Gloriam.
CLOSDELIF- Administrateur
- Messages : 9132
Date d'inscription : 07/01/2015
Age : 72
Localisation : Tarn
Re: Le Long Land Pattern Musket, ou Brown Bess de chez DP
Belle pièce tu va t'amuser avec sa doit faire presque un demi siècle que je tire avec le même qui a environ deux cent de plus
a+ je ne dirai pas vive l'empereur c'est anglais
a+ je ne dirai pas vive l'empereur c'est anglais
wagram- Messages : 447
Date d'inscription : 24/08/2018
Localisation : france
Re: Le Long Land Pattern Musket, ou Brown Bess de chez DP
cette arme est super bien faite , bravo le saint !
3008nato- Messages : 1512
Date d'inscription : 14/12/2015
vidocq80- Old Timer
- Messages : 3750
Date d'inscription : 20/01/2015
Age : 70
Localisation : HALLENCOURT 80
Re: Le Long Land Pattern Musket, ou Brown Bess de chez DP
Bonjour à toute la bonne bande de poudreux !
De retour avec le Long Land Pattern Musket pour aborder le tir.
Ma Doué ! On peux donc tirer avec ça !???! dit Monsieur Moyen
Oui. Et même qu'on tire très bien !
------
Bon, Monsieur Moyen a été évacué suite à un malaise, ça nous fera des vacances ...
Je disais donc, le tir au Brown Bess, c'est même très simple, comme on va voir.
Il nous faudra quelques ingrédients consommables :
- des balles rondes en plomb calibre 732 / 735
- des silex à la bonne dimension
- du pulvérin (PNF4 par exemple)
- de la poudre noire moyenne (PNF1 par exemple)
- de la semoule fine ou moyen
Il faut aussi ces quelques ustensiles :
- une baguette de chargement-nettoyage de taille adaptée avec embout cal 69.
- des tubes plastique pour les doses de poudre et de semoule.
- un bon tournevis à lame large, si possible poignée en té (pour le serre-pierre)
- une poire à pulvérin
- une épinglette en acier au bout d'une chaînette
- une petite brosse en laiton (pour nettoyer le bassinet et la batterie)
- une petite pince plate (pour refaire le tranchant du silex)
- une paire de lunettes de protection (Sauf si on porte des lunettes de vue)
Allez. Maintenant on explique.
Les balles sont issues d'un moule ad-hoc. Ici, un moule Pedersoli ref. 306-732.
Le moule est en acier, très simple à utiliser et donnant rapidement de belles balles :
La balle est au diamètre de 732 millièmes de pouces, ça donne un bon gros 18,59 mm :
La balle pèse son poids :
Je vais vous éviter les photos des différents bidons de poudre et autres paquets de semoule.
Mais si vous insistez ... ça pourrait se faire.
Pareil, tournevis, poire à pulvérin, etc ... vous visualisez ?
Ah, l'épinglette.
C'est indispensable ! Tout fusilier, tout grenadier, tout voltigeur, bref tout soldat en recevait une au bout d'une petite chaîne.
Elle sert à "épingler la lumière".
C'est à dire qu'on la plante dans la lumière jusqu'à entrer dans le tube.
Il s'agit avant tout d'empêcher les éventuelles crasses de boucher la lumière, mais aussi de créer un vide dans la (future) charge de poudre afin de favoriser son allumage.
La voici au bout d’un ex-anneau de goupille de grenade.
C'est un simple bout de fil de fer un peu épointé :
Si on est dans le projet de pratiquer la discipline Charleville (Miquelet) il faudra poser une cible C200 à 50 mètres.
Après avoir vérifié la position du silex et son serrage dans les mâchoires, après avoir déshuilé le tube, on va pouvoir charger l'arme.
C'est très simple.
Le chien est au demi-armé, la batterie est ouverte.
1 - On "épingle la lumière"
2 - on verse une charge de poudre dans le tube.
3 - on verse une dose de semoule dans le tube.
4 - on pose une balle dans le tube. Quand c'est propre, elle file direct au fond.
C'est ce qu'on appelle "le tir à balle roulante" car il n'y a pas de patch.
5 - on tasse la balle à coups de baguette pour la faire sonner clair, elle doit rebondir légèrement.
6 - on amorce en déposant une traînée de pulvérin dans le bassinet le long de l'épinglette, côté opposé à la batterie.
7 - on retire l'épinglette.
8 - on referme la batterie sur le bassinet.
9 - on arme le chien.
10 - on prend la visée ... mais il n'y a qu'un gros guidon carré, la-bas devant, loin au bout du canon ...
Sur cette arme, on aligne l'arrondi du haut du tonnerre avec le guidon et la cible.
Moi, je pointe la base du noir de la C200. Mais c'est moi avec mon fusil. Et ça rentre comme on le verra.
11 - on actionne la détente : clac-shhh-boum simultané !
Maintenir la position au lâcher demande un effort, mais c'est indispensable.
Si peu que ce soit, il y a toujours le risque d'un délai entre l'allumage de l'amorce et le départ du coup.
Voici un tir en photos :
Le départ du chien :
La batterie s'ouvre et donne ses premières étincelles :
Allumage de l'amorce :
Combustion de l'amorce, allumage de la charge.
On comprend l'utilité des lunettes :
La charge vient de tonner, la balle est déjà partie.
Le fusil relève un peu.
Une bonne bourrade bien virile, de la fumée.
Et des tonnes de sensations ... !
Aux résultats :
Il s'agit ici de ma deuxième séance à 50 mètres.
Le fusil me plaît énormément de par les sensations qu'il donne.
Il allume comme une arme à percussion, il est précis et ne fatigue pas et pourtant, 4 kilos au bout des bras.
Et le nettoyage est hyper simple : pas de rayures à récurer, c'est sympa.
Voila, je voulais partager cette expérience qui m'a rendu adepte de la discipline.
Car ces armes sont passionnantes à la fois belles, fonctionnelles et efficaces.
À bientôt les amis !
De retour avec le Long Land Pattern Musket pour aborder le tir.
Ma Doué ! On peux donc tirer avec ça !???! dit Monsieur Moyen
Oui. Et même qu'on tire très bien !
------
Bon, Monsieur Moyen a été évacué suite à un malaise, ça nous fera des vacances ...
Je disais donc, le tir au Brown Bess, c'est même très simple, comme on va voir.
Il nous faudra quelques ingrédients consommables :
- des balles rondes en plomb calibre 732 / 735
- des silex à la bonne dimension
- du pulvérin (PNF4 par exemple)
- de la poudre noire moyenne (PNF1 par exemple)
- de la semoule fine ou moyen
Il faut aussi ces quelques ustensiles :
- une baguette de chargement-nettoyage de taille adaptée avec embout cal 69.
- des tubes plastique pour les doses de poudre et de semoule.
- un bon tournevis à lame large, si possible poignée en té (pour le serre-pierre)
- une poire à pulvérin
- une épinglette en acier au bout d'une chaînette
- une petite brosse en laiton (pour nettoyer le bassinet et la batterie)
- une petite pince plate (pour refaire le tranchant du silex)
- une paire de lunettes de protection (Sauf si on porte des lunettes de vue)
Allez. Maintenant on explique.
Les balles sont issues d'un moule ad-hoc. Ici, un moule Pedersoli ref. 306-732.
Le moule est en acier, très simple à utiliser et donnant rapidement de belles balles :
La balle est au diamètre de 732 millièmes de pouces, ça donne un bon gros 18,59 mm :
La balle pèse son poids :
Je vais vous éviter les photos des différents bidons de poudre et autres paquets de semoule.
Mais si vous insistez ... ça pourrait se faire.
Pareil, tournevis, poire à pulvérin, etc ... vous visualisez ?
Ah, l'épinglette.
C'est indispensable ! Tout fusilier, tout grenadier, tout voltigeur, bref tout soldat en recevait une au bout d'une petite chaîne.
Elle sert à "épingler la lumière".
C'est à dire qu'on la plante dans la lumière jusqu'à entrer dans le tube.
Il s'agit avant tout d'empêcher les éventuelles crasses de boucher la lumière, mais aussi de créer un vide dans la (future) charge de poudre afin de favoriser son allumage.
La voici au bout d’un ex-anneau de goupille de grenade.
C'est un simple bout de fil de fer un peu épointé :
Si on est dans le projet de pratiquer la discipline Charleville (Miquelet) il faudra poser une cible C200 à 50 mètres.
Après avoir vérifié la position du silex et son serrage dans les mâchoires, après avoir déshuilé le tube, on va pouvoir charger l'arme.
C'est très simple.
Le chien est au demi-armé, la batterie est ouverte.
1 - On "épingle la lumière"
2 - on verse une charge de poudre dans le tube.
3 - on verse une dose de semoule dans le tube.
4 - on pose une balle dans le tube. Quand c'est propre, elle file direct au fond.
C'est ce qu'on appelle "le tir à balle roulante" car il n'y a pas de patch.
5 - on tasse la balle à coups de baguette pour la faire sonner clair, elle doit rebondir légèrement.
6 - on amorce en déposant une traînée de pulvérin dans le bassinet le long de l'épinglette, côté opposé à la batterie.
7 - on retire l'épinglette.
8 - on referme la batterie sur le bassinet.
9 - on arme le chien.
10 - on prend la visée ... mais il n'y a qu'un gros guidon carré, la-bas devant, loin au bout du canon ...
Sur cette arme, on aligne l'arrondi du haut du tonnerre avec le guidon et la cible.
Moi, je pointe la base du noir de la C200. Mais c'est moi avec mon fusil. Et ça rentre comme on le verra.
11 - on actionne la détente : clac-shhh-boum simultané !
Maintenir la position au lâcher demande un effort, mais c'est indispensable.
Si peu que ce soit, il y a toujours le risque d'un délai entre l'allumage de l'amorce et le départ du coup.
Voici un tir en photos :
Le départ du chien :
La batterie s'ouvre et donne ses premières étincelles :
Allumage de l'amorce :
Combustion de l'amorce, allumage de la charge.
On comprend l'utilité des lunettes :
La charge vient de tonner, la balle est déjà partie.
Le fusil relève un peu.
Une bonne bourrade bien virile, de la fumée.
Et des tonnes de sensations ... !
Aux résultats :
Il s'agit ici de ma deuxième séance à 50 mètres.
Le fusil me plaît énormément de par les sensations qu'il donne.
Il allume comme une arme à percussion, il est précis et ne fatigue pas et pourtant, 4 kilos au bout des bras.
Et le nettoyage est hyper simple : pas de rayures à récurer, c'est sympa.
Voila, je voulais partager cette expérience qui m'a rendu adepte de la discipline.
Car ces armes sont passionnantes à la fois belles, fonctionnelles et efficaces.
À bientôt les amis !
"J'aimerai que l'État descende de mon dos et sorte ses mains de mes poches" R. Reagan
St Etienne- Messages : 630
Date d'inscription : 03/12/2017
Localisation : Paris - Pays de Loire
Re: Le Long Land Pattern Musket, ou Brown Bess de chez DP
Toujours aussi spectaculaire les armes à silex!
Merci pour ce mode d'emploi détaillé.
Ca me fait penser que j'ai un 1777 asm qui ne demande qu'à parler
Merci pour ce mode d'emploi détaillé.
Ca me fait penser que j'ai un 1777 asm qui ne demande qu'à parler
Bagnoz- Messages : 366
Date d'inscription : 01/08/2022
Re: Le Long Land Pattern Musket, ou Brown Bess de chez DP
Retour d'expérience très sympa comme à chaque fois, merci
Citation de La Momie : "Vous n'aurez pas ma liberté de panser"...
Bébert
Membre UFA
bbrmque- Old Timer
- Messages : 741
Date d'inscription : 04/01/2015
Age : 50
Localisation : Guadeloupe
Re: Le Long Land Pattern Musket, ou Brown Bess de chez DP
Très beau ! Je note ;avec surprise; qu'au niveau diamètre/poids du projectile (18,6mm/37,5g) .....on est pile-poil dans les mensurations d'un calibre 12 !
EKAERGOS- Messages : 845
Date d'inscription : 02/03/2015
Re: Le Long Land Pattern Musket, ou Brown Bess de chez DP
Beau tir !
Perso, j'ai beaucoup tiré avec un An IX au calibre .69 un peu plus réduit mais, avec les mêmes sensations.
Mais, mon nouveau club et ses pièges à balles format C50, ne tolère pas le tir sur une C200.
Et ça me manque...
Perso, j'ai beaucoup tiré avec un An IX au calibre .69 un peu plus réduit mais, avec les mêmes sensations.
Mais, mon nouveau club et ses pièges à balles format C50, ne tolère pas le tir sur une C200.
Et ça me manque...
Lone Rider- Messages : 828
Date d'inscription : 08/03/2017
Age : 68
Localisation : Belgique
Re: Le Long Land Pattern Musket, ou Brown Bess de chez DP
Merci de vos retours.
Essayer ce type de fusil entraîne probablement une forte addiction...
Ta remarque vient à point pour me rappeler que je ne vous ai rien dit de la charge que j'utilise.
Je tire ma balle sur 4 grammes de PNF1, plus son équivalent en volume de semoule fine.
Il faudra sans doute peaufiner, mais ça restera dans ce devis de poids.
Certains tireurs passent leurs balles à la râpe à bois.
Le but est de provoquer des irrégularités afin d'augmenter artificiellement le diamètre de la balle et donc qu'elle reste mieux centrée dans le canon.
Pour rappel, les fusils lisses (du 17e au 19e siècle) ne tirent jamais une balle strictement au calibre, car l'encrassement naturel de la poudre noire empêchera de charger les coups suivants.
Il existe donc un écart de calibre, on appelle cet écart le "vent" de la balle.
À l'intérieur du canon, le "vent" - encore une fois absolument indispensable - va provoquer un phénomène de rebonds de la balle.
La balle va se déplacer dans le canon dans une suite de rebonds d'un bord à l'autre et finira par sortir selon l'angle du dernier rebond.
Ce phénomène permet de comprendre plusieurs points caractéristiques des fusils lisses.
1 - le canon va être construit à la plus grande longueur possible compatible avec la nécessité du chargement par des hommes plus petits qu'aujourd'hui.
Plus le canon sera long, plus longtemps la balle sera guidée, meilleure sera sa justesse.
Cependant, le tir reste relativement imprécis aux distances moyennes.
2 - la balle va se déplacer à une vitesse très élevée, car elle n'est pas ralentie par les frottements (pas de rayures). La Vo d'un fusil 1777-An IX est autour de 470 mètres par seconde.
Une telle Vo ne sera atteinte puis dépassée que dans les années 1860-70 par les fusils à chargement par la culasse de calibre réduit : le Chassepot, le Remington Egyptien par exemple.
3 - une telle vitesse combinée au poids du projectile donnera une énorme énergie à la balle. C'est pourquoi la pénétration des balles rondes était si forte, même à grande distance.
De cette suite de caractéristiques, on comprend mieux des schémas tactiques qui nous semblent tellement anachroniques.
Mais ceci est un autre débat, certes passionnant, mais qui sort du sujet.
Conclusion :
Le tir aux armes anciennes, c'est toujours UN ÉNORME PANARD !
À bientôt !
Essayer ce type de fusil entraîne probablement une forte addiction...
EKAERGOS a écrit:
Très beau ! Je note ;avec surprise; qu'au niveau diamètre/poids du projectile (18,6mm/37,5g) .....on est pile-poil dans les mensurations d'un calibre 12 !
Ta remarque vient à point pour me rappeler que je ne vous ai rien dit de la charge que j'utilise.
Je tire ma balle sur 4 grammes de PNF1, plus son équivalent en volume de semoule fine.
Il faudra sans doute peaufiner, mais ça restera dans ce devis de poids.
Certains tireurs passent leurs balles à la râpe à bois.
Le but est de provoquer des irrégularités afin d'augmenter artificiellement le diamètre de la balle et donc qu'elle reste mieux centrée dans le canon.
Pour rappel, les fusils lisses (du 17e au 19e siècle) ne tirent jamais une balle strictement au calibre, car l'encrassement naturel de la poudre noire empêchera de charger les coups suivants.
Il existe donc un écart de calibre, on appelle cet écart le "vent" de la balle.
À l'intérieur du canon, le "vent" - encore une fois absolument indispensable - va provoquer un phénomène de rebonds de la balle.
La balle va se déplacer dans le canon dans une suite de rebonds d'un bord à l'autre et finira par sortir selon l'angle du dernier rebond.
Ce phénomène permet de comprendre plusieurs points caractéristiques des fusils lisses.
1 - le canon va être construit à la plus grande longueur possible compatible avec la nécessité du chargement par des hommes plus petits qu'aujourd'hui.
Plus le canon sera long, plus longtemps la balle sera guidée, meilleure sera sa justesse.
Cependant, le tir reste relativement imprécis aux distances moyennes.
2 - la balle va se déplacer à une vitesse très élevée, car elle n'est pas ralentie par les frottements (pas de rayures). La Vo d'un fusil 1777-An IX est autour de 470 mètres par seconde.
Une telle Vo ne sera atteinte puis dépassée que dans les années 1860-70 par les fusils à chargement par la culasse de calibre réduit : le Chassepot, le Remington Egyptien par exemple.
3 - une telle vitesse combinée au poids du projectile donnera une énorme énergie à la balle. C'est pourquoi la pénétration des balles rondes était si forte, même à grande distance.
De cette suite de caractéristiques, on comprend mieux des schémas tactiques qui nous semblent tellement anachroniques.
Mais ceci est un autre débat, certes passionnant, mais qui sort du sujet.
Conclusion :
Le tir aux armes anciennes, c'est toujours UN ÉNORME PANARD !
À bientôt !
"J'aimerai que l'État descende de mon dos et sorte ses mains de mes poches" R. Reagan
St Etienne- Messages : 630
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Re: Le Long Land Pattern Musket, ou Brown Bess de chez DP
Merci pour tous ces détails....
Je suis admiratif !
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