Refaire les cartouches de 10,4 Vetterli et les tirer

Vous rappelez sans doute de ce beau Vetterli M78/81 que je vous avais présenté ici.



Très brièvement, j’avais présenté la balle ainsi que quelques étuis de 8 mm Lebel transformés.

Avant de parler cartouches et tir, je voudrais brièvement revenir sur la transformation de l’arme pour la percussion centrale.

La tête de culasse ayant été anciennement percée pile au centre, il me fallait confectionner le percuteur. Le principe est fort simple : c’est une tige arrondie à un bout et terminée par une partie plus large et plate. En gros : un clou.
Sauf que c’est un MINUSCULE clou long de 9 mm qu’il m’a fallu 'usiner' : étau et lime pour arrondir la pointe et … pour que la tête entre pile il fallait aussi limer les bords. Faire tout ça avec mauvais yeux et gros doigts ...

Voici le percuteur en question entre les pointes du percuteur d’origine qu’il fallait impérativement conserver vu qu’il prolonge la tige de percussion et sa noix :


Voici le percuteur sorti :



Bon.
Passons aux cartouches.

Je précise que grâce à Marc qui m'a mis sur le bon chemin, tout s'est bien déroulé !


Donc, je disposais d’étuis transformés à partir d’étuis de 8 mm Lebel (des PPU) et de 348 Winch.

Je les ai transformés de la même façon :
1 - couper les étuis à la disqueuse entre 40 et 42 mm (pas évident d’être précis)
2 - ramener la longueur au trimmer à 38,5 mm
3 - faire les passes de calibrage sur l'outil Lee

Voici un étui coupé au trimmer et à 2 stades de son calibrage. (Ici des 243 W)
L’opération, menée avec prudence sur des étuis graissés, se fait tout en douceur :


Après transformation (moins évidente avec les étuis ex-8 Lebel), j’ai pu charger la série.
3,92 grammes de PNF1, une tartine de graisse bleue bien connue (à la lavande) prise entre 2 rondelles de carton cible de 10 mm, une balle Lee cal 429 en 240 gr. aloxée.

Et ça donne ceci, les balles ont un très léger serti :


Muni de l’arme et de ses cartouches, direction le pas de tir 50 mètres de mon si sympathique petit club Sarthois.

Tir à 50 mètres d’abord pour étrenner le fusil, sa détente, les éléments de visée … et les cartouches :


On voit bien 3 choses
1 - ça rentre en cible.
2 - il faut décaler le tir vers la droite.
3 - il faut décaler le tir vers le bas.

Donc il faut déplacer le cran de mire à gauche (Il est monté sur queue d’aronde)
Mais le guidon est fixe et … le cran de mire le plus approchant est à 300 mètres. Contrevisée obligatoire.

Retour au club le surlendemain.
Mèmes cartouches, même charge.
Cette fois, je place la C50 à 100 mètres.
Voici le tir, le canon de l’arme posé sur un sac :


Ca se ballade un peu, ça manque de mise au point.
Je vais confectionner une série chargée à la suisse n°2.

J’en profite pour recharger les étuis tirés : nettoyage, désamorçage-calibrage, passage à l’Expanding-Die de Lee, sans quoi pas simple de disposer la balle en plomb.

Je précise que, lors de ces tirs, les étuis éjectent parfaitement, les différences de bourrelet - diamètre, épaisseur, profil - ont été ''avalées'' par monsieur Vetterli comme une raclette après l’entraînement commando.

À noter que les étuis ex-8 Lebel sortant de tir/calibrage présentent exactement le même profil bouteille que les 348 W, ils se sont moulés à la chambre :



Pour la mise au point de la cartouches (c’est l’objectif), très rapidement, voici quelques pistes :
- la poudre : F1, F2 ou S2 ?
- le plomb : pur ou durci ?
- la graisse : alox, graisse bleue ou graisse perso ?

Le problème du guidon trop bas.
Je vais voir avec mon fils s'il peut m’imprimer une ‘’prothèse’’ en 3d à placer au bout du canon … à voir.

Quand à mes cartouches, je regrette de les avoir coupées à 38,5.
Parce que, avec ma balle Lee, assez légère, mais aussi très courte, j’obtiens des cartouches longues de 53 mm. C’est trop court.
Le problème est que cela empêche d’alimenter depuis le magasin : la cartouche rentre bien dans le transporteur, mais avec le bourrelet de la suivante et ça coince.
Faut avouer, alimenter cartouche par cartouche un fusil à répétition …

sur ce fusil, il faut des cartouches à la longueur EXACTE de 55 mm. Ni plus ni moins.

Voila, en résumé, j’en suis déjà très content.
La transformation d’étuis modernes pour obtenir un étui ancien introuvable, c’est déjà une belle étape.

Pour le reste, à suivre comme on dit …

Bon dimanche post-canicule !

hello
pour un vieux fusil de guerre de cet age le résultat est déja bien encourageant
tu dois pouvoir progresser sans trop de peine pour bien le mettre au point après ce sera un véritable plaisir

Joli exposé, c'est toujours émouvant de réussir à faire s'exprimer une arme au calibre obsolète.

- la poudre : F1, F2 ou S2 ?

Si tu en disposes, je conseillerais la Suisse n°2. Chargée au drop tube au max de volume possible sans compression en laissant la place pour le grease cookie. (mon avis est toutefois biaisé, je n'ai plus utilisé la PNF2 depuis 1994, lorsque je suis passé à la S2 sur les conseils de C. Borie, et il parait que les PN françaises ont fait de réels progrès depuis)

- le plomb : pur ou durci ?

Aux vitesses atteintes, plomb pur si tu n'es pas certain que ta balle est d'un diamètre supérieur d'au moins 1/1000e de pouce au fond de rayure, et sinon faiblement durci (style 2% d'étain)

- la graisse : alox, graisse bleue ou graisse perso ? en plus du grease cookie, graisser généreusement les rainures de la balle avec une graisse adaptée à la PN (il n'y en a jamais trop), pas d'alox.

Enfin il me semble que la cartouche d'origine utilisait un projectile d'une masse plus élevée, qui pourrait également influer sur la précision et le point d'impact, canon et rayure étant adapté au projectile en question.

Excellent travail, et dont le résultat récompense bien les efforts accomplis: génial !

Bravo l'Ami, très content pour toi