Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
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Winchester 1866
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Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
Salut à toutes et à tous
J'ai longtemps hésité à rediffuser se sujet car vous êtes nombreux à l'avoir déjà vu. Il s'agit là d'une restauration complète qui à eu la chance d'avoir également un compte rendu intégral et comme j'ai écrit ce texte il me semblait dommage qu'il ne figure pas sur ce site.
La renaissance d’un
Smith & Wesson 44 Old Model Russian
( ex 8ème catégorie)
Ecrit par Averell
1. Genèse.
Tout a commencé par une rencontre fortuite entre Joerg, aujourd'hui décédé, un passionné de Smith & Wesson, un bricoleur passionné de restauration (Arpette, aujourd'hui Winchester 1866, ... ) et moi qui suis un revolver Smith & Wesson 44 Old Model Russian. Mes origines remontent à 1874 et j’ai subi les plus mauvais traitements au cours de ma longue vie. Mes nouveaux amis se proposent de me faire un lifting pour me donner une nouvelle jeunesse.
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Lorsque je suis sorti de la boite où l’on m’avait oublié, je n’étais pas en grande forme. L’ensemble de ma mécanique, que ce soit le système d’éjection de mes douilles, la rotation de mon barillet et son verrouillage, mes diverses vis, etc. …. tout avait été massacré. Dans le meilleur des cas mes pièces n’étaient pas du bon modèle, ou elles étaient bidouillées et plus rien ne fonctionnait. Mes vis du système ‘’American UN’’ étaient souvent remplacées par des vis du système ‘’ISO métrique’’ d’un diamètre non conforme. Mon canon de six pouces et demi, jugé trop long fut, il y a bien longtemps, coupé à quatre pouces et demi. Je trouve que ça me donne un petit air sympa. Un regret cependant, le travail a été fait par un sauvage et ma bouche devra être reprise en équerrage, lors des travaux de remise en état.
Au vu de tout cela, la décision a été prise. Je pouvais servir pour une tentative de remise en état en refaisant faire toutes mes pièces suivant la nomenclature d’époque et mes cotes d’origines. L’objectif étant de me redonner un look honorable et de me conduire si possible au stand de tir.
Je ne pouvais plus être un S&W 44 Old Model Russian anonyme, aussi je me ferai appeler ‘’Averell’’ par mon nouveau propriétaire. Tout comme l’Averell de Cossini est le fils préféré de Ma Dalton, sa mère, moi, Averell 44 Old Model Russian, je serai le bébé préféré de Joerg qui passera des nuits blanches à se languir en attente du jour où il pourra me conduire au stand de tir.
Dans un premier temps, toute la documentation possible sur mes pièces sera réunie. La meilleure référence sera le livre de David R. Chicoine ‘’Smith & Wesson Sixguns of the Old West’’.
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Des plans ou plutôt des croquis pour l’étude de la cinématique des pièces seront réalisés à chaque fois que le besoin s’en fera sentir. Il faudra également envisager que mes bonnes fées se procurent les petits tarauds au standard US ainsi que de l’outillage spécifique au fur et à mesure de leurs besoins. Le choix des aciers sera fait en fonction des possibilités du stock matière.
2. Mes travaux seront exécutés par tranches.
- Réalisation d’un nouveau ressort principal A38, celui que j’ai actuellement est trop mou.
- Réalisation de mon doigt de verrouillage de barillet type American premier et second modèle A28.
- Réalisation de ma nouvelle queue de détente A30
- Réalisation de mes ressorts A24 – A25.
- Réalisation d’un nouveau pontet A43, l’existant est cassé et les soudures ne tiennent pas.
- Reprise de mon système d’éjection avec la crémaillère A13, le ressort A10, le guide ressort A11, la bague de fixation A12 et sa vis de retenue A5.
- Modification et adaptation si possible de ma roue dentée existante A19 pour la rendre conforme à la nomenclature et fonctionnelle. Dans le pire des cas, il faudra la refaire. Réalisation de la bague A20
- Réalisation d’un nouveau doigt de verrouillage A17.
- Réalisation d’un nouveau doigt élévateur A35 avec son ressort A36.
- Ma plaque de recouvrement A39 flotte dans son logement, il faudra la refaire.
- Les trous de fixation de la plaque de recouvrement ont été agrandis et excentrés dans la carcasse A1. Il faudra les bouchonner et les repercer à leur place.
- La bouche de mon canon A2 devra être reprise en équerrage et chanfreinée sur les
sorties de rayures.
- Toutes les vis A5 – A16 – A23 – A26 – A 40 – A41 – A42 – A27 – A 46 devront être
refaites suivant la nomenclature et les cotes d’origine
- Cerise sur le gâteau, mon guidon sera remplacé par un nouveau guidon A3 usiné
dans une pièce d’argent ‘’one dime dollar - Seated Liberty 1837’’, comme cela se faisait
parfois à l’époque des desperados dont les Dalton faisaient partie.
- Ajustage de mon chien A32 avec ma carcasse A1 pour améliorer ma percussion.
- Ma cure de jouvence se terminera par un polissage et un bronzage général.
3. Les copeaux ou la renaissance de mes pièces
a - A33 Ressort principal (main spring).
Il existe deux types de ressort pour les revolvers S &W Russian simple action (SA) :
Un type courbé sur toute sa longueur qui a sa base plate, je le désigne du type « A » (c’est le mien). L’autre modèle, le type « B », a sa courbure localisée à la base, elle est peu prononcée. Ce ressort possède aussi à sa base un renflement.
Dans le type « A », on peut trouver des cotes différentes selon l’arme sur laquelle il est monté. Celui destiné aux American et Russian premier type (comme moi) est plus court de 2,54 mm que celui destiné au Schofield. Pour les Russians de deuxième et troisième type le ressort est différent, beaucoup plus long, plus étoffé il est également plus puissant.
Le type « B », destiné au revolver New Model N° 3 est le plus long de tous les ressorts de ce type. Ce n’est qu’un vague cousin éloigné, nous ne nous fréquentons pas car nous sommes trop différents.
Maintenant que Joerg m’a forgé ce nouveau ressort, mes départs seront francs et puissants. Aucune amorce ne doit me résister.
Je ne peux vous présenter que la photo de la pièce terminée car il n’était pas prévu d’écrire ce compte rendu opératoire et de le rendre public. Il en sera de même pour le doigt de verrouillage.
Pour les autres pièces une présentation ‘’Bù bù’’ (pas à pas), comme disent les chinois, sera faite.
Ce ressort est réalisé en XC75 et a reçu une trempe à l’huile suivi d’un revenu.
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b - A28 doigt de verrouillage de barillet (cylinder stop) type 1.
Sur ce type de revolver S & W à brisure, il est possible de trouver deux types de verrouillage de barillet :
Le type 1 est identique à celui utilisé sur les American premier modèle qui étaient en 44 SW.
Il est communément admis que ce modèle de verrouillage sera monté jusqu’aux revolvers de la série 20 000.
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A partir de la série 20 000 c’est un nouveau doigt de verrouillage plus simple et moins fragile qui sera créé : le type 2. Ce changement entrainera la modification du chien qui perdra la came de commande, ainsi que la modification de la queue de détente qui recevra une encoche pour la manoeuvre du doigt.
Selon les auteurs, cette modification pourrait se situer plus précisément entre les N° de série 18 634 et 19 175.
En conclusion, c’est à tort que j’ai été remonté avec un doigt de verrouillage type 2 car je suis un old Russian. Un nouveau verrouillage m’a été offert ce qui me rend plus conforme à mes origines car, si j’en crois mes marquages, je suis de la série 8 000.
Comme je l’ai dit plus haut, je ne peux vous présenter que des photos de la réalisation finale du doigt de verrouillage car malheureusement Joerg, mon nouveau propriétaire qui a réalisé cette pièce en XC75 trempé à l’huile et revenu, l’a fait sans prendre de photos intermédiaires.
c - A30 queue de détente (trigger)
Les 3 000 premiers revolvers Russian type 1, livrés pour le contrat Russe, ont été réalisés avec les pièces ‘‘standard’’ du modèle American. Ils ont une particularité par rapport aux livraisons suivantes, l’axe de la queue de détente type 1 fait Ø 2,5 mm. Par la suite, l’axe de la queue de détente type 1 puis celle de type 2 fera environ Ø 2,65 mm.
J’ai été équipé d’une queue de détente type 2 mais mon axe fait Ø 2,5 mm ; ce n’est pas bon et c’est anachronique car la type 2 n’apparaîtra qu’à partir du numéro de série
20 000. En toute logique, il fallait refaire cette pièce.
Elle a été réalisée en acier 42CDV12.
Il aurait été possible de la faire en 35CD4 ou en 100C6 ou autres. Alors pourquoi du 42CDV12 ? Réponse : parce que cette matière était disponible au stock. Elle se trempe bien, elle est ‘‘élastique’’ et n’est pas cassante, alors pourquoi pas ?
Pour cette pièce, il n’y a pas eu besoin de croquis, il y avait un modèle et la possibilité de comparer avec d’autres queues de détente. Toute la finition liée à la cinématique a été faite par mise au point et ajustage avec les différentes pièces du mécanisme. Avant de finaliser la zone d’accrochage avec le chien, un traitement local a été fait pour éviter les déformations liées aux efforts et frottements lors des essais. Il sera donc nécessaire de travailler à la lime diamant et à la pierre pour l’ajustage final.
Cette pièce est particulièrement délicate car elle peut être directement responsable, avec le chien, de départs intempestifs. C’est une pièce de sécurité. Sur la zone de contact avec le chien l’angle formé par les faces d’appui doit être parfait. Il doit être selon la nomenclature à ‘’ zéro’’ par rapport au chien ; en réalité, il faut une différence d’angle entre la face du cran du chien et la face de contact de la crête d’accrochage (queue de détente) de 2 à 3° pour éviter tout glissement dangereux. Un glissement provoquerait le départ du coup. La crête de la queue de détente doit se planter légèrement dans le fond du cran du chien. C’est la queue de détente qu’il faut ajuster au chien et pas l’inverse. Pour un bon départ, il faut effectuer un bon polissage et ne pas modifier ce contact. Un contact présentant un écart de 5 à 10°, s’il est meilleur pour la sécurité, aura pour inconvénient d’avoir une queue de détente qui accroche trop, qui gratte et qui nécessite un effort important pour déclencher le tir. Un angle donnant un contact sur le bord extérieur du cran du chien, aura l’effet inverse. Les départs ne seraient plus contrôlés, la détente serait trop douce le coup pourrait partir tout seul et je deviendrais dangereux.
Processus
Le processus de réalisation peut paraître surprenant à certains, toujours est-il que c’est celui qui a été utilisé et il a donné satisfaction.
Première étape, réalisation au tour d’une rondelle qui sera l’ébauche de départ.
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Il n’y avait que du rond au stock donc ce choix s’imposait.
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Après l’opération de tour, la rondelle est finie en épaisseur, terminée à la lime car il n’y a pas de rectifieuse dans l’atelier. Elle sera polie et cuivrée pour traçage.
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S’en suivront le perçage pour le passage de l’axe et enfin le traçage du profil suivant le modèle existant en prenant pour départ le diamètre de passage de l’axe.
Un faux axe a été réalisé pour tenir compte de la différence de diamètre entre le modèle Ø 2,65 et le Ø 2,5 percé pour la nouvelle pièce.
Le reste du travail de finition sera fait à la scie et à la lime.
Après la mise au point, la nouvelle queue de détente sera entièrement trempée, polie et bronzée, ce travail sera confié à Joerg.
En attendant j’ai reçu un léger bronzage surtout pour me protéger de l’oxydation car le temps humide, la température de l’atelier et les nombreuses manipulations ne se prêtent pas à une bonne conservation. Mon séjour à la clinique risque de durer.
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Voici côte à côte ma nouvelle queue de détente Averell type 1 (a gauche) avec l’ancienne qui était du type 2 (à droite).
A noter que l’ancienne était très usée et avait déjà fait l’objet d’une réparation par soudure. Cette réparation était à la limite de rupture.
Il est également possible de constater que le diamètre de perçage pour le passage de l’axe est plus petit sur ma nouvelle queue de détente type 1 pour Russian Old model Type 1. (Modèle de transition).
d - A24 Ressort doigt de verrouillage barillet (Cylinder stop spring) A25. Ressort de queue de détente (Trigger spring)
Ces deux ressorts ne posent pas de problème particulier pour leur fabrication. Ils ont été réalisés en clinquant XC75 pour le ressort du doigt de verrouillage A24 et en tôle bleue XC75 pour le ressort de queue de détente A25.
Leurs formes et dimensions, se trouvent facilement dans la documentation. Sans documentation ils sont faciles à réaliser en relevant les cotes sur l’environnement car ils sont encastrés.
Le seul point dont il faut tenir compte impérativement c’est le sens de laminage de la tôle. Un ressort à lame doit toujours être réalisé dans le sens du laminage de la tôle pour avoir le maximum d’élasticité et limiter ses risques de casse.
La puissance du ressort A24 se règle facilement en jouant sur le galbe du ressort ou éventuellement en jouant sur l’épaisseur de la tôle.
La puissance du ressort A25 a été réglée par affinage à la lime du point de contact avec la queue de détente, suivi d’un polissage
Actuellement, ils n’ont pas fait l’objet d’un traitement spécial et remplissent parfaitement leur fonction. Faudra-t-il les tremper ? Personnellement je ne le crois pas, la tôle XC75 recuite standard me semble suffisamment élastique pour ce type de fonction.
e - A43 Pontet (Triggerguard)
Selon les modèles, on peut trouver des armes avec un repose doigt et d’autres sans. Ce petit crochet, le repose doigt est bien pratique pour les cavaliers par exemple, lorsque l’on devait recharger son arme à cheval, il permettait de retirer son index de la queue de détente et de le poser dessus. A mon époque, il n’était pas encore apparu. Il apparaîtra à la demande des Russes avec mon petit frère : le deuxième modèle Russian.
C’était plus confortable, cela permettait un meilleur maintien de l’arme pendant le rechargement et évitait le départ d’un coup de feu accidentel, l’index ne se posant sur la queue de détente qu’au moment de faire feu. Il ne faut pas oublier que sur cette arme, la détente n’a ‘‘aucune’’ course, c’est un départ direct.
A cheval, il est préférable d’éloigner son doigt de la queue de détente. C’est vrai à cheval mais aussi dans tous les cas, le doigt ne se pose sur la queue de détente que lorsque le canon est face à la cible. C’est l’ABC de la sécurité.
Moi, comme je l’ai dit, mon pontet est sans repose doigt, il est du type 44 American et Russian premier modèle et je m’en porte très bien. Enfin je m’en porterais mieux s’il n’était pas dans l’état où il se trouve. Sur la photo vous pouvez voir combien il a souffert. Cassé en deux morceaux, probablement plusieurs fois ressoudé, mes divers dégagements taillés à la meule. Pour couronner le tout, il existe une cale de compensation dont je n’ai pas très bien saisi l’usage. C’est sans regret que j’ai l’intention de m’en séparer.
Processus
La première étape a consisté à prendre un pontet en bon état, à le photographier sous toutes ses coutures, et à faire des tirages papier avec un agrandissement maxi. On peut aussi partir de la photo d’une arme complète si elle est bien positionnée sur le document.
Cette technique est surtout valable pour retrouver les centres des rayons des diverses courbes.
La seconde étape fait appel à une règle mathématique qui a fait trembler et qui fait encore trembler des centaines d’écoliers à savoir : la fameuse règle de trois. On cherche des cotes connues et faciles à trouver
par exemple la longueur du pontet et sa largeur. Il suffit ensuite de mesurer précisément sur les photos la longueur et la largeur du pontet et de calculer le rapport d’agrandissement. On applique ensuite ce rapport à toutes les cotes relevées sur les photos ce qui permet de redessiner la pièce.
C’est comme cela, en l’absence de plan, que mes croquis d’étude ont été réalisés. Bien entendu les cotes trouvées ont été vérifiées et adaptées suivant mon vieux pontet (déformé), ma carcasse et mon ancienne queue de détente.
Cette technique a aussi permis de réaliser un calibre pour l’usinage de l’ajoure du pontet (ébauche visible en bas de la photo).
La troisième étape a été la réalisation de la gamme d’usinage, de la détermination des outillages nécessaires et du choix de la matière.
Les premiers problèmes commencent : pour les outillages, il faut entre autre, une fraise trois tailles à queue de diamètre 20 et une autre de diamètre 14. Il n’y en a pas donc : il n’y a plus qu’à …
Et ça continue, mon pontet devait être réalisé en acier mi-dur avec traitement à 110 Kg et il n’y avait pas de débit raisonnable dans le stock. Il sera donc fait en acier doux puis cémenté. Cette technique est satisfaisante mais cela complique le traitement.
Tout ça, ce n’est pas bien grave, les copeaux peuvent commencer.
Après avoir réalisé le parallélépipède de départ au fraisage, la mise à épaisseur a été terminée à la lime et polie. Il en a été de même pour le chant d’appui. (toujours pas de rectification rectiligne). La pièce est ensuite cuivrée pour traçage. (Voir première photo).
Le traçage préalable permet de donner une bonne indication des zones à usiner. Après le fraisage des dégagements et des rayons, le perçage et le taraudage des fixations seront réalisés sur la fraiseuse. L’un des trous est taraudé, l’autre est lamé. Le lamage sera réalisé par reprise au perçage.
L’opération suivante consiste à ajuster les rayons à la lime et à monter l’ébauche sur la carcasse pour vérification de l’ajustement et de l’entre-axe de perçage. Toujours pour information, à l’usinage, un traçage du passage de la queue de détente ainsi que du passage du doigt de verrouillage sera effectué.
L’usinage de l’ajoure se fera par alésage de plusieurs trous sécants.
C’est le moment de réaliser le calibre pour la finition de l’ajoure. Il sera fait en zinc. S’en suivra l’ébauche cylindrique de la forme intérieure. Ce travail est fait au porte meule à air avec fraises carbure et meules. C’était faisable à la lime mais c’est moins fatigant à la meule …
Enfin une des deux fraises est arrivée, celle de diamètre 20 mm, l’autre est toujours en attente. Il est possible désormais d’usiner le passage de la queue de détente.
Nouvelle vérification, le pontet ébauché est assemblé avec la carcasse pour la vérification du passage de l’ancienne queue de détente. Le montage se fait sans ressort de queue de détente pour bien vérifier les débattements.
Tout fonctionne, démontage et traçage du profil extérieur, constant à l’ébauche de l’ajoure. La fraise de Ø 14 mm n’est toujours pas arrivée. Tant pis, il faut avancer. Contourning au fraisage, en roulant, avec de petits problèmes de bridage mais ça passe.
L’ébauche du profil extérieur est faite à la meuleuse. Je précise qu’à ce moment tous les chants sont perpendiculaires aux faces, ils ne sont pas encore bombés.
La fraise de Ø 14 mm est arrivée. Il devient possible d’usiner le passage du ressort du doigt de verrouillage barillet.
Un nouveau montage sur la carcasse est nécessaire pour la vérification des volumes et du passage du ressort du doigt de verrouillage du barillet.
Dernière étape, l’usinage machine est terminé. C’est par une opération d’ajustage à la lime que la finition du pontet se fera. Le polissage ne sera pas poussé très loin, le pontet doit subir les traitements thermiques de cémentation et de trempe. Ces opérations seront réalisées par Joerg.
Je retrouve enfin un nouveau pontet et en attendant la cémentation et le polissage final, cette pièce recevra un léger bronzage pour la protéger contre l’oxydation.
f – A13 Crémaillère (Rack) A11 Guide ressort (Extractor spring) A10 Ressort (Rack screw) A12 Bague de fixation (Extractor collar) A5 Vis de retenue (Cylinder pin screw)
Mon système d’éjection est constitué d’une crémaillère reliée à l’étoile d’éjection située dans le barillet. Pour commander le déplacement de la crémaillère, j’ai une roue dentée immobilisée par un doigt à déplacement manuel.
Mon dispositif de verrouillage est spécifique du premier modèle, du second modèle et du 44 Russian. Nos cousins le troisième modèle et le 45 Schofield verront leur système de commande d’éjection simplifié, plus de crémaillère mais un doigt piloté par une came à la place de ma roue dentée et de ma crémaillère.
Ma crémaillère actuelle devrait être une crémaillère modifiée. C’est une pièce typique qui est apparue à partir du second modèle. Mon prédécesseur, le premier modèle, se plaignait d’une interférence entre la première dent de la roue dentée et la première dent de la crémaillère. Mes concepteurs ont donc décidé de modifier ma roue dentée et d’élargir la première gorge de ma crémaillère.
Comme vous avez pu le voir précédemment, les tourments de la vie ne m’ont pas épargné. Mon éjection n’a pas échappé au rafistolage général et se trouve actuellement dans un état lamentable.
J’ai été bricolé par le passé par quelqu’un qui méconnaissait totalement ma cinématique. Sans être comparée à une horloge, elle est quand même délicate et toute en subtilité. J’avais, avant de passer sur la table d’opération, un problème pour éjecter mes douilles, parfois je me bloquais ou parfois je n’éjectais qu’à moitié.
L’examen de mes pièces a mis en évidence que ma roue dentée n’était pas d’origine mais j’y reviendrai plus tard.
Ma crémaillère a été raccourcie et elle ne devait pas être vissée à fond pour compenser son raccourcissement. La bague de fixation n’avait pas la bonne largeur et profondeur de rainure pour permettre le passage de ma vis de fixation.
Qu’à cela ne tienne, Il fallait que cela rentre, une solution barbare fut trouvée et celui qui m’a charcuté dans le passé a diminué le diamètre du corps de ma vis pour rendre le montage possible ; c’est plutôt surprenant de transformer une vis en goupille. Un massacre je vous dis, je n’osais plus sortir, j’étais la risée de ma famille.
Pour finir, il m’avait rajouté une bague pour compenser la position de la fixation à cause du raccourcissement de la crémaillère. Après je me demandais pourquoi j’avais un gros problème de fonctionnement. Là, il va y avoir du travail pour tout remettre en ordre conformément à ma nomenclature et à mes pièces d’origines. Mon chirurgien a bon espoir et il y a du 34NCD4 en stock, ce sera parfait.
Processus
La première étape a consisté à analyser l’existant, rechercher toute la documentation possible et comparer pour comprendre les dysfonctionnements. Dans un premier temps, la roue dentée sera conservée mais j’en reparlerai plus tard. Les autres pièces irrécupérables seront toutes refaites.
A13 crémaillère (Rack)
Après la réalisation d’un croquis coté, dont les cotes sont relevées sur la carcasse, et aussi suivant la bonne méthode de la photographie comme pour le pontet, elles seront affinées par mise au point avec les pièces conservées. Ma crémaillère sera usinée avec filetage et taraudage US
Cette pièce ne présente pas de difficultés majeures à l’exception d’un outil de tour qui devra avoir un affutage spécial pour réaliser la crémaillère avec un module compatible.
Quatre ébauches avaient été prévues, la première pièce réalisée a permis de valider le croquis. Bilan négatif la pièce est à refaire, le module n’est pas bon. La forme de la denture non plus. La crémaillère est trop courte. Petite erreur de calcul et d’affutage d’outil, la seconde sera la bonne mais son mariage avec la roue dentée pose problème, on est à deux doigts du divorce.
A11 guide ressort (Extractor spring) A10 Ressort (Rack screw) A12 bague de fixation (Extractor collar) A5 vis de retenue (Cylinder pin screw)
La réalisation de ces pièces a été faite suivant plans et cotes d’origines issus de notre documentation. Pour le choix de la matière ce sera un acier mi-dur. Le guide ressort est une longue vis de diamètre 3.35 mm longue de 69.40 mm et filetée à 40 filets au pouce.
La vis de fixation fait 2.64 mm de diamètre, 8.76 mm de long et filetée à 46 filets au pouce.
Provisoirement le ressort sera un ressort standard adapté car mes amis bricoleurs n’ont pas encore envisagé de m’en faire un sur mesure Bon ! Je leur pardonne.
Pour la bague, la seule difficulté était le bon positionnement de la gorge pour le passage de la vis de fixation.
g - A19 Roue dentée (Gear) A20 Bague entretoise (Ratcher Bushing)
Après que ma crémaillère ait été refaite aux cotes d’origine, j’espérais avoir un bon fonctionnement d’éjection. Malheureusement, je ne sais pas si c’est par jalousie, mais ma roue dentée refusait toute collaboration avec son nouveau compagnon. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’une bouderie temporaire et que si l’on lui arrondissait les angles, retaillait un peu ses dents qui semblaient passablement déformées ou plus exactement mal taillées, ça pourrait fonctionner.
Je ne suis pas tout jeune et j’ai la mémoire qui flanche, mais après une analyse de la situation, je dus me rendre à l’évidence, on m’avait changé, dans le passé, ma roue dentée et celle que j’avais n’était qu’une bidouille taillée à coups de serpe. Son épaisseur n’était pas bonne et elle était compensée par deux cales en clinquant de quelques dixièmes d’épaisseur. Ma bague entretoise, pièce maitresse pour un bon fonctionnement en toute liberté, n’existait pas. Outre le fait que ma dentition était en ruine, j’avais beaucoup trop de jeu sur mon axe. Elle n’avait pas non plus le petit dégagement typique apparu dès le second modèle.
Dans un premier temps une tentative de récupération a été faite. Un alésage pour une bague entretoise fut usiné, légèrement excentré pour tenter de remodeler les dents. Une bague entretoise usinée suivant les cotes d’origine a été réalisée et la modification du second modèle a été appliquée.
Les résultats n’étant pas à la hauteur des attentes de mes amis, la décision fut prise : il me fallait une nouvelle roue dentée.
La matière sera du 42CDV12 pour ma roue dentée et de l’acier mi dur pour ma bague.
Processus
Tout a commencé par la coupe d’un rondin d’acier qui, après avoir été usiné au bon diamètre et ensuite tronçonné, sera usiné en épaisseur et alésé pour le passage de la bague entretoise.
La bague entretoise sera réalisée suivant les cotes données dans la documentation. S’agissant d’une pièce simple, elle ne fera pas l’objet d’une étude spécifique.
Il est bon de retenir que son usinage est précis et que son épaisseur doit être supérieure de 0,05 à 0,1 mm à l’épaisseur de la roue dentée pour que lors du montage, le serrage s’effectue sur la bague et permette à la roue dentée de tourner librement.
Pour la phase suivante, il était nécessaire d’avoir une fraise à tailler les pignons au bon module et il fallait réaliser un montage pour fixer l’ébauche de la roue dentée. Encore une fois, nous sommes confrontés au même problème, il n’y a pas dans l’atelier de fraise au bon module donc la solution rapide fut de fabriquer un ‘’Fly cutter’’ spécifique avec un outil à profil constant. Cette tête à cornes comme j’aime à l’appeler sera réalisé avec les moyens du bord.
Une rapide étude déterminera les deux positions du barreau d’acier rapide, avec un angle différent : une pour l’usinage de la mise en forme suivant le module de ce qui sera l’outil et l’autre position pour l’usinage de la roue dentée. Ces deux positions déterminent l’angle de dépouille.
L’usinage pourra commencer. La tête à cornes sera réalisée dans un morceau de bronze. Pourquoi du bronze ? C’est le premier morceau de métal aux bonnes dimensions qui trainait dans l’atelier et puis je trouve que le jaune lui va bien.
Pour l’outil, un barreau d’acier rapide 10 X 10 sera recuit puis usiné avec un angle d’orientation de 10°. Il sera ensuite trempé et monté à sa position de travail avec un angle d’orientation de 12° ce qui lui donnera une dépouille de 2° ce qui est suffisant.
Maintenant que nous avons un outil pour tailler les dents, il faut réaliser le montage pour l’ébauche de la roue dentée. Ce sera un axe avec un moyen de blocage par écrou.
Nous sommes prêts pour l’usinage. Dent par dent, sur la fraiseuse, les dents seront taillées avec un diviseur. L’outil génère de gros efforts aussi une cale sera mise en place pour résister aux vibrations car il n’y a pas de contrepointe dans l’outillage disponible.
Ma nouvelle roue dentée commence à avoir fière allure mais elle n’est pas terminée.
Les premiers essais sont prometteurs et je n’eus pas besoin de jouer les entremetteurs, lorsqu’elle fut présentée à ma crémaillère, c’est avec satisfaction que j’ai pu voir que le courant passait bien et qu’un mariage à terme serait envisageable. Mais laissons faire le temps, il y a encore du travail.
L’étape suivante allait être déterminante, il fallait positionner et déterminer la forme de l’encoche de verrouillage. Cette encoche qui va servir d’orientation et de blocage de rotation, influencera aussi les positions entrée et sortie de la crémaillère donc de la fermeture de l’arme et de l’éjection des douilles. L’opération sera réalisée à la lime.
L’usinage de ma roue dentée est terminé. En essai statique sans le doigt de verrouillage, les résultats sont satisfaisants. Il faut maintenant attendre le nouveau doigt de verrouillage pour les essais dynamiques.
h - A17 Doigt de verrouillage (Ratchet pawl)
Mon doigt de verrouillage actuel est dans la lignée de mon ex roue dentée, entièrement bricolé et mal ajusté. Il est impératif d’en faire un nouveau. Il est tout comme ma roue dentée, spécifique du premier modèle, du second modèle et du 44 Russian.
J’ai un petit problème au niveau de ma carcasse qui est dû à l’ovalisation, par usure, du trou de passage de l’axe de guidage du doigt. Ce petit défaut n’est pas rédhibitoire mais il compliquera par la suite
S’en suivront un ragréage de la brasure et une préparation pour l’usinage de l’encoche qui devra être en harmonie avec la roue dentée. La mise au point déterminera avec précision le moment de verrouillage.
Tous les points de contact devront être étudiés pour que le déplacement du doigt et son accrochage, se fassent dans de bonnes conditions. L’ovalisation dans la carcasse ne facilite pas la mise au point.
L’étape suivante consiste à rendre automatique le retour de l’étoile d’éjection des douilles. Pour cela il faut comprendre la cinématique de mon éjection.
Dans un premier temps lorsqu’on m’ouvre pour l’éjection, ma roue dentée est verrouillée par le doigt de verrouillage. Cela permet à ma crémaillère d’avancer et de sortir les douilles.
Lorsque ma crémaillère est à son maximum de sortie et que je suis complètement ouvert, l’extrémité de mon doigt de verrouillage vient en contact avec ma carcasse, ce qui le fait reculer et déclenche le retour rapide de ma crémaillère.
La dernière étape pour la réalisation de mon nouveau doigt de verrouillage sera le réglage et la mise au point de sa longueur.
Il faudra également trouver un ressort de rappel suffisamment puissant pour assurer le verrouillage, mais pas trop pour ne pas rendre inconfortable la manœuvre d’ouverture lorsque l’on ne veut pas éjecter les cartouches non tirées.
i - A35 Doigt élévateur (Hand) A36 Ressort du doigt élévateur (Hand spring)
Mon doigt élévateur était bien fatigué après un long service, sa pointe bien émoussée ne prenait plus les dents de l’étoile du barillet.
Quelques tentatives anciennes pour améliorer mon fonctionnement n’ont fait qu’aggraver mes dysfonctionnements.
Comble de l’hérésie, on l’avait amputé de toute sa partie basse. C’était méconnaitre totalement mon fonctionnement. Ce type de doigt est du type 2. Moi, mon mécanisme doit être du type 1 comme ma queue de détente, mon doigt de verrouillage barillet, mon chien et bien sûr ma carcasse au niveau du diamètre de l’axe de la queue de détente.
A l’état repos, j’ai un chien rebondissant qui, après avoir percuté la cartouche, recule et se trouve accroché en position par la queue de détente. Le béquet de la queue de détente vient en contact avec la base de mon élévateur pour le maintenir en contact sur l’étoile du barillet. L’ablation de cette excroissance rendait impossible son maintien en position avancée, d’où parfois des défauts d’entrainement en rotation du barillet.
Mon ressort fut également remplacé par un clinquant de 0.5 mm beaucoup trop faible pour donner la puissance nécessaire, et qui de plus ne tenait pas en place. Ce type de ‘’bricolage’’ peut convenir pour une cinématique classique type Colt, lorsqu’il est placé derrière le doigt élévateur et qu’il se contente de pousser le doigt. Moi, ma cinématique est beaucoup plus subtile, j’aime à me comparer à un mécanisme d’horlogerie.
Oui ! Je sais j’exagère un peu mais je suis tellement différent des autres que ça me flatte.
Considérant que ces deux pièces ne sont pas d’origine, et/ou trop massacrées, nous avons décidé de les remplacer par des pièces plus conformes à la nomenclature d’origine. C’est toujours le choix du 42CDV12 qui sera fait pour le doigt et pour le ressort, comme d’habitude, ce sera l’XC75.
Processus
A35 Doigt élévateur (Hand)
Première étape, après avoir coupé une ébauche dans un barreau d’acier, Il fallait usiner une rondelle avec une épaisseur précise qui sera relevée sur ma carcasse pour assurer un libre passage sans trop de jeu. Il en sera de même pour l’axe intégré.
Viennent ensuite les opérations d’usinage manuel. Compte tenu de la faible épaisseur et des formes spécifiques pour lesquelles nous n’avions ni modèle ni plan, l’opération à la scie et à la lime par ajustage et mise au point était préférable à un usinage au fraisage.
Seules les cotes de largeur et de hauteur ont pu être déterminées. Le reste de l’usinage manuel a été fait à la demande par ajustage ; c’est le fonctionnement ou le non fonctionnement qui déterminait les zones à retoucher.
Je ne vais pas décrire toutes les étapes de la mise au point. Ce qu’il faut retenir, c’est que chaque forme, que ce soit les plats, rayons et angles divers, répond à un besoin spécifique et a demandé un grand soin pour l’usinage.
Le premier doigt réalisé n’ayant pas donné entière satisfaction, il sera refait avec une forme plus dépouillée.
Après avoir effectué des réglages statiques, c'est-à-dire uniquement en maintenant le doigt en pression à la main, une autre phase délicate était à réaliser. Cela a consisté à usiner le plat d’appui pour le ressort.
Son angle d’orientation doit être usiné avec la plus grande précision. Trop fermé, la pointe de l’élévateur n’accrochera pas l’étoile du barillet, trop ouvert le ressort s’échappera et ne pourra pas redescendre l’élévateur en position repos.
Pour terminer, un plat sera usiné en bout d’axe, il servira de ‘’clé’’ pour faciliter le montage en aidant à bander le ressort lors de l’introduction de l’axe dans le chien, le ressort étant monté.
A36 Ressort du doigt élévateur (Hand spring)
Pour réaliser mon ressort plat avec son encoche de fixation, la solution choisie fût de l’usiner dans la masse. Un traitement de régénération pour réorienter les fibres, suivi d’un traitement thermique adapté, devrait donner suffisamment de
puissance et ne pas le rendre trop fragile. Il sera réalisé suivant les cotes de la documentation.
Première étape, découper une languette et l’usiner sur les six faces. S’agissant d’une petite pièce, le travail sera fait à la lime.
Deuxième étape, après avoir tracé la position de l’encoche de fixation, l’ébauche sera positionnée sur un ‘’martyre’’.
C’est un morceau de tôle de la même qualité que mon ébauche ressort. Il sera maintenant possible de percer ‘’entre cuir et chair’’ pour obtenir un demi-diamètre sur chaque élément.
Maintenant, il est possible d’usiner la forme extérieure.
Mon nouveau ressort est terminé. Il ne lui manque que le polissage et ses traitements thermiques comme pour toutes les pièces réalisées jusqu’à présent, mais ça, ce sera le travail de Joerg. Malgré cela il est déjà opérationnel.
j - A39 Plaque de recouvrement (Sideplate)
Ma plaque de recouvrement flotte dans le logement de ma carcasse, elle est complètement déformée. Cette pièce est pourtant un élément qui se doit d’être parfaitement ajusté, c’est un gage de qualité. Actuellement, avec toutes les améliorations qui m’ont été faites, j’ai le sentiment d’être habillé avec un vieux costume rapiécé. Ce qu’il me faudrait c’est un beau costard tout neuf fait sur mesure pour que je
puisse me montrer sans rougir, donc direction l’atelier. Lorsque j’aurai ma nouvelle plaque de recouvrement, je suis certain d’avoir un beau polissage suivi d’un bronzage qui me donnera une nouvelle jeunesse. Mais là c’est la fin de l’histoire. Commençons par le début. La matière sera de l’acier mi-dur.
Processus
Comme pour les autres pièces, après le choix de la matière idoine et les relevés de cotes, l’usinage par fraisage des six faces de l’ébauche a été réalisé.
Pour tracer le contour, un perçage a été fait, il correspond à la position de la vis de fixation principale car ce sera le point de centrage et de référence. Il est bien sûr du même diamètre que celui de la plaque d’origine et permet de se positionner et de centrer parfaitement sur A42 l’axe du chien (Hammer stud) vissé dans la carcasse.
Une pige de centrage a également été réalisée au tour, elle servira à centrer l’ébauche rectangulaire avec la plaque d’origine pour effectuer le traçage avec une pointe à suivre ainsi que l’ébauche de l’usinage du profil intérieur.
Le profil sera découpé à la scie à ruban et ajusté sur la carcasse à la lime.
La principale difficulté réside dans le fait que les chants ne sont pas perpendiculaires mais avec des angles précis et variables. Pour un bon mariage l’ajustage se fera par contact avec les portées contrôlées à la gouache bleue ; les anciens l’auraient fait au noir de fumée mais, soyons moderne.
Maintenant il faut tracer et usiner le profil et le galbe extérieur. Ébauche à la scie et finition du galbe à la lime. Pas de difficulté particulière.
Ma plaque de recouvrement est maintenant montée sur ma carcasse, il faut pour les deux dernières vis de fixation, percer les demi-trous de passage de tête de vis.
Cette opération est délicate, elle sera faite au fraisage. Mais au préalable, il faudra refaire les taraudages dans la carcasse A1 car les deux existants sont complètement détruits. Ils ont été retouchés et taraudés avec un pas métrique. L’un d’entre eux est en biais ce qui a eu pour conséquence un affaiblissement de la carcasse et une excentration du taraudage.
Pour terminer cette pièce, il reste à usiner le dégagement pour le passage de l’élévateur
et aussi me refaire deux vis neuves car, l’une n’est pas conforme avec son pas métrique et l’autre a sa tête massacrée.
Voila, je me trouve plus beau maintenant, je pourrais me montrer fièrement.
k - A1 Carcasse (Frame)
Lors du montage de ma nouvelle plaque, on constate qu’un taraudage est excentré par rapport à son lamage d’un millimètre au moins.
Pour en avoir la certitude, une pige filetée de contrôle sera réalisée au tour avec les cotes standard de la vis d’origine. Là, le défaut est mis en évidence et cette pige permet de constater également que le taraudage a été retouché
avec un pas métrique pour une vis standard iso. Il n’y a pas d’autre solution, il me faut, de nouveau, passer sur la table d’opération.
Processus
Les taraudages seront dans un premier temps percés pour être taraudés à M4.
Le taraudage se fera à la main sur la machine pour garantir la perpendicularité.
Le taraudage réalisé sera ensuite bouchonné avec un morceau de tige filetée légèrement maté et collé.
Une tige filetée standard étant réalisée dans un acier mi-dur, le choix d’un morceau de vis semblait mieux approprié car l’acier est plus dur.
Après séchage de la colle frein de filet, une opération de fraisage est réalisée pour araser le bouchon.
Maintenant il ne reste plus qu’à percer et à tarauder au diamètre 2,64 mm avec 46 filets au pouce.
L’opération a bien réussi, elle est presque invisible et le taraudage est de nouveau centré dans son lamage. Il faudra bien entendu refaire les vis de fixation pour les rendre conformes à celles d’origines.
l - A2 Canon (Barrel)
Comme j’ai eu l’occasion de le dire au début de ce cahier de souvenirs, j’avais à l’origine un canon de six pouces et demi et, comme cela se faisait souvent à l’époque, mon canon qui fut jugé trop long a été coupé à quatre pouces et demi. C’était beaucoup plus facile pour dégainer rapidement.
Je m’étais toujours demandé pourquoi lorsque mes divers propriétaires se battaient en duel, il n’arrivaient jamais à toucher leurs adversaires. La raison en était simple, mon canon a été coupé en biais, celui qui a fait ce travail était fâché avec les règles les plus élémentaires de la balistique. Et si, comme dit si bien Pascal, « il y a deux sortes d’esprit : L’esprit de géométrie et l’esprit de finesse », une chose est certaine, il ne devait en maitriser aucune.
Il faudra donc redresser la bouche de mon canon et réaliser un petit chanfrein de protection des sorties de rayures. Ce travail devrait améliorer mes performances en cible.
Processus
Pour vérifier l’équerrage de la bouche du canon, ou plus précisément l’équerrage de l’âme du canon avec la face de sortie de bouche, pour commencer, il faut réaliser une petite équerre spéciale.
Elle consiste en un disque avec un téton usiné avec précision au diamètre intérieur de mon canon. Ce téton est parfaitement perpendiculaire à la face du disque.
Première évaluation du défaut, lorsque l’on met le téton du marbre dans la bouche de mon canon, on constate un défaut d’équerrage de l’ordre d’un millimètre.
Il ne reste plus qu’à retoucher cette face. Faire le travail au tour était difficilement réalisable, donc la meilleure solution était le travail à la lime.
Comme toujours l’avancement du travail se fera en vérifiant avec une portée au bleu.
Pour obtenir une bonne finition et limiter l’opération de polissage, la finition est faite avec des limes diamantées très fines et le chanfrein sera réalisé avec une meule.
Les opérations de contrôle avec le marbre ont été réalisées avec beaucoup d’attention pour ne pas endommager les rayures. Il aurait été préférable d’utiliser un marbre en bronze ou en laiton bien qu’un peu mou, ce qui aurait été moins traumatisant.
m - A5 – A16 – A23 – A26 – A 40 – A41 – A42 – A27 – A 46 Vis (Screw)
Après toutes ces opérations de chirurgie esthétique, il était indispensable de refaire mes vis car nombreuses étaient celles qui avaient leur tête fortement endommagée par des années de montage et de démontage sans utilisation de tournevis appropriés. Cela me faisait de vilaines cicatrices. Certaines étaient de pâles copies au filetage métrique approchant.
Mes amis disposaient de la nomenclature complète des vis avec toutes leurs dimensions. Ça aurait été dommage de ne pas le faire.
Le processus ne présentant pas de difficulté particulière, il n’a pas fait l’objet d’un reportage photos.
n - A3 le guidon (Front Sight)
La cerise sur le gâteau
Après de longs mois de soins et d’attentions, j’ai retrouvé une nouvelle jeunesse. Je pensais pouvoir poursuivre mon chemin et rejoindre sans rougir les belles pièces de collection de mon nouvel ami Joerg pour un avenir que j’espère sans fin.
Je savais qu’Il me faudrait avant cela, partir en convalescence pour suivre quelques séances de thalasso et, après nombre de massages et de bains, je reprendrais une belle couleur.
C’était sans compter sur la volonté de mes amis de faire de moi un beau revolver de despérados. J’ai été nommé Averell ; je me devais d’être personnalisé comme ça se faisait parfois en cette fin de 19ème siècle tourmentée par les brigands les plus célèbres.
La solution choisie consistera à remplacer mon guidon A3 (Front sight) par un guidon issu d’une pièce d’argent de one dime (10 cents) datée de 1876, ce qui n’est pas anachronique car j’ai connu cette pièce dans ma jeunesse.
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Sur les revolvers type Top-break, Smith & Wesson, il existe deux types de guidon standard : Sur les tous premiers modèles, le guidon était forgé et usiné directement avec le canon ; par souci de simplification, il deviendra une pièce rapportée et fixée avec une goupille. À partir de 1907 on verra apparaître une nouvelle forme de guidon rapporté mais ça c’est pour ma descendance.
Processus
Première opération, dessouder et dévisser le guidon actuellement en place.
Là, surprise, le guidon n’était pas vissé, il y avait juste un trou lisse pour le passage de sa queue. Ce qui explique la raison pour laquelle il avait été brasé.
Un regret, une petite plage a été usinée probablement pour mieux ‘’assoir’’ le guidon sur le canon. Ce point devra être amélioré lors du polissage. Afin d’en minimiser les conséquences esthétiques.
Les opérations suivantes sont traditionnelles, elles ont consisté à repercer le trou existant, le tarauder, mettre un bouchon en tige filetée standard qui sera maté et brasé à l’argent.
Viendront ensuite la reprise de la face et la préparation pour l’usinage de la rainure destinée au nouveau guidon.
Le plus difficile reste à faire. Non pas l’usinage, mais il n’y avait pas dans l’atelier de fraise scie de diamètre 15 à 16 mm et d’épaisseur environ 1 à 1.5 mm. Il fallait aussi une fraise couteau de diamètre 1.5 mm pour faire une plage dans le rayon de la bande ventilée du canon et permettre ainsi le perçage du diamètre de goupille. Pour la fraise de 1.5 mm, il en été commandé trois en prévision d’un accident toujours possible avec de si petits diamètres ; ce fut facile d’en trouver et elles étaient diamantées.
Pour la fraise disque ou à queue de D 15 mm X 1 mm d’épaisseur, ce fut mission impossible. Il ne restait plus qu’à lancer un appel au secours sur un très bon forum d’usinage (usinages.com). Les réponses furent nombreuses pour dire que ce serait probablement introuvable tout en proposant des solutions de dépannage. Puis le miracle est arrivé, un ami Suisse ‘’Mekratrig’’ de Moyenmoutier a répondu à l’appel et offert généreusement la fraise recherchée. Grace à lui j’aurais mon nouveau guidon d’argent.
La fraise fut livrée rapidement, il ne restait qu’à lui réaliser une queue donc, direction le tour et usinage dans un morceau de stub XC95.
Maintenant les dés sont jetés, je vais passer sur le billard pour une première opération très délicate. J’avoue que j’appréhende un peu car on n’a pas le droit à l’erreur.
Après avoir été préparé, mon canon est convenablement allongé et calé sur la table de la fraiseuse.
Les constantes vérifiées et revérifiées (tiens, je parle comme mon chirurgien). En fait je voulais dire que les paramètres de contrôle : parallélisme et perpendicularité ont été vérifiés. Les copeaux commencent.
Ouf ! Ça s’est bien passé. Maintenant il faut usiner une plage avec la fraise de diamètre 1.5 mm dans le rayon. Première tentative, la fraise n’y a pas résisté. Vitesse trop faible, avance trop rapide ou tout simplement les deux à la fois, je ne le saurais jamais.
Heureusement il n’y a pas d’autre dégât.
Nouvelle fraise, nouvel essai et cette fois-ci c’est tout bon.
Maintenant on peut envisager le perçage de la goupille mais avant, il faut réaliser le guidon dans la pièce en argent, le monter et à ce moment seulement le perçage pour goupillage sera fait.
A3 le guidon (Front Sight)
Après avoir longuement réfléchi sur le meilleur secteur de la pièce à utiliser, celui qui me mettrait le plus en valeur, nous avons choisi la zone de la date.
L’autre morceau sera réservé pour éventuellement réaliser un autre guidon pour un cousin de ma génération.
Avant l’opération de traçage, il est nécessaire de déterminer la hauteur de dépassement du guidon. Cette opération se fera par calcul avec ce bon vieux Thales en considérant les longueurs du canon avant et après raccourcissement ainsi que le dépassement avant, ce qui nous donnera la hauteur après raccourcissement. Il est bien entendu impossible d’obtenir une valeur certaine pour garantir de faire des dix en cible. Il faudra jouer un peu avec la charge de poudre noire pour faire monter ou descendre le tir et/ou avec la contre visée.
La pièce est coupée en deux et la forme sera réalisée à la lime. Après ajustement, elle sera montée et goupillée.
La goupille sera réalisée dans du stub XC95.
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Maintenant je me sens vraiment Averell.
o - A32/A1 Débattement du Chien dans la carcasse
Ma cure de jouvence est terminée, mes amis m’ont refait une santé. Je suis prêt à défier le temps dès que j’aurais terminé ma convalescence et ma cure de thalasso pour avoir mes traitements et ma nouvelle livrée noire bleutée. Je suis certain que Joerg me prodiguera les meilleurs soins, les meilleurs massages en ‘’tiré de long’’ pour raffermir mes arêtes avec des abrasifs si doux que ma surface éblouira le soleil lui-même. Je me plais à rêver que viendront ensuite les séances de bronzage aux liqueurs anciennes, celles de ma jeunesse, et là je revivrais. Restera la dernière épreuve peut être, une séance de tir à la cible entre des mains expertes et autorisées.
Avant il reste encore une formalité, mon percuteur n’a pas un dépassement suffisant pour assurer une bonne percussion. Ça coince un peu aux entournures et mon chien vient en appui sur ma carcasse sur une zone qui n’est pas suffisamment dégagée.
La solution est toute simple, tordre une petite lime aiguille plate et retoucher une zone sur une sortie de rayon dans la carcasse. C’est une petite opération simple réalisée sans anesthésie.
La délivrance
Après des mois passés à la clinique, j’ai repris une nouvelle jeunesse. Mon lifting a fait disparaitre toutes ces années de mauvais traitement. Certes, il me reste quelques cicatrices liées à mon grand âge, mais l’essentiel a été sauvé. J’ai passé de longues journées au bloc opératoire, où les machines m’ont torturé pour mon plus grand bien ; en salle de réveil, patiemment on a finalisé ma mise au point pour parfaire mes ajustements. Je suis épuisé j’ai la mine défaite et le teint blafard. Il est urgent que je retourne au soleil du midi pour reprendre des couleurs
Ça y est, je suis chez moi. Les mains expertes de Joerg entreprennent de doux et longs massages pour gommer toutes les traces liées à mes diverses opérations.
Viennent ensuite d’autres traitements pour durcir mes pièces et aussi pour leur apporter une jolie couleur jaspée. J’ai eu également droit à une séance de bronzage qui a transformé mes guenilles en une magnifique livrée, telle que je la portais dans ma prime enfance entre les mains expertes de mon despérado préféré, Averell.
Merci d'avoir lu jusqu'au bout
Averell avec la participation de Joerg et Arpette Dan.
Un document PDF existe pour ceux qui sont intéressé passer en MP
J'ai longtemps hésité à rediffuser se sujet car vous êtes nombreux à l'avoir déjà vu. Il s'agit là d'une restauration complète qui à eu la chance d'avoir également un compte rendu intégral et comme j'ai écrit ce texte il me semblait dommage qu'il ne figure pas sur ce site.
La renaissance d’un
Smith & Wesson 44 Old Model Russian
( ex 8ème catégorie)
Ecrit par Averell
1. Genèse.
Tout a commencé par une rencontre fortuite entre Joerg, aujourd'hui décédé, un passionné de Smith & Wesson, un bricoleur passionné de restauration (Arpette, aujourd'hui Winchester 1866, ... ) et moi qui suis un revolver Smith & Wesson 44 Old Model Russian. Mes origines remontent à 1874 et j’ai subi les plus mauvais traitements au cours de ma longue vie. Mes nouveaux amis se proposent de me faire un lifting pour me donner une nouvelle jeunesse.
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Lorsque je suis sorti de la boite où l’on m’avait oublié, je n’étais pas en grande forme. L’ensemble de ma mécanique, que ce soit le système d’éjection de mes douilles, la rotation de mon barillet et son verrouillage, mes diverses vis, etc. …. tout avait été massacré. Dans le meilleur des cas mes pièces n’étaient pas du bon modèle, ou elles étaient bidouillées et plus rien ne fonctionnait. Mes vis du système ‘’American UN’’ étaient souvent remplacées par des vis du système ‘’ISO métrique’’ d’un diamètre non conforme. Mon canon de six pouces et demi, jugé trop long fut, il y a bien longtemps, coupé à quatre pouces et demi. Je trouve que ça me donne un petit air sympa. Un regret cependant, le travail a été fait par un sauvage et ma bouche devra être reprise en équerrage, lors des travaux de remise en état.
Au vu de tout cela, la décision a été prise. Je pouvais servir pour une tentative de remise en état en refaisant faire toutes mes pièces suivant la nomenclature d’époque et mes cotes d’origines. L’objectif étant de me redonner un look honorable et de me conduire si possible au stand de tir.
Je ne pouvais plus être un S&W 44 Old Model Russian anonyme, aussi je me ferai appeler ‘’Averell’’ par mon nouveau propriétaire. Tout comme l’Averell de Cossini est le fils préféré de Ma Dalton, sa mère, moi, Averell 44 Old Model Russian, je serai le bébé préféré de Joerg qui passera des nuits blanches à se languir en attente du jour où il pourra me conduire au stand de tir.
Dans un premier temps, toute la documentation possible sur mes pièces sera réunie. La meilleure référence sera le livre de David R. Chicoine ‘’Smith & Wesson Sixguns of the Old West’’.
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Des plans ou plutôt des croquis pour l’étude de la cinématique des pièces seront réalisés à chaque fois que le besoin s’en fera sentir. Il faudra également envisager que mes bonnes fées se procurent les petits tarauds au standard US ainsi que de l’outillage spécifique au fur et à mesure de leurs besoins. Le choix des aciers sera fait en fonction des possibilités du stock matière.
2. Mes travaux seront exécutés par tranches.
- Réalisation d’un nouveau ressort principal A38, celui que j’ai actuellement est trop mou.
- Réalisation de mon doigt de verrouillage de barillet type American premier et second modèle A28.
- Réalisation de ma nouvelle queue de détente A30
- Réalisation de mes ressorts A24 – A25.
- Réalisation d’un nouveau pontet A43, l’existant est cassé et les soudures ne tiennent pas.
- Reprise de mon système d’éjection avec la crémaillère A13, le ressort A10, le guide ressort A11, la bague de fixation A12 et sa vis de retenue A5.
- Modification et adaptation si possible de ma roue dentée existante A19 pour la rendre conforme à la nomenclature et fonctionnelle. Dans le pire des cas, il faudra la refaire. Réalisation de la bague A20
- Réalisation d’un nouveau doigt de verrouillage A17.
- Réalisation d’un nouveau doigt élévateur A35 avec son ressort A36.
- Ma plaque de recouvrement A39 flotte dans son logement, il faudra la refaire.
- Les trous de fixation de la plaque de recouvrement ont été agrandis et excentrés dans la carcasse A1. Il faudra les bouchonner et les repercer à leur place.
- La bouche de mon canon A2 devra être reprise en équerrage et chanfreinée sur les
sorties de rayures.
- Toutes les vis A5 – A16 – A23 – A26 – A 40 – A41 – A42 – A27 – A 46 devront être
refaites suivant la nomenclature et les cotes d’origine
- Cerise sur le gâteau, mon guidon sera remplacé par un nouveau guidon A3 usiné
dans une pièce d’argent ‘’one dime dollar - Seated Liberty 1837’’, comme cela se faisait
parfois à l’époque des desperados dont les Dalton faisaient partie.
- Ajustage de mon chien A32 avec ma carcasse A1 pour améliorer ma percussion.
- Ma cure de jouvence se terminera par un polissage et un bronzage général.
3. Les copeaux ou la renaissance de mes pièces
a - A33 Ressort principal (main spring).
Il existe deux types de ressort pour les revolvers S &W Russian simple action (SA) :
Un type courbé sur toute sa longueur qui a sa base plate, je le désigne du type « A » (c’est le mien). L’autre modèle, le type « B », a sa courbure localisée à la base, elle est peu prononcée. Ce ressort possède aussi à sa base un renflement.
Dans le type « A », on peut trouver des cotes différentes selon l’arme sur laquelle il est monté. Celui destiné aux American et Russian premier type (comme moi) est plus court de 2,54 mm que celui destiné au Schofield. Pour les Russians de deuxième et troisième type le ressort est différent, beaucoup plus long, plus étoffé il est également plus puissant.
Le type « B », destiné au revolver New Model N° 3 est le plus long de tous les ressorts de ce type. Ce n’est qu’un vague cousin éloigné, nous ne nous fréquentons pas car nous sommes trop différents.
Maintenant que Joerg m’a forgé ce nouveau ressort, mes départs seront francs et puissants. Aucune amorce ne doit me résister.
Je ne peux vous présenter que la photo de la pièce terminée car il n’était pas prévu d’écrire ce compte rendu opératoire et de le rendre public. Il en sera de même pour le doigt de verrouillage.
Pour les autres pièces une présentation ‘’Bù bù’’ (pas à pas), comme disent les chinois, sera faite.
Ce ressort est réalisé en XC75 et a reçu une trempe à l’huile suivi d’un revenu.
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b - A28 doigt de verrouillage de barillet (cylinder stop) type 1.
Sur ce type de revolver S & W à brisure, il est possible de trouver deux types de verrouillage de barillet :
Le type 1 est identique à celui utilisé sur les American premier modèle qui étaient en 44 SW.
Il est communément admis que ce modèle de verrouillage sera monté jusqu’aux revolvers de la série 20 000.
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A partir de la série 20 000 c’est un nouveau doigt de verrouillage plus simple et moins fragile qui sera créé : le type 2. Ce changement entrainera la modification du chien qui perdra la came de commande, ainsi que la modification de la queue de détente qui recevra une encoche pour la manoeuvre du doigt.
Selon les auteurs, cette modification pourrait se situer plus précisément entre les N° de série 18 634 et 19 175.
En conclusion, c’est à tort que j’ai été remonté avec un doigt de verrouillage type 2 car je suis un old Russian. Un nouveau verrouillage m’a été offert ce qui me rend plus conforme à mes origines car, si j’en crois mes marquages, je suis de la série 8 000.
Comme je l’ai dit plus haut, je ne peux vous présenter que des photos de la réalisation finale du doigt de verrouillage car malheureusement Joerg, mon nouveau propriétaire qui a réalisé cette pièce en XC75 trempé à l’huile et revenu, l’a fait sans prendre de photos intermédiaires.
c - A30 queue de détente (trigger)
Les 3 000 premiers revolvers Russian type 1, livrés pour le contrat Russe, ont été réalisés avec les pièces ‘‘standard’’ du modèle American. Ils ont une particularité par rapport aux livraisons suivantes, l’axe de la queue de détente type 1 fait Ø 2,5 mm. Par la suite, l’axe de la queue de détente type 1 puis celle de type 2 fera environ Ø 2,65 mm.
J’ai été équipé d’une queue de détente type 2 mais mon axe fait Ø 2,5 mm ; ce n’est pas bon et c’est anachronique car la type 2 n’apparaîtra qu’à partir du numéro de série
20 000. En toute logique, il fallait refaire cette pièce.
Elle a été réalisée en acier 42CDV12.
Il aurait été possible de la faire en 35CD4 ou en 100C6 ou autres. Alors pourquoi du 42CDV12 ? Réponse : parce que cette matière était disponible au stock. Elle se trempe bien, elle est ‘‘élastique’’ et n’est pas cassante, alors pourquoi pas ?
Pour cette pièce, il n’y a pas eu besoin de croquis, il y avait un modèle et la possibilité de comparer avec d’autres queues de détente. Toute la finition liée à la cinématique a été faite par mise au point et ajustage avec les différentes pièces du mécanisme. Avant de finaliser la zone d’accrochage avec le chien, un traitement local a été fait pour éviter les déformations liées aux efforts et frottements lors des essais. Il sera donc nécessaire de travailler à la lime diamant et à la pierre pour l’ajustage final.
Cette pièce est particulièrement délicate car elle peut être directement responsable, avec le chien, de départs intempestifs. C’est une pièce de sécurité. Sur la zone de contact avec le chien l’angle formé par les faces d’appui doit être parfait. Il doit être selon la nomenclature à ‘’ zéro’’ par rapport au chien ; en réalité, il faut une différence d’angle entre la face du cran du chien et la face de contact de la crête d’accrochage (queue de détente) de 2 à 3° pour éviter tout glissement dangereux. Un glissement provoquerait le départ du coup. La crête de la queue de détente doit se planter légèrement dans le fond du cran du chien. C’est la queue de détente qu’il faut ajuster au chien et pas l’inverse. Pour un bon départ, il faut effectuer un bon polissage et ne pas modifier ce contact. Un contact présentant un écart de 5 à 10°, s’il est meilleur pour la sécurité, aura pour inconvénient d’avoir une queue de détente qui accroche trop, qui gratte et qui nécessite un effort important pour déclencher le tir. Un angle donnant un contact sur le bord extérieur du cran du chien, aura l’effet inverse. Les départs ne seraient plus contrôlés, la détente serait trop douce le coup pourrait partir tout seul et je deviendrais dangereux.
Processus
Le processus de réalisation peut paraître surprenant à certains, toujours est-il que c’est celui qui a été utilisé et il a donné satisfaction.
Première étape, réalisation au tour d’une rondelle qui sera l’ébauche de départ.
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Il n’y avait que du rond au stock donc ce choix s’imposait.
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Après l’opération de tour, la rondelle est finie en épaisseur, terminée à la lime car il n’y a pas de rectifieuse dans l’atelier. Elle sera polie et cuivrée pour traçage.
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S’en suivront le perçage pour le passage de l’axe et enfin le traçage du profil suivant le modèle existant en prenant pour départ le diamètre de passage de l’axe.
Un faux axe a été réalisé pour tenir compte de la différence de diamètre entre le modèle Ø 2,65 et le Ø 2,5 percé pour la nouvelle pièce.
Le reste du travail de finition sera fait à la scie et à la lime.
Après la mise au point, la nouvelle queue de détente sera entièrement trempée, polie et bronzée, ce travail sera confié à Joerg.
En attendant j’ai reçu un léger bronzage surtout pour me protéger de l’oxydation car le temps humide, la température de l’atelier et les nombreuses manipulations ne se prêtent pas à une bonne conservation. Mon séjour à la clinique risque de durer.
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Voici côte à côte ma nouvelle queue de détente Averell type 1 (a gauche) avec l’ancienne qui était du type 2 (à droite).
A noter que l’ancienne était très usée et avait déjà fait l’objet d’une réparation par soudure. Cette réparation était à la limite de rupture.
Il est également possible de constater que le diamètre de perçage pour le passage de l’axe est plus petit sur ma nouvelle queue de détente type 1 pour Russian Old model Type 1. (Modèle de transition).
d - A24 Ressort doigt de verrouillage barillet (Cylinder stop spring) A25. Ressort de queue de détente (Trigger spring)
Ces deux ressorts ne posent pas de problème particulier pour leur fabrication. Ils ont été réalisés en clinquant XC75 pour le ressort du doigt de verrouillage A24 et en tôle bleue XC75 pour le ressort de queue de détente A25.
Leurs formes et dimensions, se trouvent facilement dans la documentation. Sans documentation ils sont faciles à réaliser en relevant les cotes sur l’environnement car ils sont encastrés.
Le seul point dont il faut tenir compte impérativement c’est le sens de laminage de la tôle. Un ressort à lame doit toujours être réalisé dans le sens du laminage de la tôle pour avoir le maximum d’élasticité et limiter ses risques de casse.
La puissance du ressort A24 se règle facilement en jouant sur le galbe du ressort ou éventuellement en jouant sur l’épaisseur de la tôle.
La puissance du ressort A25 a été réglée par affinage à la lime du point de contact avec la queue de détente, suivi d’un polissage
Actuellement, ils n’ont pas fait l’objet d’un traitement spécial et remplissent parfaitement leur fonction. Faudra-t-il les tremper ? Personnellement je ne le crois pas, la tôle XC75 recuite standard me semble suffisamment élastique pour ce type de fonction.
e - A43 Pontet (Triggerguard)
Selon les modèles, on peut trouver des armes avec un repose doigt et d’autres sans. Ce petit crochet, le repose doigt est bien pratique pour les cavaliers par exemple, lorsque l’on devait recharger son arme à cheval, il permettait de retirer son index de la queue de détente et de le poser dessus. A mon époque, il n’était pas encore apparu. Il apparaîtra à la demande des Russes avec mon petit frère : le deuxième modèle Russian.
C’était plus confortable, cela permettait un meilleur maintien de l’arme pendant le rechargement et évitait le départ d’un coup de feu accidentel, l’index ne se posant sur la queue de détente qu’au moment de faire feu. Il ne faut pas oublier que sur cette arme, la détente n’a ‘‘aucune’’ course, c’est un départ direct.
A cheval, il est préférable d’éloigner son doigt de la queue de détente. C’est vrai à cheval mais aussi dans tous les cas, le doigt ne se pose sur la queue de détente que lorsque le canon est face à la cible. C’est l’ABC de la sécurité.
Moi, comme je l’ai dit, mon pontet est sans repose doigt, il est du type 44 American et Russian premier modèle et je m’en porte très bien. Enfin je m’en porterais mieux s’il n’était pas dans l’état où il se trouve. Sur la photo vous pouvez voir combien il a souffert. Cassé en deux morceaux, probablement plusieurs fois ressoudé, mes divers dégagements taillés à la meule. Pour couronner le tout, il existe une cale de compensation dont je n’ai pas très bien saisi l’usage. C’est sans regret que j’ai l’intention de m’en séparer.
Processus
La première étape a consisté à prendre un pontet en bon état, à le photographier sous toutes ses coutures, et à faire des tirages papier avec un agrandissement maxi. On peut aussi partir de la photo d’une arme complète si elle est bien positionnée sur le document.
Cette technique est surtout valable pour retrouver les centres des rayons des diverses courbes.
La seconde étape fait appel à une règle mathématique qui a fait trembler et qui fait encore trembler des centaines d’écoliers à savoir : la fameuse règle de trois. On cherche des cotes connues et faciles à trouver
par exemple la longueur du pontet et sa largeur. Il suffit ensuite de mesurer précisément sur les photos la longueur et la largeur du pontet et de calculer le rapport d’agrandissement. On applique ensuite ce rapport à toutes les cotes relevées sur les photos ce qui permet de redessiner la pièce.
C’est comme cela, en l’absence de plan, que mes croquis d’étude ont été réalisés. Bien entendu les cotes trouvées ont été vérifiées et adaptées suivant mon vieux pontet (déformé), ma carcasse et mon ancienne queue de détente.
Cette technique a aussi permis de réaliser un calibre pour l’usinage de l’ajoure du pontet (ébauche visible en bas de la photo).
La troisième étape a été la réalisation de la gamme d’usinage, de la détermination des outillages nécessaires et du choix de la matière.
Les premiers problèmes commencent : pour les outillages, il faut entre autre, une fraise trois tailles à queue de diamètre 20 et une autre de diamètre 14. Il n’y en a pas donc : il n’y a plus qu’à …
Et ça continue, mon pontet devait être réalisé en acier mi-dur avec traitement à 110 Kg et il n’y avait pas de débit raisonnable dans le stock. Il sera donc fait en acier doux puis cémenté. Cette technique est satisfaisante mais cela complique le traitement.
Tout ça, ce n’est pas bien grave, les copeaux peuvent commencer.
Après avoir réalisé le parallélépipède de départ au fraisage, la mise à épaisseur a été terminée à la lime et polie. Il en a été de même pour le chant d’appui. (toujours pas de rectification rectiligne). La pièce est ensuite cuivrée pour traçage. (Voir première photo).
Le traçage préalable permet de donner une bonne indication des zones à usiner. Après le fraisage des dégagements et des rayons, le perçage et le taraudage des fixations seront réalisés sur la fraiseuse. L’un des trous est taraudé, l’autre est lamé. Le lamage sera réalisé par reprise au perçage.
L’opération suivante consiste à ajuster les rayons à la lime et à monter l’ébauche sur la carcasse pour vérification de l’ajustement et de l’entre-axe de perçage. Toujours pour information, à l’usinage, un traçage du passage de la queue de détente ainsi que du passage du doigt de verrouillage sera effectué.
L’usinage de l’ajoure se fera par alésage de plusieurs trous sécants.
C’est le moment de réaliser le calibre pour la finition de l’ajoure. Il sera fait en zinc. S’en suivra l’ébauche cylindrique de la forme intérieure. Ce travail est fait au porte meule à air avec fraises carbure et meules. C’était faisable à la lime mais c’est moins fatigant à la meule …
Enfin une des deux fraises est arrivée, celle de diamètre 20 mm, l’autre est toujours en attente. Il est possible désormais d’usiner le passage de la queue de détente.
Nouvelle vérification, le pontet ébauché est assemblé avec la carcasse pour la vérification du passage de l’ancienne queue de détente. Le montage se fait sans ressort de queue de détente pour bien vérifier les débattements.
Tout fonctionne, démontage et traçage du profil extérieur, constant à l’ébauche de l’ajoure. La fraise de Ø 14 mm n’est toujours pas arrivée. Tant pis, il faut avancer. Contourning au fraisage, en roulant, avec de petits problèmes de bridage mais ça passe.
L’ébauche du profil extérieur est faite à la meuleuse. Je précise qu’à ce moment tous les chants sont perpendiculaires aux faces, ils ne sont pas encore bombés.
La fraise de Ø 14 mm est arrivée. Il devient possible d’usiner le passage du ressort du doigt de verrouillage barillet.
Un nouveau montage sur la carcasse est nécessaire pour la vérification des volumes et du passage du ressort du doigt de verrouillage du barillet.
Dernière étape, l’usinage machine est terminé. C’est par une opération d’ajustage à la lime que la finition du pontet se fera. Le polissage ne sera pas poussé très loin, le pontet doit subir les traitements thermiques de cémentation et de trempe. Ces opérations seront réalisées par Joerg.
Je retrouve enfin un nouveau pontet et en attendant la cémentation et le polissage final, cette pièce recevra un léger bronzage pour la protéger contre l’oxydation.
f – A13 Crémaillère (Rack) A11 Guide ressort (Extractor spring) A10 Ressort (Rack screw) A12 Bague de fixation (Extractor collar) A5 Vis de retenue (Cylinder pin screw)
Mon système d’éjection est constitué d’une crémaillère reliée à l’étoile d’éjection située dans le barillet. Pour commander le déplacement de la crémaillère, j’ai une roue dentée immobilisée par un doigt à déplacement manuel.
Mon dispositif de verrouillage est spécifique du premier modèle, du second modèle et du 44 Russian. Nos cousins le troisième modèle et le 45 Schofield verront leur système de commande d’éjection simplifié, plus de crémaillère mais un doigt piloté par une came à la place de ma roue dentée et de ma crémaillère.
Ma crémaillère actuelle devrait être une crémaillère modifiée. C’est une pièce typique qui est apparue à partir du second modèle. Mon prédécesseur, le premier modèle, se plaignait d’une interférence entre la première dent de la roue dentée et la première dent de la crémaillère. Mes concepteurs ont donc décidé de modifier ma roue dentée et d’élargir la première gorge de ma crémaillère.
Comme vous avez pu le voir précédemment, les tourments de la vie ne m’ont pas épargné. Mon éjection n’a pas échappé au rafistolage général et se trouve actuellement dans un état lamentable.
J’ai été bricolé par le passé par quelqu’un qui méconnaissait totalement ma cinématique. Sans être comparée à une horloge, elle est quand même délicate et toute en subtilité. J’avais, avant de passer sur la table d’opération, un problème pour éjecter mes douilles, parfois je me bloquais ou parfois je n’éjectais qu’à moitié.
L’examen de mes pièces a mis en évidence que ma roue dentée n’était pas d’origine mais j’y reviendrai plus tard.
Ma crémaillère a été raccourcie et elle ne devait pas être vissée à fond pour compenser son raccourcissement. La bague de fixation n’avait pas la bonne largeur et profondeur de rainure pour permettre le passage de ma vis de fixation.
Qu’à cela ne tienne, Il fallait que cela rentre, une solution barbare fut trouvée et celui qui m’a charcuté dans le passé a diminué le diamètre du corps de ma vis pour rendre le montage possible ; c’est plutôt surprenant de transformer une vis en goupille. Un massacre je vous dis, je n’osais plus sortir, j’étais la risée de ma famille.
Pour finir, il m’avait rajouté une bague pour compenser la position de la fixation à cause du raccourcissement de la crémaillère. Après je me demandais pourquoi j’avais un gros problème de fonctionnement. Là, il va y avoir du travail pour tout remettre en ordre conformément à ma nomenclature et à mes pièces d’origines. Mon chirurgien a bon espoir et il y a du 34NCD4 en stock, ce sera parfait.
Processus
La première étape a consisté à analyser l’existant, rechercher toute la documentation possible et comparer pour comprendre les dysfonctionnements. Dans un premier temps, la roue dentée sera conservée mais j’en reparlerai plus tard. Les autres pièces irrécupérables seront toutes refaites.
A13 crémaillère (Rack)
Après la réalisation d’un croquis coté, dont les cotes sont relevées sur la carcasse, et aussi suivant la bonne méthode de la photographie comme pour le pontet, elles seront affinées par mise au point avec les pièces conservées. Ma crémaillère sera usinée avec filetage et taraudage US
Cette pièce ne présente pas de difficultés majeures à l’exception d’un outil de tour qui devra avoir un affutage spécial pour réaliser la crémaillère avec un module compatible.
Quatre ébauches avaient été prévues, la première pièce réalisée a permis de valider le croquis. Bilan négatif la pièce est à refaire, le module n’est pas bon. La forme de la denture non plus. La crémaillère est trop courte. Petite erreur de calcul et d’affutage d’outil, la seconde sera la bonne mais son mariage avec la roue dentée pose problème, on est à deux doigts du divorce.
A11 guide ressort (Extractor spring) A10 Ressort (Rack screw) A12 bague de fixation (Extractor collar) A5 vis de retenue (Cylinder pin screw)
La réalisation de ces pièces a été faite suivant plans et cotes d’origines issus de notre documentation. Pour le choix de la matière ce sera un acier mi-dur. Le guide ressort est une longue vis de diamètre 3.35 mm longue de 69.40 mm et filetée à 40 filets au pouce.
La vis de fixation fait 2.64 mm de diamètre, 8.76 mm de long et filetée à 46 filets au pouce.
Provisoirement le ressort sera un ressort standard adapté car mes amis bricoleurs n’ont pas encore envisagé de m’en faire un sur mesure Bon ! Je leur pardonne.
Pour la bague, la seule difficulté était le bon positionnement de la gorge pour le passage de la vis de fixation.
g - A19 Roue dentée (Gear) A20 Bague entretoise (Ratcher Bushing)
Après que ma crémaillère ait été refaite aux cotes d’origine, j’espérais avoir un bon fonctionnement d’éjection. Malheureusement, je ne sais pas si c’est par jalousie, mais ma roue dentée refusait toute collaboration avec son nouveau compagnon. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’une bouderie temporaire et que si l’on lui arrondissait les angles, retaillait un peu ses dents qui semblaient passablement déformées ou plus exactement mal taillées, ça pourrait fonctionner.
Je ne suis pas tout jeune et j’ai la mémoire qui flanche, mais après une analyse de la situation, je dus me rendre à l’évidence, on m’avait changé, dans le passé, ma roue dentée et celle que j’avais n’était qu’une bidouille taillée à coups de serpe. Son épaisseur n’était pas bonne et elle était compensée par deux cales en clinquant de quelques dixièmes d’épaisseur. Ma bague entretoise, pièce maitresse pour un bon fonctionnement en toute liberté, n’existait pas. Outre le fait que ma dentition était en ruine, j’avais beaucoup trop de jeu sur mon axe. Elle n’avait pas non plus le petit dégagement typique apparu dès le second modèle.
Dans un premier temps une tentative de récupération a été faite. Un alésage pour une bague entretoise fut usiné, légèrement excentré pour tenter de remodeler les dents. Une bague entretoise usinée suivant les cotes d’origine a été réalisée et la modification du second modèle a été appliquée.
Les résultats n’étant pas à la hauteur des attentes de mes amis, la décision fut prise : il me fallait une nouvelle roue dentée.
La matière sera du 42CDV12 pour ma roue dentée et de l’acier mi dur pour ma bague.
Processus
Tout a commencé par la coupe d’un rondin d’acier qui, après avoir été usiné au bon diamètre et ensuite tronçonné, sera usiné en épaisseur et alésé pour le passage de la bague entretoise.
La bague entretoise sera réalisée suivant les cotes données dans la documentation. S’agissant d’une pièce simple, elle ne fera pas l’objet d’une étude spécifique.
Il est bon de retenir que son usinage est précis et que son épaisseur doit être supérieure de 0,05 à 0,1 mm à l’épaisseur de la roue dentée pour que lors du montage, le serrage s’effectue sur la bague et permette à la roue dentée de tourner librement.
Pour la phase suivante, il était nécessaire d’avoir une fraise à tailler les pignons au bon module et il fallait réaliser un montage pour fixer l’ébauche de la roue dentée. Encore une fois, nous sommes confrontés au même problème, il n’y a pas dans l’atelier de fraise au bon module donc la solution rapide fut de fabriquer un ‘’Fly cutter’’ spécifique avec un outil à profil constant. Cette tête à cornes comme j’aime à l’appeler sera réalisé avec les moyens du bord.
Une rapide étude déterminera les deux positions du barreau d’acier rapide, avec un angle différent : une pour l’usinage de la mise en forme suivant le module de ce qui sera l’outil et l’autre position pour l’usinage de la roue dentée. Ces deux positions déterminent l’angle de dépouille.
L’usinage pourra commencer. La tête à cornes sera réalisée dans un morceau de bronze. Pourquoi du bronze ? C’est le premier morceau de métal aux bonnes dimensions qui trainait dans l’atelier et puis je trouve que le jaune lui va bien.
Pour l’outil, un barreau d’acier rapide 10 X 10 sera recuit puis usiné avec un angle d’orientation de 10°. Il sera ensuite trempé et monté à sa position de travail avec un angle d’orientation de 12° ce qui lui donnera une dépouille de 2° ce qui est suffisant.
Maintenant que nous avons un outil pour tailler les dents, il faut réaliser le montage pour l’ébauche de la roue dentée. Ce sera un axe avec un moyen de blocage par écrou.
Nous sommes prêts pour l’usinage. Dent par dent, sur la fraiseuse, les dents seront taillées avec un diviseur. L’outil génère de gros efforts aussi une cale sera mise en place pour résister aux vibrations car il n’y a pas de contrepointe dans l’outillage disponible.
Ma nouvelle roue dentée commence à avoir fière allure mais elle n’est pas terminée.
Les premiers essais sont prometteurs et je n’eus pas besoin de jouer les entremetteurs, lorsqu’elle fut présentée à ma crémaillère, c’est avec satisfaction que j’ai pu voir que le courant passait bien et qu’un mariage à terme serait envisageable. Mais laissons faire le temps, il y a encore du travail.
L’étape suivante allait être déterminante, il fallait positionner et déterminer la forme de l’encoche de verrouillage. Cette encoche qui va servir d’orientation et de blocage de rotation, influencera aussi les positions entrée et sortie de la crémaillère donc de la fermeture de l’arme et de l’éjection des douilles. L’opération sera réalisée à la lime.
L’usinage de ma roue dentée est terminé. En essai statique sans le doigt de verrouillage, les résultats sont satisfaisants. Il faut maintenant attendre le nouveau doigt de verrouillage pour les essais dynamiques.
h - A17 Doigt de verrouillage (Ratchet pawl)
Mon doigt de verrouillage actuel est dans la lignée de mon ex roue dentée, entièrement bricolé et mal ajusté. Il est impératif d’en faire un nouveau. Il est tout comme ma roue dentée, spécifique du premier modèle, du second modèle et du 44 Russian.
J’ai un petit problème au niveau de ma carcasse qui est dû à l’ovalisation, par usure, du trou de passage de l’axe de guidage du doigt. Ce petit défaut n’est pas rédhibitoire mais il compliquera par la suite
S’en suivront un ragréage de la brasure et une préparation pour l’usinage de l’encoche qui devra être en harmonie avec la roue dentée. La mise au point déterminera avec précision le moment de verrouillage.
Tous les points de contact devront être étudiés pour que le déplacement du doigt et son accrochage, se fassent dans de bonnes conditions. L’ovalisation dans la carcasse ne facilite pas la mise au point.
L’étape suivante consiste à rendre automatique le retour de l’étoile d’éjection des douilles. Pour cela il faut comprendre la cinématique de mon éjection.
Dans un premier temps lorsqu’on m’ouvre pour l’éjection, ma roue dentée est verrouillée par le doigt de verrouillage. Cela permet à ma crémaillère d’avancer et de sortir les douilles.
Lorsque ma crémaillère est à son maximum de sortie et que je suis complètement ouvert, l’extrémité de mon doigt de verrouillage vient en contact avec ma carcasse, ce qui le fait reculer et déclenche le retour rapide de ma crémaillère.
La dernière étape pour la réalisation de mon nouveau doigt de verrouillage sera le réglage et la mise au point de sa longueur.
Il faudra également trouver un ressort de rappel suffisamment puissant pour assurer le verrouillage, mais pas trop pour ne pas rendre inconfortable la manœuvre d’ouverture lorsque l’on ne veut pas éjecter les cartouches non tirées.
i - A35 Doigt élévateur (Hand) A36 Ressort du doigt élévateur (Hand spring)
Mon doigt élévateur était bien fatigué après un long service, sa pointe bien émoussée ne prenait plus les dents de l’étoile du barillet.
Quelques tentatives anciennes pour améliorer mon fonctionnement n’ont fait qu’aggraver mes dysfonctionnements.
Comble de l’hérésie, on l’avait amputé de toute sa partie basse. C’était méconnaitre totalement mon fonctionnement. Ce type de doigt est du type 2. Moi, mon mécanisme doit être du type 1 comme ma queue de détente, mon doigt de verrouillage barillet, mon chien et bien sûr ma carcasse au niveau du diamètre de l’axe de la queue de détente.
A l’état repos, j’ai un chien rebondissant qui, après avoir percuté la cartouche, recule et se trouve accroché en position par la queue de détente. Le béquet de la queue de détente vient en contact avec la base de mon élévateur pour le maintenir en contact sur l’étoile du barillet. L’ablation de cette excroissance rendait impossible son maintien en position avancée, d’où parfois des défauts d’entrainement en rotation du barillet.
Mon ressort fut également remplacé par un clinquant de 0.5 mm beaucoup trop faible pour donner la puissance nécessaire, et qui de plus ne tenait pas en place. Ce type de ‘’bricolage’’ peut convenir pour une cinématique classique type Colt, lorsqu’il est placé derrière le doigt élévateur et qu’il se contente de pousser le doigt. Moi, ma cinématique est beaucoup plus subtile, j’aime à me comparer à un mécanisme d’horlogerie.
Oui ! Je sais j’exagère un peu mais je suis tellement différent des autres que ça me flatte.
Considérant que ces deux pièces ne sont pas d’origine, et/ou trop massacrées, nous avons décidé de les remplacer par des pièces plus conformes à la nomenclature d’origine. C’est toujours le choix du 42CDV12 qui sera fait pour le doigt et pour le ressort, comme d’habitude, ce sera l’XC75.
Processus
A35 Doigt élévateur (Hand)
Première étape, après avoir coupé une ébauche dans un barreau d’acier, Il fallait usiner une rondelle avec une épaisseur précise qui sera relevée sur ma carcasse pour assurer un libre passage sans trop de jeu. Il en sera de même pour l’axe intégré.
Viennent ensuite les opérations d’usinage manuel. Compte tenu de la faible épaisseur et des formes spécifiques pour lesquelles nous n’avions ni modèle ni plan, l’opération à la scie et à la lime par ajustage et mise au point était préférable à un usinage au fraisage.
Seules les cotes de largeur et de hauteur ont pu être déterminées. Le reste de l’usinage manuel a été fait à la demande par ajustage ; c’est le fonctionnement ou le non fonctionnement qui déterminait les zones à retoucher.
Je ne vais pas décrire toutes les étapes de la mise au point. Ce qu’il faut retenir, c’est que chaque forme, que ce soit les plats, rayons et angles divers, répond à un besoin spécifique et a demandé un grand soin pour l’usinage.
Le premier doigt réalisé n’ayant pas donné entière satisfaction, il sera refait avec une forme plus dépouillée.
Après avoir effectué des réglages statiques, c'est-à-dire uniquement en maintenant le doigt en pression à la main, une autre phase délicate était à réaliser. Cela a consisté à usiner le plat d’appui pour le ressort.
Son angle d’orientation doit être usiné avec la plus grande précision. Trop fermé, la pointe de l’élévateur n’accrochera pas l’étoile du barillet, trop ouvert le ressort s’échappera et ne pourra pas redescendre l’élévateur en position repos.
Pour terminer, un plat sera usiné en bout d’axe, il servira de ‘’clé’’ pour faciliter le montage en aidant à bander le ressort lors de l’introduction de l’axe dans le chien, le ressort étant monté.
A36 Ressort du doigt élévateur (Hand spring)
Pour réaliser mon ressort plat avec son encoche de fixation, la solution choisie fût de l’usiner dans la masse. Un traitement de régénération pour réorienter les fibres, suivi d’un traitement thermique adapté, devrait donner suffisamment de
puissance et ne pas le rendre trop fragile. Il sera réalisé suivant les cotes de la documentation.
Première étape, découper une languette et l’usiner sur les six faces. S’agissant d’une petite pièce, le travail sera fait à la lime.
Deuxième étape, après avoir tracé la position de l’encoche de fixation, l’ébauche sera positionnée sur un ‘’martyre’’.
C’est un morceau de tôle de la même qualité que mon ébauche ressort. Il sera maintenant possible de percer ‘’entre cuir et chair’’ pour obtenir un demi-diamètre sur chaque élément.
Maintenant, il est possible d’usiner la forme extérieure.
Mon nouveau ressort est terminé. Il ne lui manque que le polissage et ses traitements thermiques comme pour toutes les pièces réalisées jusqu’à présent, mais ça, ce sera le travail de Joerg. Malgré cela il est déjà opérationnel.
j - A39 Plaque de recouvrement (Sideplate)
Ma plaque de recouvrement flotte dans le logement de ma carcasse, elle est complètement déformée. Cette pièce est pourtant un élément qui se doit d’être parfaitement ajusté, c’est un gage de qualité. Actuellement, avec toutes les améliorations qui m’ont été faites, j’ai le sentiment d’être habillé avec un vieux costume rapiécé. Ce qu’il me faudrait c’est un beau costard tout neuf fait sur mesure pour que je
puisse me montrer sans rougir, donc direction l’atelier. Lorsque j’aurai ma nouvelle plaque de recouvrement, je suis certain d’avoir un beau polissage suivi d’un bronzage qui me donnera une nouvelle jeunesse. Mais là c’est la fin de l’histoire. Commençons par le début. La matière sera de l’acier mi-dur.
Processus
Comme pour les autres pièces, après le choix de la matière idoine et les relevés de cotes, l’usinage par fraisage des six faces de l’ébauche a été réalisé.
Pour tracer le contour, un perçage a été fait, il correspond à la position de la vis de fixation principale car ce sera le point de centrage et de référence. Il est bien sûr du même diamètre que celui de la plaque d’origine et permet de se positionner et de centrer parfaitement sur A42 l’axe du chien (Hammer stud) vissé dans la carcasse.
Une pige de centrage a également été réalisée au tour, elle servira à centrer l’ébauche rectangulaire avec la plaque d’origine pour effectuer le traçage avec une pointe à suivre ainsi que l’ébauche de l’usinage du profil intérieur.
Le profil sera découpé à la scie à ruban et ajusté sur la carcasse à la lime.
La principale difficulté réside dans le fait que les chants ne sont pas perpendiculaires mais avec des angles précis et variables. Pour un bon mariage l’ajustage se fera par contact avec les portées contrôlées à la gouache bleue ; les anciens l’auraient fait au noir de fumée mais, soyons moderne.
Maintenant il faut tracer et usiner le profil et le galbe extérieur. Ébauche à la scie et finition du galbe à la lime. Pas de difficulté particulière.
Ma plaque de recouvrement est maintenant montée sur ma carcasse, il faut pour les deux dernières vis de fixation, percer les demi-trous de passage de tête de vis.
Cette opération est délicate, elle sera faite au fraisage. Mais au préalable, il faudra refaire les taraudages dans la carcasse A1 car les deux existants sont complètement détruits. Ils ont été retouchés et taraudés avec un pas métrique. L’un d’entre eux est en biais ce qui a eu pour conséquence un affaiblissement de la carcasse et une excentration du taraudage.
Pour terminer cette pièce, il reste à usiner le dégagement pour le passage de l’élévateur
et aussi me refaire deux vis neuves car, l’une n’est pas conforme avec son pas métrique et l’autre a sa tête massacrée.
Voila, je me trouve plus beau maintenant, je pourrais me montrer fièrement.
k - A1 Carcasse (Frame)
Lors du montage de ma nouvelle plaque, on constate qu’un taraudage est excentré par rapport à son lamage d’un millimètre au moins.
Pour en avoir la certitude, une pige filetée de contrôle sera réalisée au tour avec les cotes standard de la vis d’origine. Là, le défaut est mis en évidence et cette pige permet de constater également que le taraudage a été retouché
avec un pas métrique pour une vis standard iso. Il n’y a pas d’autre solution, il me faut, de nouveau, passer sur la table d’opération.
Processus
Les taraudages seront dans un premier temps percés pour être taraudés à M4.
Le taraudage se fera à la main sur la machine pour garantir la perpendicularité.
Le taraudage réalisé sera ensuite bouchonné avec un morceau de tige filetée légèrement maté et collé.
Une tige filetée standard étant réalisée dans un acier mi-dur, le choix d’un morceau de vis semblait mieux approprié car l’acier est plus dur.
Après séchage de la colle frein de filet, une opération de fraisage est réalisée pour araser le bouchon.
Maintenant il ne reste plus qu’à percer et à tarauder au diamètre 2,64 mm avec 46 filets au pouce.
L’opération a bien réussi, elle est presque invisible et le taraudage est de nouveau centré dans son lamage. Il faudra bien entendu refaire les vis de fixation pour les rendre conformes à celles d’origines.
l - A2 Canon (Barrel)
Comme j’ai eu l’occasion de le dire au début de ce cahier de souvenirs, j’avais à l’origine un canon de six pouces et demi et, comme cela se faisait souvent à l’époque, mon canon qui fut jugé trop long a été coupé à quatre pouces et demi. C’était beaucoup plus facile pour dégainer rapidement.
Je m’étais toujours demandé pourquoi lorsque mes divers propriétaires se battaient en duel, il n’arrivaient jamais à toucher leurs adversaires. La raison en était simple, mon canon a été coupé en biais, celui qui a fait ce travail était fâché avec les règles les plus élémentaires de la balistique. Et si, comme dit si bien Pascal, « il y a deux sortes d’esprit : L’esprit de géométrie et l’esprit de finesse », une chose est certaine, il ne devait en maitriser aucune.
Il faudra donc redresser la bouche de mon canon et réaliser un petit chanfrein de protection des sorties de rayures. Ce travail devrait améliorer mes performances en cible.
Processus
Pour vérifier l’équerrage de la bouche du canon, ou plus précisément l’équerrage de l’âme du canon avec la face de sortie de bouche, pour commencer, il faut réaliser une petite équerre spéciale.
Elle consiste en un disque avec un téton usiné avec précision au diamètre intérieur de mon canon. Ce téton est parfaitement perpendiculaire à la face du disque.
Première évaluation du défaut, lorsque l’on met le téton du marbre dans la bouche de mon canon, on constate un défaut d’équerrage de l’ordre d’un millimètre.
Il ne reste plus qu’à retoucher cette face. Faire le travail au tour était difficilement réalisable, donc la meilleure solution était le travail à la lime.
Comme toujours l’avancement du travail se fera en vérifiant avec une portée au bleu.
Pour obtenir une bonne finition et limiter l’opération de polissage, la finition est faite avec des limes diamantées très fines et le chanfrein sera réalisé avec une meule.
Les opérations de contrôle avec le marbre ont été réalisées avec beaucoup d’attention pour ne pas endommager les rayures. Il aurait été préférable d’utiliser un marbre en bronze ou en laiton bien qu’un peu mou, ce qui aurait été moins traumatisant.
m - A5 – A16 – A23 – A26 – A 40 – A41 – A42 – A27 – A 46 Vis (Screw)
Après toutes ces opérations de chirurgie esthétique, il était indispensable de refaire mes vis car nombreuses étaient celles qui avaient leur tête fortement endommagée par des années de montage et de démontage sans utilisation de tournevis appropriés. Cela me faisait de vilaines cicatrices. Certaines étaient de pâles copies au filetage métrique approchant.
Mes amis disposaient de la nomenclature complète des vis avec toutes leurs dimensions. Ça aurait été dommage de ne pas le faire.
Le processus ne présentant pas de difficulté particulière, il n’a pas fait l’objet d’un reportage photos.
n - A3 le guidon (Front Sight)
La cerise sur le gâteau
Après de longs mois de soins et d’attentions, j’ai retrouvé une nouvelle jeunesse. Je pensais pouvoir poursuivre mon chemin et rejoindre sans rougir les belles pièces de collection de mon nouvel ami Joerg pour un avenir que j’espère sans fin.
Je savais qu’Il me faudrait avant cela, partir en convalescence pour suivre quelques séances de thalasso et, après nombre de massages et de bains, je reprendrais une belle couleur.
C’était sans compter sur la volonté de mes amis de faire de moi un beau revolver de despérados. J’ai été nommé Averell ; je me devais d’être personnalisé comme ça se faisait parfois en cette fin de 19ème siècle tourmentée par les brigands les plus célèbres.
La solution choisie consistera à remplacer mon guidon A3 (Front sight) par un guidon issu d’une pièce d’argent de one dime (10 cents) datée de 1876, ce qui n’est pas anachronique car j’ai connu cette pièce dans ma jeunesse.
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Sur les revolvers type Top-break, Smith & Wesson, il existe deux types de guidon standard : Sur les tous premiers modèles, le guidon était forgé et usiné directement avec le canon ; par souci de simplification, il deviendra une pièce rapportée et fixée avec une goupille. À partir de 1907 on verra apparaître une nouvelle forme de guidon rapporté mais ça c’est pour ma descendance.
Processus
Première opération, dessouder et dévisser le guidon actuellement en place.
Là, surprise, le guidon n’était pas vissé, il y avait juste un trou lisse pour le passage de sa queue. Ce qui explique la raison pour laquelle il avait été brasé.
Un regret, une petite plage a été usinée probablement pour mieux ‘’assoir’’ le guidon sur le canon. Ce point devra être amélioré lors du polissage. Afin d’en minimiser les conséquences esthétiques.
Les opérations suivantes sont traditionnelles, elles ont consisté à repercer le trou existant, le tarauder, mettre un bouchon en tige filetée standard qui sera maté et brasé à l’argent.
Viendront ensuite la reprise de la face et la préparation pour l’usinage de la rainure destinée au nouveau guidon.
Le plus difficile reste à faire. Non pas l’usinage, mais il n’y avait pas dans l’atelier de fraise scie de diamètre 15 à 16 mm et d’épaisseur environ 1 à 1.5 mm. Il fallait aussi une fraise couteau de diamètre 1.5 mm pour faire une plage dans le rayon de la bande ventilée du canon et permettre ainsi le perçage du diamètre de goupille. Pour la fraise de 1.5 mm, il en été commandé trois en prévision d’un accident toujours possible avec de si petits diamètres ; ce fut facile d’en trouver et elles étaient diamantées.
Pour la fraise disque ou à queue de D 15 mm X 1 mm d’épaisseur, ce fut mission impossible. Il ne restait plus qu’à lancer un appel au secours sur un très bon forum d’usinage (usinages.com). Les réponses furent nombreuses pour dire que ce serait probablement introuvable tout en proposant des solutions de dépannage. Puis le miracle est arrivé, un ami Suisse ‘’Mekratrig’’ de Moyenmoutier a répondu à l’appel et offert généreusement la fraise recherchée. Grace à lui j’aurais mon nouveau guidon d’argent.
La fraise fut livrée rapidement, il ne restait qu’à lui réaliser une queue donc, direction le tour et usinage dans un morceau de stub XC95.
Maintenant les dés sont jetés, je vais passer sur le billard pour une première opération très délicate. J’avoue que j’appréhende un peu car on n’a pas le droit à l’erreur.
Après avoir été préparé, mon canon est convenablement allongé et calé sur la table de la fraiseuse.
Les constantes vérifiées et revérifiées (tiens, je parle comme mon chirurgien). En fait je voulais dire que les paramètres de contrôle : parallélisme et perpendicularité ont été vérifiés. Les copeaux commencent.
Ouf ! Ça s’est bien passé. Maintenant il faut usiner une plage avec la fraise de diamètre 1.5 mm dans le rayon. Première tentative, la fraise n’y a pas résisté. Vitesse trop faible, avance trop rapide ou tout simplement les deux à la fois, je ne le saurais jamais.
Heureusement il n’y a pas d’autre dégât.
Nouvelle fraise, nouvel essai et cette fois-ci c’est tout bon.
Maintenant on peut envisager le perçage de la goupille mais avant, il faut réaliser le guidon dans la pièce en argent, le monter et à ce moment seulement le perçage pour goupillage sera fait.
A3 le guidon (Front Sight)
Après avoir longuement réfléchi sur le meilleur secteur de la pièce à utiliser, celui qui me mettrait le plus en valeur, nous avons choisi la zone de la date.
L’autre morceau sera réservé pour éventuellement réaliser un autre guidon pour un cousin de ma génération.
Avant l’opération de traçage, il est nécessaire de déterminer la hauteur de dépassement du guidon. Cette opération se fera par calcul avec ce bon vieux Thales en considérant les longueurs du canon avant et après raccourcissement ainsi que le dépassement avant, ce qui nous donnera la hauteur après raccourcissement. Il est bien entendu impossible d’obtenir une valeur certaine pour garantir de faire des dix en cible. Il faudra jouer un peu avec la charge de poudre noire pour faire monter ou descendre le tir et/ou avec la contre visée.
La pièce est coupée en deux et la forme sera réalisée à la lime. Après ajustement, elle sera montée et goupillée.
La goupille sera réalisée dans du stub XC95.
[url=]
Maintenant je me sens vraiment Averell.
o - A32/A1 Débattement du Chien dans la carcasse
Ma cure de jouvence est terminée, mes amis m’ont refait une santé. Je suis prêt à défier le temps dès que j’aurais terminé ma convalescence et ma cure de thalasso pour avoir mes traitements et ma nouvelle livrée noire bleutée. Je suis certain que Joerg me prodiguera les meilleurs soins, les meilleurs massages en ‘’tiré de long’’ pour raffermir mes arêtes avec des abrasifs si doux que ma surface éblouira le soleil lui-même. Je me plais à rêver que viendront ensuite les séances de bronzage aux liqueurs anciennes, celles de ma jeunesse, et là je revivrais. Restera la dernière épreuve peut être, une séance de tir à la cible entre des mains expertes et autorisées.
Avant il reste encore une formalité, mon percuteur n’a pas un dépassement suffisant pour assurer une bonne percussion. Ça coince un peu aux entournures et mon chien vient en appui sur ma carcasse sur une zone qui n’est pas suffisamment dégagée.
La solution est toute simple, tordre une petite lime aiguille plate et retoucher une zone sur une sortie de rayon dans la carcasse. C’est une petite opération simple réalisée sans anesthésie.
La délivrance
Après des mois passés à la clinique, j’ai repris une nouvelle jeunesse. Mon lifting a fait disparaitre toutes ces années de mauvais traitement. Certes, il me reste quelques cicatrices liées à mon grand âge, mais l’essentiel a été sauvé. J’ai passé de longues journées au bloc opératoire, où les machines m’ont torturé pour mon plus grand bien ; en salle de réveil, patiemment on a finalisé ma mise au point pour parfaire mes ajustements. Je suis épuisé j’ai la mine défaite et le teint blafard. Il est urgent que je retourne au soleil du midi pour reprendre des couleurs
Ça y est, je suis chez moi. Les mains expertes de Joerg entreprennent de doux et longs massages pour gommer toutes les traces liées à mes diverses opérations.
Viennent ensuite d’autres traitements pour durcir mes pièces et aussi pour leur apporter une jolie couleur jaspée. J’ai eu également droit à une séance de bronzage qui a transformé mes guenilles en une magnifique livrée, telle que je la portais dans ma prime enfance entre les mains expertes de mon despérado préféré, Averell.
Merci d'avoir lu jusqu'au bout
Averell avec la participation de Joerg et Arpette Dan.
Un document PDF existe pour ceux qui sont intéressé passer en MP
Dernière édition par Winchester 1866 le Ven 15 Jan - 18:12, édité 11 fois
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
Superbe boulot déja vu mais je reste encore pantois...
Avec cette longueur de canon, il est foutrement sexy j'adore !
ZR
Avec cette longueur de canon, il est foutrement sexy j'adore !
ZR
Tout a été déjà dit. Mais comme personne n'écoute, il faut sans cesse recommencer.
Qui peut dire comme il brule, est dans un petit feu !
Garder le souvenir les choses qui auraient pu se passer.
Pas de couilles, pas de gloire !
je suis Charlie
UFA MEMBER
Zouaverifle- Messages : 1732
Date d'inscription : 03/01/2015
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Localisation : Rhone Alpes
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
Je rejoins ZR sur ce post,
J'en suis sur le cul, là c'est autre chose que de la bidouille !!! toutes mes félicitations superbe réalisation, et des explications trés compréhensibles pour un non initié !!
J'en suis sur le cul, là c'est autre chose que de la bidouille !!! toutes mes félicitations superbe réalisation, et des explications trés compréhensibles pour un non initié !!
Vidocq80
vidocq80- Old Timer
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Date d'inscription : 20/01/2015
Age : 70
Localisation : HALLENCOURT 80
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
hello
effectivement j'avais suivi ce post passionnément .tu as bien fais de le transférer a ce forum car après tout c'est ton bébé
amicalement
cro
effectivement j'avais suivi ce post passionnément .tu as bien fais de le transférer a ce forum car après tout c'est ton bébé
amicalement
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Les hommes de l'age de bierre habitent des tavernes
ni dieu ni maitre
cromagnon 07- Old Timer
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Date d'inscription : 07/01/2015
Age : 65
Localisation : ardèche
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
C'est vraiment du beau travail...J'aimerais bien savoir faire ça...
Corto Maltese- Administrateur
- Messages : 4876
Date d'inscription : 04/01/2015
Age : 60
Localisation : 44
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
Merci les amis
Actuellement je manque de courage mais j'ai encore pleins de projets même s'ils sont moins importants ...
Dan
Actuellement je manque de courage mais j'ai encore pleins de projets même s'ils sont moins importants ...
Dan
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
oui Dan ,moi aussi pleins de projet mais jamais assez de temps .
il faudrait des journées de 28 heures et des semaines de 9 jours
amicalement
cro
il faudrait des journées de 28 heures et des semaines de 9 jours
amicalement
cro
Les hommes de l'age de bierre habitent des tavernes
ni dieu ni maitre
cromagnon 07- Old Timer
- Messages : 2598
Date d'inscription : 07/01/2015
Age : 65
Localisation : ardèche
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
Je n'ai plus que 3 photos qui s'affichent...crémaillère, dollar et cran de mire....
Dommage !
zr
Dommage !
zr
Tout a été déjà dit. Mais comme personne n'écoute, il faut sans cesse recommencer.
Qui peut dire comme il brule, est dans un petit feu !
Garder le souvenir les choses qui auraient pu se passer.
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Zouaverifle- Messages : 1732
Date d'inscription : 03/01/2015
Age : 60
Localisation : Rhone Alpes
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
comme moi , je vais donc les remettre dès que possible...
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
Merci !
ZR
ZR
Tout a été déjà dit. Mais comme personne n'écoute, il faut sans cesse recommencer.
Qui peut dire comme il brule, est dans un petit feu !
Garder le souvenir les choses qui auraient pu se passer.
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Zouaverifle- Messages : 1732
Date d'inscription : 03/01/2015
Age : 60
Localisation : Rhone Alpes
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
c'est un teazer : 3 photos à la fois.....ça va nous mettre en appétit !
ceci dit (belle abesse) déjà le texte est complet
le coup de la pièce en argent c'est relevé, la classe...
pour un guidon, j'ai pris un écrou à ailettes en laiton...
ceci dit (belle abesse) déjà le texte est complet
le coup de la pièce en argent c'est relevé, la classe...
pour un guidon, j'ai pris un écrou à ailettes en laiton...
Hiram62- Messages : 153
Date d'inscription : 07/01/2015
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
le temps que le remettes les photos je vous envois le PDF par Mail si vous avez renseigné votre profil
Dan
Dan
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
Winchester 1866 a écrit:le temps que le remettes les photos je vous envois le PDF par Mail si vous avez renseigné votre profil
Dan
sympa l'envoi en PDF et en plus service rapide...encore merci !
Hiram62- Messages : 153
Date d'inscription : 07/01/2015
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
Merci aussi !
ZR
ZR
Tout a été déjà dit. Mais comme personne n'écoute, il faut sans cesse recommencer.
Qui peut dire comme il brule, est dans un petit feu !
Garder le souvenir les choses qui auraient pu se passer.
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Zouaverifle- Messages : 1732
Date d'inscription : 03/01/2015
Age : 60
Localisation : Rhone Alpes
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
Tout simplement BRAVO.... Je suis impressionné.
Je tire parfois (rarement) avec mon Russian Civil US et c'est un vrai bonheur.
Je tire parfois (rarement) avec mon Russian Civil US et c'est un vrai bonheur.
El cameleon- Messages : 3
Date d'inscription : 03/04/2022
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
Bonjour !
Malheureusement notre ami Dan, créateur de ce forum, et initiateur de ce post, nous a quittés il y a quelques années, mais ça fait toujours plaisir de le voir ressurgir parmi nous....
Malheureusement notre ami Dan, créateur de ce forum, et initiateur de ce post, nous a quittés il y a quelques années, mais ça fait toujours plaisir de le voir ressurgir parmi nous....
Non nobis Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da Gloriam.
CLOSDELIF- Administrateur
- Messages : 9128
Date d'inscription : 07/01/2015
Age : 72
Localisation : Tarn
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
C'est ce qu'on appelle une belle boulette.... comme quoi ces forums permettent en effet de faire ressurgir ces personnes...
A la lecture de son post, je lui avais envoyé un MP pour récupérer son PDF sur son Russian.
Si un membre a encore ce fichier...
A la lecture de son post, je lui avais envoyé un MP pour récupérer son PDF sur son Russian.
Si un membre a encore ce fichier...
El cameleon- Messages : 3
Date d'inscription : 03/04/2022
Re: Smith et Wesson 44 Old Model Russian : la résurrection
Oh, ce n'est pas grave, cela nous donne l'occasion de penser un peu à lui...
Personnellement, je n'ai pas ce fichier, mais peut être effectivement quelqu'un d'autre l'a t'il gardé ?
Personnellement, je n'ai pas ce fichier, mais peut être effectivement quelqu'un d'autre l'a t'il gardé ?
Non nobis Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da Gloriam.
CLOSDELIF- Administrateur
- Messages : 9128
Date d'inscription : 07/01/2015
Age : 72
Localisation : Tarn
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