Un joli fusil de Cadet
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Un joli fusil de Cadet
Bonjour à tous,
Aujourd’hui, en avant-première, je vous propose ce très beau fusil :
C'est un Fusil de Cadet fait sous le Premier Empire selon le modèle 1777/An IX, puis soigneusement transformé à la percussion dans les années 40 selon la méthode appliquée aux fusils 1822 T.
Ces fusils étaient destinés aux écoles de Cadets, c'est à dire aux jeunes se préparant à la carrière d'officier. Ces cadets étaient âgés de 13 à 16 ans.
Il leur fallait une arme adaptée à leur morphologie.
Et, effectivement, on ne peut que remarquer son aspect fin, presque filiforme.
Le fusil de Cadet est la réduction du fusil de Grenadier (normalement 1,52 m).
Ce fusil mesure 1,36 m.
Il pèse 3,33 kg.
Le canon est au diamètre de 17,5 mm, il est long de 0,987 m.
Toutes les dimensions sont réduites ainsi que les épaisseurs (platine, garnitures, monture). D'ou son poids.
Par exemple la platine fait ici 14 cm de long, comparé aux 16 cm sur celle du 1822 T Bis
Ce fusil présente aussi plusieurs différences que nous allons découvrir tout au long de notre visite.
Le côté gauche.
L'ensemble de l'arme est dans une patine grise, brillante, sans aucune corrosion. La monture montre également une jolie patine, de très rares pets et quelques griffures.
La platine et la masselotte.
Ici, une première différence apparaît avec la vis du chien : l'utilisation de vis à têtes bombées.
On jurerait un modèle 1822 T (ou T Bis), mais totalement "muet". Excellent état.
La contre-platine (on disait aussi l'esse).
On remarque les goupilles de fixation de la queue de détente et de l'anneau de bretelle.
La hausse fixe, très fine, a été posée lors de la transformation à la percussion.
Là encore : utilisation de vis à têtes bombées.
Un agrandissement du marquage du canon, l'un des seuls de l'arme.
Difficile à lire, on distingue un M en capitale cursive et 2 poinçons en losange au dessus :
Le canon déposé, vu de dessus, aucun marquage, mais un excellent état de surface à un endroit toujours marqué par le départ des capsules. La cheminée en particulier est restée quasiment neuve, aucune trace d'usure :
Le canon déposé, vu de profil.
Le canon est rond à l'exception de deux côtés plats de part et d'autre au niveau du tonnerre.
Le canon déposé, vu de dessous. On est habitué à y trouver une foultitude de poinçons, de marques et de matricules. Ici : rien.
Juste un coup de burin frappé EN BIAIS à la jointure de la culasse et du canon. Traces d'outils sur la queue de culasse.
Toujours un excellent état de surface, même sous le canon.
La bouche du canon est restée dans son épaisseur, le tenon de baïonnette et la baguette à tête de poire.
La tête de baguette sera le seul élément de l'arme à présenter une trace de choc.
La poignée du fusil : un noyer joliment tigré. À nouveau, on remarque ici la finesse générale de l'arme.
La crosse, vu des deux côtés et le veinage du noyer, la joue à gauche, l'absence du macaron de réception et de la cheville :
L'embouchoir à deux bandes retenu par un classique ressort à ergot.
Cette pièce est très particulière par de dessin de ses flancs et par le retroussis très marqué au passage de la baguette.
Le guidon est en laiton :
L'anneau de grenadière est spécifique de ce fusil. Pas de ressort à épaulement mais une vis vient serrer la pièce sur la monture :
La capucine, totalement conforme avec son retour et son ressort à épaulement.
Les garnitures sont amincies par rapport à celles des fusils d'ordonnance. Les ressorts sont moins longs :
Le pontet, sa "goutte de suif" et son anneau de bretelle "en anse de panier". Ici : un poinçon J couronné.
La plaque de couche est marquée au nom de MAYADE (ou peut-être M. AYADE car on a un espace entre le M et le A... ?) Probablement le nom du cadet qui a reçu l'arme.
Le logement de la platine. Remarquez les deux traits parallèles marqués dans le bois entre les deux goupilles. C'est la marque de l'ouvrier platineur.
Nous allons retrouver ces deux traits dans la platine.
La platine, vue de l'intérieur.
Plusieurs remarques : la pièce d'obturation du bassinet n'est pas vissée, mais semble avoir été brasée ou soudée en place.
Nouveau marquage, encore difficilement lisible CAVLI ou C&VLI ... un platineur free-lance ? Je démonterai tout cela pour un bon nettoyage, j'y verrai peut-être plus clair.
On retrouve nos traits parallèles sur la noix et la gâchette (invisible ici)
La noix est très particulière : les crans de demi-armé et de bandé sont ... très très profonds. On doit s'attendre à un sacré poids de détente.
A nouveau, hormis quelques traces de fleur de rouille, tout semble quasiment neuf.
Pour terminer, comparons ce qui est comparable, ce fusil de cadet percutant et un bon vieux fusil Mle 1822 T bis.
Rappelons que le 1822 T Bis d'1,42 m est à la taille des fusils de voltigeurs ...
Voilà, j'espère vous avoir intéressés avec cette jolie pièce, homogène et en bel état.
Armes plutôt rares, les fusils de cadets sont tout autant passionnants à étudier.
Peut-être qu'un jour, un fusil de cadet resté à silex viendra lui tenir compagnie ... ?
Cette arme n'a probablement jamais été utilisée, sauf peut-être pour des séances d'ordre serré ou pour rendre les honneurs ... ah, s'il pouvait parler !
Le fusil a dû rester longtemps au sein de la famille de son "cadet", ce qui lui a permis d'échapper à bien des vicissitudes.
A bientôt pour d'autres folles découvertes ...
Aujourd’hui, en avant-première, je vous propose ce très beau fusil :
C'est un Fusil de Cadet fait sous le Premier Empire selon le modèle 1777/An IX, puis soigneusement transformé à la percussion dans les années 40 selon la méthode appliquée aux fusils 1822 T.
Ces fusils étaient destinés aux écoles de Cadets, c'est à dire aux jeunes se préparant à la carrière d'officier. Ces cadets étaient âgés de 13 à 16 ans.
Il leur fallait une arme adaptée à leur morphologie.
Et, effectivement, on ne peut que remarquer son aspect fin, presque filiforme.
Le fusil de Cadet est la réduction du fusil de Grenadier (normalement 1,52 m).
Ce fusil mesure 1,36 m.
Il pèse 3,33 kg.
Le canon est au diamètre de 17,5 mm, il est long de 0,987 m.
Toutes les dimensions sont réduites ainsi que les épaisseurs (platine, garnitures, monture). D'ou son poids.
Par exemple la platine fait ici 14 cm de long, comparé aux 16 cm sur celle du 1822 T Bis
Ce fusil présente aussi plusieurs différences que nous allons découvrir tout au long de notre visite.
Le côté gauche.
L'ensemble de l'arme est dans une patine grise, brillante, sans aucune corrosion. La monture montre également une jolie patine, de très rares pets et quelques griffures.
La platine et la masselotte.
Ici, une première différence apparaît avec la vis du chien : l'utilisation de vis à têtes bombées.
On jurerait un modèle 1822 T (ou T Bis), mais totalement "muet". Excellent état.
La contre-platine (on disait aussi l'esse).
On remarque les goupilles de fixation de la queue de détente et de l'anneau de bretelle.
La hausse fixe, très fine, a été posée lors de la transformation à la percussion.
Là encore : utilisation de vis à têtes bombées.
Un agrandissement du marquage du canon, l'un des seuls de l'arme.
Difficile à lire, on distingue un M en capitale cursive et 2 poinçons en losange au dessus :
Le canon déposé, vu de dessus, aucun marquage, mais un excellent état de surface à un endroit toujours marqué par le départ des capsules. La cheminée en particulier est restée quasiment neuve, aucune trace d'usure :
Le canon déposé, vu de profil.
Le canon est rond à l'exception de deux côtés plats de part et d'autre au niveau du tonnerre.
Le canon déposé, vu de dessous. On est habitué à y trouver une foultitude de poinçons, de marques et de matricules. Ici : rien.
Juste un coup de burin frappé EN BIAIS à la jointure de la culasse et du canon. Traces d'outils sur la queue de culasse.
Toujours un excellent état de surface, même sous le canon.
La bouche du canon est restée dans son épaisseur, le tenon de baïonnette et la baguette à tête de poire.
La tête de baguette sera le seul élément de l'arme à présenter une trace de choc.
La poignée du fusil : un noyer joliment tigré. À nouveau, on remarque ici la finesse générale de l'arme.
La crosse, vu des deux côtés et le veinage du noyer, la joue à gauche, l'absence du macaron de réception et de la cheville :
L'embouchoir à deux bandes retenu par un classique ressort à ergot.
Cette pièce est très particulière par de dessin de ses flancs et par le retroussis très marqué au passage de la baguette.
Le guidon est en laiton :
L'anneau de grenadière est spécifique de ce fusil. Pas de ressort à épaulement mais une vis vient serrer la pièce sur la monture :
La capucine, totalement conforme avec son retour et son ressort à épaulement.
Les garnitures sont amincies par rapport à celles des fusils d'ordonnance. Les ressorts sont moins longs :
Le pontet, sa "goutte de suif" et son anneau de bretelle "en anse de panier". Ici : un poinçon J couronné.
La plaque de couche est marquée au nom de MAYADE (ou peut-être M. AYADE car on a un espace entre le M et le A... ?) Probablement le nom du cadet qui a reçu l'arme.
Le logement de la platine. Remarquez les deux traits parallèles marqués dans le bois entre les deux goupilles. C'est la marque de l'ouvrier platineur.
Nous allons retrouver ces deux traits dans la platine.
La platine, vue de l'intérieur.
Plusieurs remarques : la pièce d'obturation du bassinet n'est pas vissée, mais semble avoir été brasée ou soudée en place.
Nouveau marquage, encore difficilement lisible CAVLI ou C&VLI ... un platineur free-lance ? Je démonterai tout cela pour un bon nettoyage, j'y verrai peut-être plus clair.
On retrouve nos traits parallèles sur la noix et la gâchette (invisible ici)
La noix est très particulière : les crans de demi-armé et de bandé sont ... très très profonds. On doit s'attendre à un sacré poids de détente.
A nouveau, hormis quelques traces de fleur de rouille, tout semble quasiment neuf.
Pour terminer, comparons ce qui est comparable, ce fusil de cadet percutant et un bon vieux fusil Mle 1822 T bis.
Rappelons que le 1822 T Bis d'1,42 m est à la taille des fusils de voltigeurs ...
Voilà, j'espère vous avoir intéressés avec cette jolie pièce, homogène et en bel état.
Armes plutôt rares, les fusils de cadets sont tout autant passionnants à étudier.
Peut-être qu'un jour, un fusil de cadet resté à silex viendra lui tenir compagnie ... ?
Cette arme n'a probablement jamais été utilisée, sauf peut-être pour des séances d'ordre serré ou pour rendre les honneurs ... ah, s'il pouvait parler !
Le fusil a dû rester longtemps au sein de la famille de son "cadet", ce qui lui a permis d'échapper à bien des vicissitudes.
A bientôt pour d'autres folles découvertes ...
Dernière édition par St Etienne le Mar 22 Oct - 12:32, édité 1 fois
St Etienne- Messages : 629
Date d'inscription : 03/12/2017
Localisation : Paris - Pays de Loire
Re: Un joli fusil de Cadet
Merci pour cette magnifique présentation !
Cette arme est vraiment très intéressante...
Comme je "trempe" actuellement dans les Cadets (mais d'un autre pays et d'une autre époque), je suis bien sûr intéressé!!!
Aurais tu des précisions concernant les écoles par elles même ???
Cette arme est vraiment très intéressante...
Comme je "trempe" actuellement dans les Cadets (mais d'un autre pays et d'une autre époque), je suis bien sûr intéressé!!!
Aurais tu des précisions concernant les écoles par elles même ???
Non nobis Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da Gloriam.
CLOSDELIF- Administrateur
- Messages : 9129
Date d'inscription : 07/01/2015
Age : 72
Localisation : Tarn
Re: Un joli fusil de Cadet
Malheureusement, non.
Mais ce fusil pourrait bien être au début d'une véritable étude sur ces cadets.
Concernant l'arme, si l'un d'entre vous possède les planches et pages du Boudriot, pourrait-il me joindre par MP ?
L'École militaire de Paris a été crée sous Louis XV en 1751 afin de permettre aux jeunes de la noblesse "nés sans fortune" de se former au métier d'officier grâce à un système de bourses.
L'école sera fermée en 1788 pour des raisons d'économies budgétaires, les élèves boursiers étant dirigés soit en régiment, soit dans des collèges de province servant d'écoles militaires préparatoires.
Sources :
https://www.persee.fr/doc/inrp_0000-0000_2002_ant_10_3_8048
https://francearchives.fr/fr/commemo/recueil-2001/38816
Mais ce fusil pourrait bien être au début d'une véritable étude sur ces cadets.
Concernant l'arme, si l'un d'entre vous possède les planches et pages du Boudriot, pourrait-il me joindre par MP ?
L'École militaire de Paris a été crée sous Louis XV en 1751 afin de permettre aux jeunes de la noblesse "nés sans fortune" de se former au métier d'officier grâce à un système de bourses.
L'école sera fermée en 1788 pour des raisons d'économies budgétaires, les élèves boursiers étant dirigés soit en régiment, soit dans des collèges de province servant d'écoles militaires préparatoires.
Sources :
https://www.persee.fr/doc/inrp_0000-0000_2002_ant_10_3_8048
https://francearchives.fr/fr/commemo/recueil-2001/38816
St Etienne- Messages : 629
Date d'inscription : 03/12/2017
Localisation : Paris - Pays de Loire
Re: Un joli fusil de Cadet
Merci !
J'ai le Boudriot, et je suis à ta disposition....
J'ai le Boudriot, et je suis à ta disposition....
Non nobis Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da Gloriam.
CLOSDELIF- Administrateur
- Messages : 9129
Date d'inscription : 07/01/2015
Age : 72
Localisation : Tarn
Re: Un joli fusil de Cadet
C'est le "fusil de cadet-gentilhomme" modèle 1777 qui t'intéresse ?
J'ai aussi le Boudriot (mais je n'arrive pas à mettre la main sur le volume 4...mais c'est plus "tardif" donc pas d'intérêt sur ce coup-là).
J'ai aussi le Boudriot (mais je n'arrive pas à mettre la main sur le volume 4...mais c'est plus "tardif" donc pas d'intérêt sur ce coup-là).
TALLYHOO, TALLYHOO !
Jeppesen- Messages : 2831
Date d'inscription : 11/09/2017
Age : 75
Localisation : Haut de Seine (92)
Re: Un joli fusil de Cadet
hello
c'est une très belle arme dans un état remarquable . je n'en connaissais même pas l'existence
mes connaissances s'arrêtent aux GRAS de cadets .
c'est une très belle arme dans un état remarquable . je n'en connaissais même pas l'existence
mes connaissances s'arrêtent aux GRAS de cadets .
Les hommes de l'age de bierre habitent des tavernes
ni dieu ni maitre
cromagnon 07- Old Timer
- Messages : 2600
Date d'inscription : 07/01/2015
Age : 65
Localisation : ardèche
Re: Un joli fusil de Cadet
Pareil que Cro, je pensais (à tords) que ces fusils de cadets n'étaient apparus qu'après la guerre de 1870 avec les fusils Gras !
Merci St Etienne pour ce très joli post
Merci St Etienne pour ce très joli post
Vidocq80
vidocq80- Old Timer
- Messages : 3750
Date d'inscription : 20/01/2015
Age : 70
Localisation : HALLENCOURT 80
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