Le FN-Browning 10/22

Je vous avais promis un article sur cette arme dont je ne dispose plus.
Grâce à la gentillesse de l'ami "Pâtre" qui m'a fourni des photos du sien, je peux commencer une présentation.
Si d'autres membres souhaitent apporter d'autre éléments, surtout, qu'ils n'hésitent pas.
Si les photos ne s'affichent pas en entier; il suffit de cliquer dessus pour la voir complète
Voilà déjà une première photo d'ensemble:

Et en dessous, un 1910, pour mémoire et pour comparer :

On peut immédiatement constater qu'à la base ce sont les deux mêmes armes!
Le 10/22 a simplement eu sa poignée rallongée afin de contenir plus de cartouches, et son canon aussi, pour une meilleure précision accompagnée d'une vitesse plus importante du projectile.
La glissière n'a même pas été modifiée, on lui a simplement greffé un manchon immédiatement démontable afin de guider le canon ainsi que le montre la photo suivante:

L'histoire de cette arme commence avec la fin de la guerre de 14/18.
Dans les conséquences du traité de Versailles  on peut noter la naissance du royaume des Serbes, Croates et Slovènes...qui allait devenir la Yougoslavie en 1929. Ce jeune état souhaite équiper ses forces armées avec un PA peu cher et tirant la 9 mm court dont elle dispose d'un important stock. Les dirigeants du pays étaient en contact commercial avec la FN depuis la fin du XIX me siècle, ils se tournèrent donc naturellement vers elle. Dans la gamme, le FN 1903 était adapté....mais bien trop cher! Le FN 1910 était considéré comme trop court et avec une capacité insuffisante....En peu de temps, les gens de la FN proposèrent la solution que nous connaissons et l'arme fut immédiatement adoptée et mise en fabrication. La sérialisation commença à 200 000 pour une raison inconnue et le premier contrat ( 28/02/1923) porta sur 60 000 armes. D'autres contrats furent passés jusque dans les années 30.
Comme le 1910, le nouveau 10/22 était bi-calibre par simple changement du canon; les deux calibres étant le 7,65 Browning et le 9 mm court (ou 380 ACP). Les chargeurs étaient différents en ce sens que les trous de visualisation des cartouches étaient naturellement disposés différemment....mais chaque chargeur peut accueillir sans problèmes l'une ou l'autre des munitions considérées.
L'arme rencontra rapidement un bon succès commercial, tant chez les particuliers que les armées de plusieurs pays ainsi que les services de police correspondants.

Quelques autres photos du 10/22 de Pâtre:

L'aventure du 10/22 continue après les premiers contrats "Yougos"!
Le premier contrat Néerlandais remonte en effet à octobre 1924. Il s'agit de 2000 pièces en 7,65 (Pistool M25 N°1). La suite allait rapidement arriver avec le Pistool M25 N°2 en 9 mm court pour 2000 nouvelles armes (avril 26). Ensuite on note une série de petits ordres pour différents services Néerlandais dans les années 30. A l'approche de la guerre des commandes plus importantes furent passées:  A priori, à la veille de l'occupation Nazie, les Pays Bas devaient disposer en tout d'environ 55 000 pistolets, dans les deux calibres. Les commandes allaient reprendre après la WWII, mais nous en reparlerons !

D'autres pays achetèrent règlementairement cette arme: Le Mexique, la Grèce, la Turquie, la France ; 5500 pour la marine en particulier et de grandes quantités pour beaucoup de services de Police, la Roumanie, le Danemark, la Finlande...
L'Allemagne pour sa part en fit fabriquer de grandes quantités par la FN réquisitionnée: largement plus de 200 000 et peut être même près de 500 000 semble t'il !
Après la guerre la FN reprit la fabrication de ce modèle , tant pour le marché civil que pour les services d'états. Le numéro de série à partir de 1944 fut, en un premier temps, précédé de la lettre A.
Ensuite il s'en vendit encore pour: L'armée Belge, les services de police Allemands jusque dans les années 70, et, bien sûr, à nouveau la France!

FN 10/22, le pistolet qui ne voulait pas disparaître !
Dans les années 1970, alors que l'arme était largement obsolète, elle fut redessinée, d'abord à la demande de Browning USA qui ne pouvait plus vendre d'armes à canon court comme le 1910 (à cause du Control Act de 1968) et ensuite à la demande des Pays Bas, grands amateurs de ces modèles!
Il s'agit alors de redessiner la glissière, qui devint monobloc jusqu'à la bouche du canon, ce qui était mécaniquement logique et donnait à l'arme une apparence moins "cheap"! Dans le même souci esthétique , l'arrière de la glissière fut modernisé aussi, perdant son allure arrondie au profit d'un dessin plus anguleux.
Un indicateur d'armement fut en outre rajouté à l'arrière de l'arme, le reste ne fut pas modifié: la carcasse et ses plaquettes demeurèrent donc les mêmes qu'avant guerre !
Cela donna donc naissance à plusieurs armes poétiquement nommées: 110, 115, 120 et 125.....
Les versions qui nous intéressent aujourd'hui sont les 120 et 125, avec des dimensions exactement similaire aux anciens 10/22.
Seuls les organes de visée différencient les 120, à hausse fixe, des 125 à hausse micrométrique.
D'une manière surprenante les Pays Bas achetèrent les deux versions, dans les deux calibres, pour équiper différents services publics, et sans doute les équipes sportives seules potentiellement intéressés par la visée ajustable.
L'ensemble des ces armes se caractérise par la couronne royale et le J de la reine Juliana gravés sur le dessus de la glissière, juste derrière le guidon.
Autre détail surprenant, on peut constater que nombre de ces armes sont constituées d'une ancienne carcasse de 10/22 avec une glissière neuve de type 120! Il appert en effet que ce pays, toujours un peu "économe", passa plusieurs petites commandes d'ensembles glissières et canons seuls à la FN !
Voilà, c'est tout pour l'histoire de ces pistolets pour aujourd'hui; place maintenant aux photos de mon 120 :