L'arme d'hast médiévale
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Les armes du Paléolithique aux Années Folles :: Du Paléolithique à 1830 :: Les armes blanches et de jet
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L'arme d'hast médiévale
Je suis désolé d'ouvrir un nouveau sujet, mais la séparation par grande période du site pose un petit problème pour aborder des évolutions transversales de l'armement à travers les âges...
Les armes d'hast, (anglais "polearms") constituent un armement de piéton, et dans leur immense majorité équipaient les hommes de troupes. Elles sont toutes caractérisées par le fait qu'elles disposent d'une hampe assez longue et son utilisées à deux mains.
Il en existe trois grands types selon qu'elle dérivent d'outils modifiés (faux, fourches, fléaux, hache et serpe), d'instruments de chasse (épieu) ou qu'elles sont spécifiquement conçues pour répondre aux besoins spécifiques du champ de bataille (la hallebarde)
Au XIV et XVe siècle, il en existe une immense variété, autant qu'il existait de forgerons chargés de les fabriquer. Ce sont les historiens (et les collectionneurs) qui se sont chargés à posteriori d'en établir une classification rigide selon des termes précis qui, si on s'en réfère aux textes d'époque, n'auraient rien dit de bien précis aux utilisateurs de l'époque.
En France par exemple, on se réfère souvent à l'arme d'hast comme à une vouge. Ce terme recouvre de nos jour un corpus d'arme spécifique. Au moyen-age, c'est une arme d'hast dotée d'une lame.
1 - La Hallebarde
À la fin du XIIIe siècle se développe un armement très spécifique, en particulier en Suisse (mais aussi en France et en Allemagne du Sud), la Hallebarde. Cette arme est spécifiquement conçue pour la guerre, même si on trouve ses origines dans un outil, la serpe d'élagage. Au combat, elle arme des carrés dont les trois premiers rangs peuvent faire usage de l'arme selon une technique bien définie qui forme "bloc" et permet à une formation de ce type de recevoir une charge de cavalerie. La lame multifonction permet de frapper de taille et d'estoc et dispose d'un crochet pour tirer un cavalier ou crocheter un soldat adverse et ouvrir une brèche dans le carré d'en face. Les dernières version (XVe) disposeront de deux lames d'estoc formant une sorte de "fourchette" permettant de parer un coup et d'écarter les armes adverses.
Les Suisses rendront cette arme célèbre et l'utiliseront presque exclusivement jusqu'au début du XVe siècle (bataille d'Arbedo, 1422), date à partir de laquelle il incorporeront de plus en plus de piques dans leurs carrés qui accueilleront également des hommes armés de haches et de grandes épées à deux mains chargés de protéger les couleurs et d'exploiter les failles de la défense des piquiers adverses ou de débloquer une situation inextricable (quand deux blocs de piquiers s'imbriquent, il devient vite difficile de faire quoi que ce soit, je vous en parle d'expérience... )
Voici quelques fers de hallebardes pour vous en montrer l'évolution et la variété:
(toutes les photos proviennent du site hallebarde.ch)
proto hallebarde. on voit bien la filiation avec la serpe, mais l'arme n'est déjà plus un outil.
hallebarde suisse de fabrication locale (et non d'arsenal)
Hallebarde suisse typique du type utilisé durant les XIV et XVe siècle
hallebarde suisse typique du XVe siècle
Un autre type de hallebarde typique du XVe siècle et qui perdurera dans l'armée française jusqu'aux campagnes d'Italie.
hallebarde française saisie en 1476 et reconditionnée (poinçon suisse)
hallebarde suisse fin XVe, XVIe siècle.
hallebarde allemande du XVIIe siècle
À partir du XVIIe siècle, la hallebarde va devenir une arme honorifique et quitter le champ de bataille pour gagner les couloirs des palais comme armement typique des gardes des princes de ce monde, qu'ils soient de l'église ou du monde séculier. On connait les fameux Suisses du Vatican dont c'est l'arme de prédilection.
À venir: des photos d'utilisation de l'arme, mais il faut que je les retrouve, elles ne viennent pas du net...
Les armes d'hast, (anglais "polearms") constituent un armement de piéton, et dans leur immense majorité équipaient les hommes de troupes. Elles sont toutes caractérisées par le fait qu'elles disposent d'une hampe assez longue et son utilisées à deux mains.
Il en existe trois grands types selon qu'elle dérivent d'outils modifiés (faux, fourches, fléaux, hache et serpe), d'instruments de chasse (épieu) ou qu'elles sont spécifiquement conçues pour répondre aux besoins spécifiques du champ de bataille (la hallebarde)
Au XIV et XVe siècle, il en existe une immense variété, autant qu'il existait de forgerons chargés de les fabriquer. Ce sont les historiens (et les collectionneurs) qui se sont chargés à posteriori d'en établir une classification rigide selon des termes précis qui, si on s'en réfère aux textes d'époque, n'auraient rien dit de bien précis aux utilisateurs de l'époque.
En France par exemple, on se réfère souvent à l'arme d'hast comme à une vouge. Ce terme recouvre de nos jour un corpus d'arme spécifique. Au moyen-age, c'est une arme d'hast dotée d'une lame.
1 - La Hallebarde
À la fin du XIIIe siècle se développe un armement très spécifique, en particulier en Suisse (mais aussi en France et en Allemagne du Sud), la Hallebarde. Cette arme est spécifiquement conçue pour la guerre, même si on trouve ses origines dans un outil, la serpe d'élagage. Au combat, elle arme des carrés dont les trois premiers rangs peuvent faire usage de l'arme selon une technique bien définie qui forme "bloc" et permet à une formation de ce type de recevoir une charge de cavalerie. La lame multifonction permet de frapper de taille et d'estoc et dispose d'un crochet pour tirer un cavalier ou crocheter un soldat adverse et ouvrir une brèche dans le carré d'en face. Les dernières version (XVe) disposeront de deux lames d'estoc formant une sorte de "fourchette" permettant de parer un coup et d'écarter les armes adverses.
Les Suisses rendront cette arme célèbre et l'utiliseront presque exclusivement jusqu'au début du XVe siècle (bataille d'Arbedo, 1422), date à partir de laquelle il incorporeront de plus en plus de piques dans leurs carrés qui accueilleront également des hommes armés de haches et de grandes épées à deux mains chargés de protéger les couleurs et d'exploiter les failles de la défense des piquiers adverses ou de débloquer une situation inextricable (quand deux blocs de piquiers s'imbriquent, il devient vite difficile de faire quoi que ce soit, je vous en parle d'expérience... )
Voici quelques fers de hallebardes pour vous en montrer l'évolution et la variété:
(toutes les photos proviennent du site hallebarde.ch)
proto hallebarde. on voit bien la filiation avec la serpe, mais l'arme n'est déjà plus un outil.
hallebarde suisse de fabrication locale (et non d'arsenal)
Hallebarde suisse typique du type utilisé durant les XIV et XVe siècle
hallebarde suisse typique du XVe siècle
Un autre type de hallebarde typique du XVe siècle et qui perdurera dans l'armée française jusqu'aux campagnes d'Italie.
hallebarde française saisie en 1476 et reconditionnée (poinçon suisse)
hallebarde suisse fin XVe, XVIe siècle.
hallebarde allemande du XVIIe siècle
À partir du XVIIe siècle, la hallebarde va devenir une arme honorifique et quitter le champ de bataille pour gagner les couloirs des palais comme armement typique des gardes des princes de ce monde, qu'ils soient de l'église ou du monde séculier. On connait les fameux Suisses du Vatican dont c'est l'arme de prédilection.
À venir: des photos d'utilisation de l'arme, mais il faut que je les retrouve, elles ne viennent pas du net...
freebird- Administrateur
- Messages : 2473
Date d'inscription : 04/01/2015
Age : 55
Re: L'arme d'hast médiévale
Merci Freebird c'est un superbe article. L'utilisation en combat doit quand même poser des problèmes.
le coté pique ça c'est OK mais l'utilisation de la partie "hache" cela ne doit se faire que lorsqu'on est isolé je pense ...
le coté pique ça c'est OK mais l'utilisation de la partie "hache" cela ne doit se faire que lorsqu'on est isolé je pense ...
Re: L'arme d'hast médiévale
justement non...
Je vais essayer de l'expliquer avant de trouver les photos qui vont bien...
Dans un carré de hallebardier, les trois premiers rangs ont chacun une position pointant leur arme vers l'adversaire à différente hauteur. Les hommes de chaque rang s'appuie sur celui de derrière pour verrouiller leurs appuis au sol.
La hampe du premier rang est posée au sol et sur le genou gauche, ce qui constitue une barrière anti cavalier solide.
L'arme au second rang est portée à hauteur de poitrine, le bras droit tendu vers l'arrière, coupa armé, le bras gauche plié, prêt à se détenre pour frapper d'estoc.
L'arme du troisième rang est pointée à bout de bras en hauteur, pour viser la tête des chevaux ennemis (s'ils ont le courage d'arriver jusqu'au carré.)
Dans cette configuration, (anti cavalerie, tu as raison, le but est de présenter la pointe et de former un mur solide. La tactique est la même que celle des piques qui lui succédera.
Par contre, dans un affrontement entre deux carrés de hallebardiers, ou contre un adversaire utilisant d'autres armes d'hast, la hallebarde, en rang, peut se manier d'estoc, de taille (de haut en bas, certes ), elle peut également servir à engager les fers de l'ennemi ou crocheter les gorgerins, les coudières, tout ce qui dépasse pour ouvrir une brèche.
Les hallebardiers des rangs d'après, ou les "doubles soldes" (armés des grandes épées à deux mains) peuvent alors sortir et attaquer sur les flancs ou profiter des brèches pour tailler dans le lards.
Il existe également toute une escrime à la hallebarde, qui se pratique lorsque les carrés sont débandés et que le combat devient une série de duels...
Je vais essayer de l'expliquer avant de trouver les photos qui vont bien...
Dans un carré de hallebardier, les trois premiers rangs ont chacun une position pointant leur arme vers l'adversaire à différente hauteur. Les hommes de chaque rang s'appuie sur celui de derrière pour verrouiller leurs appuis au sol.
La hampe du premier rang est posée au sol et sur le genou gauche, ce qui constitue une barrière anti cavalier solide.
L'arme au second rang est portée à hauteur de poitrine, le bras droit tendu vers l'arrière, coupa armé, le bras gauche plié, prêt à se détenre pour frapper d'estoc.
L'arme du troisième rang est pointée à bout de bras en hauteur, pour viser la tête des chevaux ennemis (s'ils ont le courage d'arriver jusqu'au carré.)
Dans cette configuration, (anti cavalerie, tu as raison, le but est de présenter la pointe et de former un mur solide. La tactique est la même que celle des piques qui lui succédera.
Par contre, dans un affrontement entre deux carrés de hallebardiers, ou contre un adversaire utilisant d'autres armes d'hast, la hallebarde, en rang, peut se manier d'estoc, de taille (de haut en bas, certes ), elle peut également servir à engager les fers de l'ennemi ou crocheter les gorgerins, les coudières, tout ce qui dépasse pour ouvrir une brèche.
Les hallebardiers des rangs d'après, ou les "doubles soldes" (armés des grandes épées à deux mains) peuvent alors sortir et attaquer sur les flancs ou profiter des brèches pour tailler dans le lards.
Il existe également toute une escrime à la hallebarde, qui se pratique lorsque les carrés sont débandés et que le combat devient une série de duels...
freebird- Administrateur
- Messages : 2473
Date d'inscription : 04/01/2015
Age : 55
Re: L'arme d'hast médiévale
La hallebarde fait environ 2.5 m. La pique d'infanterie, selon les périodes, de 4 à 6 mètres.
Pourtant, la pique remplacera la hallebarde comme armement de base des carrés, car plus efficaces contre les charges de cavalerie lourde (elle tient les chevaux bien plus loin )
Une fois la pique devenue l'arme de base du fantassin médiéval, les hallebardiers deviendront les alter ego des doubles soldes et serviront de "voltigeurs" une fois les carrés de piquiers engagés au contact.
En général, ces carrés étaient également appuyés par des unités équipées d'armes de jet (arcs, puis très vite arbalètes, et enfin armes à feu, dès la fin du XVe siècle.
(NB: toutes ces remarques son valables pour l'Europe continentale de la fin du XIIIe au milieu du XVIe. La situation est par exemple assez différente en Angleterre.)
Ce n'est que bien après que l'arme à feu supplantera la pique comme arme du fantassin, mais je laisserai à StELoi le plaisir de développer le pourquoi de la chose, s'il le souhaite.
Pourtant, la pique remplacera la hallebarde comme armement de base des carrés, car plus efficaces contre les charges de cavalerie lourde (elle tient les chevaux bien plus loin )
Une fois la pique devenue l'arme de base du fantassin médiéval, les hallebardiers deviendront les alter ego des doubles soldes et serviront de "voltigeurs" une fois les carrés de piquiers engagés au contact.
En général, ces carrés étaient également appuyés par des unités équipées d'armes de jet (arcs, puis très vite arbalètes, et enfin armes à feu, dès la fin du XVe siècle.
(NB: toutes ces remarques son valables pour l'Europe continentale de la fin du XIIIe au milieu du XVIe. La situation est par exemple assez différente en Angleterre.)
Ce n'est que bien après que l'arme à feu supplantera la pique comme arme du fantassin, mais je laisserai à StELoi le plaisir de développer le pourquoi de la chose, s'il le souhaite.
freebird- Administrateur
- Messages : 2473
Date d'inscription : 04/01/2015
Age : 55
Re: L'arme d'hast médiévale
Je saute au XVIII e ,
Armes honorifiques certes , mais pas inutiles . La pique et la hallebarde servent à aligner les hommes , ça fait joli
mais surtout ça évite les accidents de tir . Lors de l' assaut ça évite à la troupe de se " débander " .
Pendant les combats , la pique permet d'identifier le capitaine , ça facilite le regroupement , surtout quand le tambour
est mort . Ça sert aussi de moyen de communication avec les autres officiers .
La hallebarde ( et sa cousine la pertuisane ) du sergent sert aussi aux alignements et aux communications . Elle permet en outre , si on ne lui a pas tiré dans le dos , d' affronter les déserteurs avec un avantage de quelques cm sur la baïonnette du soldat .
Ça peut éventuellement servir contre l' ennemi dans le corps à corps .
En garnison , la hallebarde sert au maintien de l'ordre , pas toujours léthale , on peut percer une cuisse ou tailler une oreille ,
ça calme les esprits et évite les mouvements de foule . La hallebarde possède généralement un crochet , ça sert à tout sortes de choses mais c' est particulièrement efficace lorsque placé sur la gorge d'un excité qu'on veut calmer . J' avais une gravure de cette " prise de tête " à quelque part . Une sorte de clé de tête avec la base du fer de la hallebarde dans la main , la hampe traine sur le sol et fait office de levier . Deux mètres de levier .
Armes honorifiques certes , mais pas inutiles . La pique et la hallebarde servent à aligner les hommes , ça fait joli
mais surtout ça évite les accidents de tir . Lors de l' assaut ça évite à la troupe de se " débander " .
Pendant les combats , la pique permet d'identifier le capitaine , ça facilite le regroupement , surtout quand le tambour
est mort . Ça sert aussi de moyen de communication avec les autres officiers .
La hallebarde ( et sa cousine la pertuisane ) du sergent sert aussi aux alignements et aux communications . Elle permet en outre , si on ne lui a pas tiré dans le dos , d' affronter les déserteurs avec un avantage de quelques cm sur la baïonnette du soldat .
Ça peut éventuellement servir contre l' ennemi dans le corps à corps .
En garnison , la hallebarde sert au maintien de l'ordre , pas toujours léthale , on peut percer une cuisse ou tailler une oreille ,
ça calme les esprits et évite les mouvements de foule . La hallebarde possède généralement un crochet , ça sert à tout sortes de choses mais c' est particulièrement efficace lorsque placé sur la gorge d'un excité qu'on veut calmer . J' avais une gravure de cette " prise de tête " à quelque part . Une sorte de clé de tête avec la base du fer de la hallebarde dans la main , la hampe traine sur le sol et fait office de levier . Deux mètres de levier .
StÉloi- Old Timer
- Messages : 911
Date d'inscription : 07/01/2015
Le costume, l'armure et les armes au temps de la chevalerie, Tome 1, du huitième au quinzième siècle
Cet exposé sur les piques et hallebardes est passionnant !
Concernant les armes médiévales je vous recommande ce livre :
Le costume, l'armure et les armes au temps de la chevalerie, Tome 1, du huitième au quinzième siècle Liliane Et Fred Funcken
Un exemplaire est en vente sur PM pour 48 euros.
Cela peut paraitre cher, mais il faut savoir que cette collection des années 70 est à ce jour épuisée
(à l'exception de deux volumes sur 14/18 et l'armée Américaine /rééditions du Hibou 2014).
Concernant les armes médiévales je vous recommande ce livre :
Le costume, l'armure et les armes au temps de la chevalerie, Tome 1, du huitième au quinzième siècle Liliane Et Fred Funcken
Un exemplaire est en vente sur PM pour 48 euros.
Cela peut paraitre cher, mais il faut savoir que cette collection des années 70 est à ce jour épuisée
(à l'exception de deux volumes sur 14/18 et l'armée Américaine /rééditions du Hibou 2014).
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