Un ÉNORME suisse. Pas prévu.

Bonjour à toute la joyeuse bande de troueurs de cartons et autres paléofondus.

Voici un beau bon vieux fusil suisse, bien lourd et massif, pas vraiment le genre "canne à pêche". Non plutôt "poteau de mine". Ou "mât de misaine".



La photo ne dit pas la longueur ni le poids.
C'est presque aussi long qu'un 1822 T bis. Beaucoup plus lourd aussi.

En compagnie d'un certain K11, on voit mieux :


Bon.
On fait les présentations.

C'est un fusil suisse modèle 1878. Avec son énorme culasse, certains auront traduit : Vetterli.
Conséquence du viol d'une innocente Winchester par un fusil de rempart ?

En tout cas, il s'est présenté à moi alors que je lorgnais plutôt du côté SMLE Mk III ... comme quoi, faut pas chercher : les voies du collectionneur sont aussi impénétrables que celles du Bon Dieu.

Et je n'ai pas été déçu.

Tout au numéro, fonctionnement fluide, percussion franche, monture en noyer à se taper le c.. par terre tellement elle est belle, bronzage à peine terni. Et le canon ... une glace à très belles rayures.

Sans attendre, voici les photos :

Face gauche.

Gros plan sur le boîtier vu de droite :


Le boîtier de culasse vue de gauche.
Le contraste des couleurs et des matières : une arme magnifique.
Cette face du boîtier porte l'indication de l'établissement d'origine du fusils. Ici la Waffenfabrik de Berne.
Le N° de série, puis la dénomination de l'arme : M 78.
Sous le boîtier, un volumineux pontet muni d'un fort repose-doigt. Survivance de ces pontets à volute des carabines fédérales. C'est taillé pour de très fortes mains de bons montagnards. Comme toute l'arme dans son ensemble d'ailleurs.
Les 3 cartouches sont d'origine. Elles sont inertes.


Le boîtier de culasse, vu du dessus pour montrer la grande fenêtre d'éjection des étuis tirés. On remarque tout de suite le très fort aminci du fusil à ce niveau. Notons que la tige de percussion ressort à l'arrière de la culasse, indiquant que le mécanisme est à l'armé. Rien de superflu, mais quelle finition d'ensemble ... :


La fenêtre d'introduction des cartouches n'a pas de volet, juste un ... une rampe arrondie qui va guider les cartouches vers le tube-magasin et qui s'interrompt pour former une butée, de sorte que la cartouche, poussée par le ressort du magasin se trouve arrêtée par son culot :


La hausse mobile vue de droite, on remarque qu'elle est fixée par une large queue d'aronde. On pense à un escargot...
Remarquons l'ovale de la clavette de fixation du canon à la monture.
Justement, ici, la monture laisse admirer un magnifique veinage :


Vue de gauche, la hausse est plus détaillée. Les graduations en hectomètres suivent la courbe de l'escargot. Elle porte un axe de pivotement, ici, une vis, permettant d'incliner une planchette vers le haut et de régler sa position à l'aide des graduations. Ladite planchette est freinée par une barrette formant ressort.
Sur le pan du canon, le N° de série.


Sous la hausse, la monture porte une plaque vissée montrant le bout de la clavette de fixation du canon. Cette clavette vient traverser la monture de droite vers la gauche. C'est une survivance un peu archaïque du mode de fixation des carabines fédérales, d'autant plus étonnant que le fusil possède aussi une capucine-grenadière et un embouchoir bien plus classiques.

La hausse comporte une rallonge qui vient doubler sa longueur.

La rallonge porte ses propres graduations, toujours en hectomètres. Ce fusil est en mesure de tirer jusqu'à 1600 mètres. Ils tirent vachement bien, en Suisse ...
Vue de dessus pour voir les graduations de la rallonge, mais aussi la saignée creusée le long de la planchette. Elle permettait de prendre la visée planchette au plus bas sans cacher le guidon.
On pense à tout, en Suisse. :


Enfin, le plus important, le canon. Sans commentaire :


La crosse, outre les classiques blasons à croix helvétique, porte ce curieux macaron, je lis D1 + CI :


Le reste de l'arme reste très classique. Juste terminons par la plaque de couche, très incurvée.
On a clairement eu la nostalgie des carabines fédérales, alors ... on lui a donné un petit cul de poule.
C'est vraiment le seul élément du fusil à être un peu abîmé, le bronzage portant quelques taches de rouille.


Que dire de plus ?
Un très beau fusil que je n'imaginais pas un jour sur mes râteliers. Mais voila.
Il me reste tout à apprendre de l'arme.
A commencer par savoir la démonter et la remonter.
A lui trouver une baguette.
Et puis surtout à le faire parler ...

Bonne soirée !

Très surprenant, ce fusil, et il finit par avoir une sorte de "laideur" séduisante, surtout dans un tel état !

Bravo pour ton acquisition

Bravo St Etienne c'est un très beau fusil ! Il est dans un état de fraicheur remarquable !!

hello
très bel état pour ce vieux pépère

Merci à tous de vos retours.
Et merci à Clos pour ce lien sur la vidéo de Fabian.
D'abord je mets une tête sur le pseudo et surtout : je sais démonter-remonter le mécanisme.
C'est effectivement très simple.
Enfin le bref aperçu historique m'a passionné.

Mais j'ai pas trouvé la 2e partie de la vidéo ...    

St Etienne a écrit:
En tout cas, il s'est présenté à moi alors que je lorgnais plutôt du côté SMLE Mk III ... comme quoi, faut pas chercher : les voies du collectionneur sont aussi impénétrables que celles du Bon Dieu.

Maintenant que tu as goûté aux Suisses, permets moi de te faire remarquer que ce serait dommage d'en rester à ces deux seuls modèles...parce que toute la gamme suisse bénéficie d'un usinage tip top, d'une réputation de précision justifiée, et qu'on les trouve encore assez facilement en très bon état à des prix raisonnables...

CLOSDELIF a écrit:Ah....tentateur...suppôt de Satan !!!!

Hé hé...

Oui, il ne faut pas écarter les Çuisses. Jamais...  

Je pensais que nos amis suisses s'étaient inspirés des Buffalo qu'on voyait sur les catalogues de la Manuf, mais c'est
une autre dimension et grâce à la belle vidéo de Fabian on a pu découvrir que c'était assez technique .

St Etienne a écrit:
La crosse, outre les classiques blasons à croix helvétique, porte ce curieux macaron, je lis D1 + CI :

J'ai le même sur le mien, quelqu'un en connait-il la signification ?

CLOSDELIF a écrit:

jean santos a écrit:Je pensais que nos amis suisses s'étaient inspirés des Buffalo qu'on voyait sur les catalogues de la Manuf, mais c'est
une autre dimension et grâce à la belle vidéo de Fabian on a pu découvrir que c'était assez technique .

Le Vetterli est quand même bien antérieur au système Buffalo j'ai l'impression....

Brevet de 1895 pour le Buffalo, non ?

Corto Maltese a écrit:

St Etienne a écrit:
En tout cas, il s'est présenté à moi alors que je lorgnais plutôt du côté SMLE Mk III ... comme quoi, faut pas chercher : les voies du collectionneur sont aussi impénétrables que celles du Bon Dieu.

Maintenant que tu as goûté aux Suisses, permets moi de te faire remarquer que ce serait dommage d'en rester à ces deux seuls modèles...parce que toute la gamme suisse bénéficie d'un usinage tip top, d'une réputation de précision justifiée, et qu'on les trouve encore assez facilement en très bon état à des prix raisonnables...

Oui, c'est vrai que j'ai pu mesurer la qualité suisse au tir sur le K11.
C'est vrai que ces armes sont en excellent état et usinages au top.
Trop facile : ils n'ont jamais connu la guerre, ni les tirs à outrance, ni la gadoue des tranchées, ni l'entretien "quand on a le temps".

Quand à mes armes, et plus spécialement le M78, il me reste encore à m'équiper pour assembler les cartouches de 10,4 ... puis aller les tirer.
- trouver un percuteur en PC (le fusil n'a que la fourche en annulaire, mais il est percé pour PC)
- trouver les étuis qu'il faudra ensuite modifier
- trouver comment les modifier ...
- un moule va être utile ...
Bref, je vais être pas mal occupé et il va y avoir des dépenses.
Donc, face à cette forte tentation, le frein est tout trouvé : le temps et l'argent.
Sans parler de l'espace : je dois bientôt retourner à Paris = très loin de mon club. Et le coût d'un 2e club à Paris ... au secours !  

Mais j'y pense, j'y pense ...

Ok, en effet, ça semble un peu plus simple que pour les cartouches Snider ou 43 Egyptien.

En tout cas, merci infiniment de tes encouragements.

Je reviens sur l'excellente vidéo de Fabian.

Concrètement, elle m'a permis de comprendre le démontage-remontage du fusil et de la culasse.
On commence par retirer la crosse et la monture, puis on peut tomber le mécanisme de répétition et l'auget.
Élément très important sur cette photo : le tournevis d'ordonnance à lame plate, j'y reviendrai :

Puis la culasse, une fois compris le rôle de chaque pièce, c'est très simple, et les ajustements font que c'est très aisé :

Le système bi-percuteur bien visible, de même que l'orifice pour un percuteur PC ... qu'il faudra (faire) fabriquer.


Finalement, très peu de différences entre un M69 et mon M78.
Je note quand même qu'il n'est pas prévu de démonter le tube-magasin. On peut juste dévisser le bouchon puis retirer le poussoir et le ressort. Ou alors, on utilise la baguette pour forcer le tube à sortir ... ?

Remarque importante : pour démonter ce fusil, ON DOIT IMPÉRATIVEMENT UTILISER UN TOURNEVIS À LAME ENTIÈREMENT PLATE, tel le tournevis d'ordonnance. Un tournevis moderne à tige ronde trop large ne permet pas de retirer les clavettes de la monture et encore moins celle qui verrouille la culasse. Il est sur la photo du fusil démonté et sur celle juste au dessus.

J'ai profité du démontage pour vous préparer un reportage sur les différents poinçons et marquages des pièces de l'arme. Peut-être qu'ils parleront aux spécialistes.

En attendant, le système de clavette à tiroir pour la fixation arrière du canon sur la monture est intéressant dans ses détails : c'est une clavette captive, mais, elle est quand même matriculée ...


A bientôt

Je ne sais pas.
Je ne connais pas la saillie normale d'une fourche en annulaire.  

Voici une photo de profil, les percuteurs dépassent très peu, d'environ 1 mm.


Mais, étant donné qu'un précédent détenteur de l'arme a fait percer un canal au centre de la tête de culasse, il est possible que le même ait raccourci les fourches.