Le Second Empire vu par ses armes, ses batailles, ses événements
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Pâtre
CLOSDELIF
St Etienne
7 participants
Le Second Empire vu par ses armes, ses batailles, ses événements
Amis du forum et des armes anciennes, salut et prospérité.
Aujourd'hui, je vous propose de faire de l'histoire concrète.
Il y a plusieurs années, j'avais publié sur Tcar quelques tableaux associant arme à feu et arme blanche.
Je voudrais aller un peu plus loin avec vous, et afin de réaliser une véritable mise en perspective, associer 3 éléments :
1 Un événement, un personnage ou un lieu
2 Une ou plusieurs représentations du temps (daguerréotypes, photos, dessins, peintures ...)
3 Une ou deux armes en tant que lien concret entre 1 et 2
Vous me connaissez, la période que j'ai choisi est celle du Second Empire.
Sans m'étendre sur le pourquoi du comment, je dirai que je suis attiré par ce qui est peu ou mal connu.
(À l'inverse, tout magazine 'historique' ne pouvant pas sortir de couverture sans y coller un panzer ... j'ai du mal.)
Ce matin, voici une première étude.
Evénement : la bataille de Gravelotte Saint-Privat
Représentations : 2 œuvres peintes
Armes associées : fusil Chassepot et sabre 1845
C'est parti :
1870, l'année terrible.
Fatigué, mal conseillé, malade, l'Empereur se laisse tomber dans le piège de Bismarck et sa dépêche d'Ems : à un contre deux, nous déclarons la guerre à la Prusse !
Malheureusement, les chefs de notre armée ne sont pas au niveau de leurs homologues prussiens : les affaires commencent mal : Wissembourg, Frœschwiller, … ça finira à Sedan et Metz.
La bataille de Gravelotte Saint-Privat se déroule le 18 Août 1870 près de Metz. Elle met aux prises l’Armée du Rhin commandée par le Maréchal Bazaine. Côté prussien, le Général von Moltke et ses Ière et IIème armées sont mis en grande difficulté. Mais Bazaine ne saisit pas la victoire alors qu’il n’a même pas engagé l’ensemble de ses forces. Ce sera la dernière occasion perdue. Deux jours plus tard, il se laissera enfermer dans Metz.
Il n’y a pas beaucoup photographies des premiers combats d’Août 1870. Après la guerre, Detaille, Grolleron, de Neuville - entre autres - produiront de nombreuses œuvres peintes pour exalter l’esprit de revanche.
Voici le détail d’un tableau du peintre allemand (Ernst ?) Zimmer montrant les fantassins de la Garde Prussienne à la bataille de Gravelotte, pris sous le feu français provenant d’un groupe de maisons au loin. On notera que les hommes du premier plan forment la seconde ligne allemande, elle-même sous le feu des Chassepots.
La Garde perdra ce jour-là plus de 20 mille hommes tués, blessés et disparus. Le double des pertes françaises, d’ou le proverbe « ça tombe comme Gravelotte ».
En effet, l’infanterie française, postée dans ses tranchées, va clouer les Prussiens au feu des Chassepots. Les mitrailleuses de Reffye, bien utilisées, feront des ravages.
Voici le détail d’un tableau de Grolleron, rendant bien l’atmosphère d’un combat en 1870. La fumée des coups de fusils est omniprésente, produisant un effet de brouillard.
Les hommes sont au ‘feu à volonté’. Ils n’ont pas fixé les baïonnettes de leurs fusils, afin de préserver à la fois précision et maniabilité.
Quand on regarde attentivement, on notera que le chien du fusil du 1er soldat est à l’abattu, celui du fusil de l’homme debout derrière le caisson est à l’armé : souci du détail.
En comparant les deux œuvres, on notera que les troupes prussiennes combattent sans leur sac, au contraire des soldats français : ils portent 20 kilos de plus.
Les Dreyse ont tous leur baïonnette à poste, mais elle est deux fois plus légère que celle des français et de dérange pas le tir.
Voici notre tableau qui réunit trois principales armes françaises en dotation à la bataille de Gravelotte Saint Privat : un fusil Mle 1866 Chassepot, son Sabre-Baïonnette et un Sabre d’Adjudant d’Infanterie Mle 1845.
Détaillons en peu.
Le fusil Mle 1866 Chassepot de 11 mm équipe l'ensemble de notre infanterie depuis 1867. Sa précision, sa vitesse de tir en font une arme exceptionnelle. De plus, en 1870, les armes sont quasiment neuves.
Ce fusil 1866 est un témoin à plusieurs titres : fabriqué à Mutzig en 1868, dans la terre d'Alsace, il est conçu par Alphonse Chassepot armurier et contrôleur à Mutzig et Châtellerault et Alsacien lui-même. Cette Alsace qui fut annexée en 1871.
Très supérieur au Dreyse Prussien, le fusil Chassepot causera la plupart des pertes allemandes, car sa balle est très vulnérante et son tir très précis.
Décrié et critiqué aussitôt après la guerre, le Chassepot n’a pas démérité. Au mains des soldats de l’Armée Impériale, entraînés par un véritable drill à l’anglaise à l’utilisation de l’arme et de ses cartouches, le Chassepot donne entière satisfaction.
Plus tard, distribué à la va-vite à des Mobiles pas ou peu formés, ayant reçu une ‘instruction’ technique trop rapide et utilisant des cartouches mal fagotées … il n’en sera pas de même.
Ces deux armes ont été fabriquées par la manufacture Impériale de Mutzig en Février 1868. Le fusil est en état de tir et il m’accompagne au pas de tir à 100 mètres dès que je parviens à rassembler au moins 13 cartouches. Ces cartouches en papier sont particulièrementch...tes à fabriquer … mais c’est comme ça.
Enfin, le Sabre d’Adjudant d’Infanterie Modèle 1845 est très courant dans l’Armée. Celui-ci a la chance d’être resté complet avec son fourreau en cuir. D'origine familiale, il proviendrait d'un ancêtre qui, alors Lieutenant, portait ce sabre à Magenta.
Bonne lecture !
A bientôt
Aujourd'hui, je vous propose de faire de l'histoire concrète.
Il y a plusieurs années, j'avais publié sur Tcar quelques tableaux associant arme à feu et arme blanche.
Je voudrais aller un peu plus loin avec vous, et afin de réaliser une véritable mise en perspective, associer 3 éléments :
1 Un événement, un personnage ou un lieu
2 Une ou plusieurs représentations du temps (daguerréotypes, photos, dessins, peintures ...)
3 Une ou deux armes en tant que lien concret entre 1 et 2
Vous me connaissez, la période que j'ai choisi est celle du Second Empire.
Sans m'étendre sur le pourquoi du comment, je dirai que je suis attiré par ce qui est peu ou mal connu.
(À l'inverse, tout magazine 'historique' ne pouvant pas sortir de couverture sans y coller un panzer ... j'ai du mal.)
+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+
Ce matin, voici une première étude.
Evénement : la bataille de Gravelotte Saint-Privat
Représentations : 2 œuvres peintes
Armes associées : fusil Chassepot et sabre 1845
C'est parti :
Tableau 1
La bataille de Gravelotte Saint-Privat
La bataille de Gravelotte Saint-Privat
1870, l'année terrible.
Fatigué, mal conseillé, malade, l'Empereur se laisse tomber dans le piège de Bismarck et sa dépêche d'Ems : à un contre deux, nous déclarons la guerre à la Prusse !
Malheureusement, les chefs de notre armée ne sont pas au niveau de leurs homologues prussiens : les affaires commencent mal : Wissembourg, Frœschwiller, … ça finira à Sedan et Metz.
La bataille de Gravelotte Saint-Privat se déroule le 18 Août 1870 près de Metz. Elle met aux prises l’Armée du Rhin commandée par le Maréchal Bazaine. Côté prussien, le Général von Moltke et ses Ière et IIème armées sont mis en grande difficulté. Mais Bazaine ne saisit pas la victoire alors qu’il n’a même pas engagé l’ensemble de ses forces. Ce sera la dernière occasion perdue. Deux jours plus tard, il se laissera enfermer dans Metz.
Il n’y a pas beaucoup photographies des premiers combats d’Août 1870. Après la guerre, Detaille, Grolleron, de Neuville - entre autres - produiront de nombreuses œuvres peintes pour exalter l’esprit de revanche.
Voici le détail d’un tableau du peintre allemand (Ernst ?) Zimmer montrant les fantassins de la Garde Prussienne à la bataille de Gravelotte, pris sous le feu français provenant d’un groupe de maisons au loin. On notera que les hommes du premier plan forment la seconde ligne allemande, elle-même sous le feu des Chassepots.
La Garde perdra ce jour-là plus de 20 mille hommes tués, blessés et disparus. Le double des pertes françaises, d’ou le proverbe « ça tombe comme Gravelotte ».
En effet, l’infanterie française, postée dans ses tranchées, va clouer les Prussiens au feu des Chassepots. Les mitrailleuses de Reffye, bien utilisées, feront des ravages.
Voici le détail d’un tableau de Grolleron, rendant bien l’atmosphère d’un combat en 1870. La fumée des coups de fusils est omniprésente, produisant un effet de brouillard.
Les hommes sont au ‘feu à volonté’. Ils n’ont pas fixé les baïonnettes de leurs fusils, afin de préserver à la fois précision et maniabilité.
Quand on regarde attentivement, on notera que le chien du fusil du 1er soldat est à l’abattu, celui du fusil de l’homme debout derrière le caisson est à l’armé : souci du détail.
En comparant les deux œuvres, on notera que les troupes prussiennes combattent sans leur sac, au contraire des soldats français : ils portent 20 kilos de plus.
Les Dreyse ont tous leur baïonnette à poste, mais elle est deux fois plus légère que celle des français et de dérange pas le tir.
Voici notre tableau qui réunit trois principales armes françaises en dotation à la bataille de Gravelotte Saint Privat : un fusil Mle 1866 Chassepot, son Sabre-Baïonnette et un Sabre d’Adjudant d’Infanterie Mle 1845.
Détaillons en peu.
Le fusil Mle 1866 Chassepot de 11 mm équipe l'ensemble de notre infanterie depuis 1867. Sa précision, sa vitesse de tir en font une arme exceptionnelle. De plus, en 1870, les armes sont quasiment neuves.
Ce fusil 1866 est un témoin à plusieurs titres : fabriqué à Mutzig en 1868, dans la terre d'Alsace, il est conçu par Alphonse Chassepot armurier et contrôleur à Mutzig et Châtellerault et Alsacien lui-même. Cette Alsace qui fut annexée en 1871.
Très supérieur au Dreyse Prussien, le fusil Chassepot causera la plupart des pertes allemandes, car sa balle est très vulnérante et son tir très précis.
Décrié et critiqué aussitôt après la guerre, le Chassepot n’a pas démérité. Au mains des soldats de l’Armée Impériale, entraînés par un véritable drill à l’anglaise à l’utilisation de l’arme et de ses cartouches, le Chassepot donne entière satisfaction.
Plus tard, distribué à la va-vite à des Mobiles pas ou peu formés, ayant reçu une ‘instruction’ technique trop rapide et utilisant des cartouches mal fagotées … il n’en sera pas de même.
Ces deux armes ont été fabriquées par la manufacture Impériale de Mutzig en Février 1868. Le fusil est en état de tir et il m’accompagne au pas de tir à 100 mètres dès que je parviens à rassembler au moins 13 cartouches. Ces cartouches en papier sont particulièrement
Enfin, le Sabre d’Adjudant d’Infanterie Modèle 1845 est très courant dans l’Armée. Celui-ci a la chance d’être resté complet avec son fourreau en cuir. D'origine familiale, il proviendrait d'un ancêtre qui, alors Lieutenant, portait ce sabre à Magenta.
Bonne lecture !
A bientôt
Dernière édition par St Etienne le Mar 20 Avr - 13:30, édité 2 fois (Raison : frappe)
St Etienne- Messages : 599
Date d'inscription : 03/12/2017
Localisation : Paris - Pays de Loire
Re: Le Second Empire vu par ses armes, ses batailles, ses événements
Merci Paul!
Ce travail est remarquable à plus d'un titre; je suis heureux que tu en fasses profiter les membres de ce modeste (par la taille, pas par la qualité) forum.
Ainsi que je te l'avais dit, je propose de laisser ce fil ouvert aux réactions de nos amis.
Parallèlement, je vais créer un second fil dans la rubrique médiathèque. Ce second fil sera verrouillé afin de constituer la base d'un éventuel fonds documentaire "Spécial Paléo et Histoire"
Ce travail est remarquable à plus d'un titre; je suis heureux que tu en fasses profiter les membres de ce modeste (par la taille, pas par la qualité) forum.
Ainsi que je te l'avais dit, je propose de laisser ce fil ouvert aux réactions de nos amis.
Parallèlement, je vais créer un second fil dans la rubrique médiathèque. Ce second fil sera verrouillé afin de constituer la base d'un éventuel fonds documentaire "Spécial Paléo et Histoire"
Non nobis Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da Gloriam.
CLOSDELIF- Administrateur
- Messages : 8866
Date d'inscription : 07/01/2015
Age : 72
Localisation : Tarn
Re: Le Second Empire vu par ses armes, ses batailles, ses événements
Cette époque, cette guerre, sont passées au second plan après la guerre de '14, puis la 2°GM.
C'est néanmoins une période importante.
Et en conséquence très intéressante historiquement.
Petite erreur de frappe: "Le fusil Mle 1866 Chassepot de 11 mm équipe l'ensemble de notre infanterie depuis 1857"
Pâtre- Messages : 1388
Date d'inscription : 08/01/2015
Re: Le Second Empire vu par ses armes, ses batailles, ses événements
Merci Pâtre.
La coquille est corrigée.
La coquille est corrigée.
St Etienne- Messages : 599
Date d'inscription : 03/12/2017
Localisation : Paris - Pays de Loire
Re: Le Second Empire vu par ses armes, ses batailles, ses événements
Des vidéos que je trouve pas mal Dans la thématique:
(en fait, c'est toute la chaine qui est pas mal. Mais la, c'est dans le thème Guerre de '70!)
Pâtre- Messages : 1388
Date d'inscription : 08/01/2015
Re: Le Second Empire vu par ses armes, ses batailles, ses événements
hello
période passionnante
période passionnante
Les hommes de l'age de bierre habitent des tavernes
ni dieu ni maitre
cromagnon 07- Old Timer
- Messages : 2562
Date d'inscription : 07/01/2015
Age : 65
Localisation : ardèche
vidocq80- Old Timer
- Messages : 3696
Date d'inscription : 20/01/2015
Age : 69
Localisation : HALLENCOURT 80
Re: Le Second Empire vu par ses armes, ses batailles, ses événements
Merci pour cette page d'Histoire, sans en faire des tonnes tu sais planter un décor et mettre une ambiance !
Je dois confesser que cette période de notre histoire ne m'intéresse que très moyennement mais j'ai pris beaucoup de plaisir à te lire.
Je dois confesser que cette période de notre histoire ne m'intéresse que très moyennement mais j'ai pris beaucoup de plaisir à te lire.
Re: Le Second Empire vu par ses armes, ses batailles, ses événements
Merci pour cet article très instructif, je ne connaissais que très mal cette période de l'Histoire...
Bienheureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière (Audiard)
Corto Maltese- Administrateur
- Messages : 4758
Date d'inscription : 04/01/2015
Age : 60
Localisation : 44
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