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Reichrevolver 1879 & 1883

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Message par Invité Sam 18 Avr - 10:35

Reichrevolver 1879

Reichrevolver 1879 & 1883 Img_3310


l’article de la Gazette des Armes n°160 décembre 1986 est accessible là ...  http://fr.1001mags.com/parution/gazette-des-armes/numero-160-decembre-1986/page-14-15-texte-integral

A PRES le coup de tonnerre qu'a constitué la victoire de la Prusse sur la France, l'Europe attentive voit se réunir, sous l'égide de la Prusse, la Saxe et le Wurtemberg. Le contrôle de l'armée bavaroise passe pratiquement entre les mains de Guillaume lu, les autres petits Etats, par la force des choses, ne peuvent qu'emboîter le pas. Désormais, uniformes, équipements et armements se devront d'être communs, (à quelques variantes près). On ne pourra plus voir, comme lors du dernier conflit engagé contre notre pays, un amalgame de fusils Dreyse, Podwill et autres Werder, (ne parlons pas des armes de poing), qui ne pouvait manquer de poser certains problèmes de logistique au Haut Etat-Major prussien. Vers l'abandon d'un armement disparate La première étape, qui constituera la pierre de voûte vers cette standardisation de l'armement, sera l'adoption en mars 1872 du fusil Mauser. Une fois ce pas décisif franchi, la « Kommission condescent à enfin tourner son regard vers l'arme de poing jusqu'alors négligée... Il faut bien remarquer, que dans ce domaine, le retard enregistré par rapport aux autres grandes nations européennes, (ne citons pas les USA) se révélait dramatique I Examinons plutôt la situation de l'armée et de la marine allemandes à l'aube des années 1880. Les troupes prussiennes se trouvaient encore dotées de l'archaïque pistolet à percussion modèle 1850, militairement dépassé depuis sa création. La marine de cet Etat par Henri VUILLEMIN En 1871, le Traité de Versailles consacre à la fois la victoire de la Prusse sur la France, et la fondation de l'Allemagne moderne qui prend le nom de « Deutsch Reich ». De cette réunification, concrétisation du vieux rêve du chancelier Bismarck, naîtront bientôt un Reichtag, un Reichmarck, et en 1879, un Reichrevolver, première arme de poing réglementaire du jeune Empire allemand avait, quant à elle, fait timidement l'acquisition au cours des années 1860 d'une copie de revolver à capsule Beaumont-Adams produite à Suhl. Les Bavarois, avec le pistolet à un coup Werder Mle 1869 tirant la cartouche métallique, étaient encore les mieux lotis. Mais cette arme, réduction du fusil, excellente mécaniquement, était surclassée sur le plan de la rapidité du tir par les revolvers à piston, et d'autre part, il n'existait qu'en petite quantité. Les Saxons possédaient quelques répliques de Smith & Wesson N°2 à 5 coups. Quand aux armées du Wurtemberg et du Grand Duché de Bade, elles alignaient un échantillonnage aussi hétéroclite que varié de revolvers à percussion du type Colt ou Adams très en faveur chez les militaires d'Outre-Rhin à cette époque. La brusque succession de deux conflits majeurs avait pourtant suscité, chez certains officiers, le désir d'être équipé réglementairement d'un revolver : tout d'abord, la guerre contre l'Autriche, appelée « Guerre des Septs Semaines i (Sibenwochenkrieg), dont l'issue rapide et glorieuse pour la Prusse, (Sadowa), devait contraindre l'Empereur Napoléon III à faire adopter en toute hâte le fusil Chassepot ; ensuite et surtout, l'engagement contre la France, qui obligea nombre de cavaliers et d'officiers d'Outre-Rhin à remiser leurs vieux pistolets Mles 1850, au profit d'armes à barillet le plus souvent à percussion. Du côté français, malgré une avance technologique indéniable, la situation était semblable. Les revolvers des antagonistes étaient principalement des armes du commerce achetées avec leurs propres deniers. La guerre contre la France permettra cependant à la Prusse de faire l'essai de quelques modèles de revolvers à aiguille'Wahl, fabriqués à l'usine mère Dreyse de Sommerda. Mais l'adoption de cette arme originale ne fût jamais entérinée : la cartouche papier avec percussion à aiguille ayant enregistré les déboires que l'on connait. L'avènement du Reichrevolver Mie 1879 Tandis que le dernier quart du XIX € siècle nous voit assister, de la part de toutes les nations européennes, et ce, jusqu'aux plus petites (Belgique, Suisse, Hollande, pays Scandinaves) ; à la généralisation de l'équipement de leurs troupes en revolvers, les membres des armées du Kaiser, dépités, ne voient toujours rien venir. Pour ces derniers, à la fois auréolés du prestige de leurs récentes victoires, et conscients d'être les dignes représentants de la première puissance militaire mondiale, cette situation d'infériorité ne doit absolument pas se prolonger. Aussi font-ils part de leurs « émotion), sous la forme de nombreuses réclamations, aux grands responsables de l'Etat-Major. Le quartier général de l'Empereur Guillaumer, devant cet afflux de doléances émanant principalement des officiers et des cavaliers, se voit contraint, par la force des choses, à mettre en place en 1877, une commission d'étude devant siéger en permanence à l'Arsenal d'État de Spandau. Sa mission sera de décider de l'avenir du futur revolver réglementaire allemand. La dite « Kommission se met immédiatement à l'ouvrage, et entreprend, avec une rigueur toute germanique, d'étudier et de tester les productions nationales et étrangères d'armes courtes à barillet, afin d'en dégager le type de revolver idéal qui devra remplir, au mieux, les besoins des futurs corps utilisateurs. Outre le modèle que concoctent patiemment les « Pontes de Spandau', deux firmes civiles de renom, Mauser et Ludwig Loêwe présentent un revolver qu'elles espèrent bien voir agréer. Dans le cadre de l'étude consacrée au revolver Zig-Zag, 16 (G.A. N°148), nous avons exposé les raisons qui devaient Reichrevolver long Mle 79 et le Premier conflit mondial. La déclaration de guerre du 2 aout 1914 va donner l'occasion aux vieux RR Mle 79 de ressortir des dépôts.
 Le sérail ultra-conservateur de Spandau a tout lieu de se montrer satisfait, car l'arme qu'il a tait adopter contre vents et marées, reflète parfaitement son style rétrograde, à commencer par la ligne générale qui évoque le « tant regretté » pistolet d'arçon Mle 1850. Pour faire bonne mesure, on a également conservé pieusement l'inutile et inesthétique anneau de renfort de bouche dénommé « mûndungswurst » dans la langue de Goéthe... Le revolver ne tire qu'en simple action et se voit nanti d'un « kolossal » cran de sûreté, qui, lorsqu'il est repoussé vers le bas occupe une double fonction : 1) Pour le chargement : quand le chien est placé au cran de demi-armé, il se trouve bloqué, ainsi que la détente, mais le barillet reste libre de tourner, permettant ainsi le rechargement sans danger. 2) Pour le transport de l'arme chargée : lorsque le chien est repoussé à fond dans son logement, ce cran de sûreté bloque non seulement son action, mais également celle de la détente et la rotation du barillet : l'arme peut être transportée en toute sécurité. Autre réminiscence de l'antique pistolet MIe 1850, on constate l'absence de tige éjectrice montée sur l'arme. Il ne faut pas s'en étonner, car, aux yeux des membres de la « Komission », la baguette offrait plus de défauts que de qualités. Parmi les griefs présentés à l'encontre de cette dernière, on peut relever Le fait que certains militaires employaient la baguette comme arrêt de barillet ; — Qu'elle embarassait pour placer le revolver dans sa fonte ; — Si elle retombait, ou qu'on vint à l'oublier dans l'une des chambres du barillet, celui-ci ne fonctionnait plus au moment d'utiliser l'arme ; — La baguette se tord facilement. Après une inaction prolongée, elle se rouille dans son conduit, et n'avance ni ne recule. Au contraire, un emploi fréquent lui donne du jeu, et la secousse produite par la première décharge, voire
même le trot du cheval la fait glisser dans l'un des drageoirs du barillet dont elle entrave la rotation, ce qui désarme le tireur, et peut lui coûter la vie... Pour éviter tous ces ennuis, on a donc supprimé la cause même du problème. Plusieurs auteurs affirment que la tige d'axe de barillet remplissait l'office de tige éjectrice pour chasser les étuis récalcitrants. Cette hypothèse, quoique pratiquement parfaitement réalisable, semble assez improbable, car on a retrouvé trace d'un outil faisant le double office de baguette de nettoyage et de tige éjectrice. D'une longueur de 25 centimètres, cet accessoire accompagnait le cavalier. Il prenait place sur, la partie supérieure d'une petite giberne dénommée « Kartusche », contenant une réserve de 18 coups. Une hostilité viscérale vis à vis du revolver Toutes ces petites gênes apportées volontairement dans le service du R.R. MIe 1879, nous amène à penser que les membres de la « Kommission » se sont évertués, sinon à empêcher leurs armes de tirer, tout du moins à dissuader les futurs utilisateurs d'avoir à le faire... On devine, dans cette adoption quasi-forcée, combien les « pontes » du Haut Etat-Major se montraient hostiles au revolver. Dans son magistral ouvrage « Le Revolver », AWF. Taylerson, nous donne une explication sur cette attitude pour le moins réservée : — « Les revolvers militaires étaient peu appréciés par les armées européennes pour deux raisons r l'arme était trop compliquée pour donner satisfaction à de simples soldats, et d'autre part, les officiers étaient trop tentés de s'en servir... On en vint à penser que ce personnel là était parfaitement capable d'oublier sa mission principale, (qui était de commander et de diriger les troupes), pour s'adonner au duel, et gaspiller des munitions... » Le fait que deux ans avant l'adoption du Reichrevolver la Kommission « s'accrochait encore à préconiser pour ses cadres l'emploi d'un pistolet calibre 9 mm, culasse à bloc retombant, est largement significatif, et nous éclaire bien sur sa façon de voir les choses. Cet état d'esprit n'a cependant rien d'étonnant en cette période où le revolver faisait l'objet de critiques continuelles : on ne le considérait bon que pour les coloniaux, les bourgeois en mal d'aventure, et les vauriens de tout poil. Deux pays, pourtant berceaux du revolver, semblaient suivre ce raisonnement à la lettre : la Belgique qui armait ses gendarmes avec le pistolet double-Remington-Nagant MIe 1877, l'Angleterre qui, en 1881, testait très sérieusement le pistolet d'arçon à quatre canons, calibre 455, du sieur Charles Lancaster... Les vieux principes ont la vie dure I Quelques points positifs tout de même Nous venons de passer en revue les inconvénients présentés par le Reichrevolver Mie 79. Parlons maintenant, sinon de ces avantages, tout du moins de ses points positifs, qui se résument en : — Une prise en main relativement honnête compte-tenu de la longueur et du poids de l'arme ; — Une platine certes à simple effet, mais d'une solidité et d'une rusticité à toute épreuve ; — Une fabrication extrêmement bien soignée, avec une bonne qualité des aciers employés ; — Une excellente finition, doublée d'une standardisation rigoureuse des pièces constitutives entre les différents fabricants, (sauf au niveau des plaquettes de crosse) ; — Et surtout les bonnes performances développées par sa munition calibre 10,4 mm, mais dénommée 10,6 M.79 Reichpatrone. Cette excellente munition parfaitement interchangeable avec la redoutable 44 Russian employée par les armées du Tsar, possédait une vitesse initiale de 240 m/seconde et un coefficient de choc de 44 Stp., contre 190 m/s, et 21 Stp. pour notre revolver MIe 1873. Cela constitue un des seuls avantages, (mais d'importance), du R.R. M.79, par rapport à notre célèbre Chamelot & Delvigne. Comme pour le fusil Dreyse, une distribution retardée La production du R.R. M.79 est lancée en grande série, mais on se garde bien de distribuer la nouvelle arme. On se contente de la stocker en arsenal, suivant l'habitude consacrée, en attendant qu'un nombre suffisant soit construit. Si bien qu'il faudra patienter, (le mot est faible), jusqu'au 31 août 1881, pour voir les Dragons devenir officiellement le premier corps réceptionnaire et utilisateur du Reichrevolver. A partir du 1" février 1883, on l'attribue aux Cuirassiers (Kürassieren), puis dans la limite des possiblités aux officiers, sous-officiers, portes-étendards, et trompettes des troupes montées. Un étui à revolver dénommé revolvertasche Mle 1881 est adopté par tous les Etats excepté la Bavière, qui agréera exactement le même, mais sous la dénomination de MIe 82, sans doute par désir de singularisation. Ces étuis, de cuir fauve, peuvent présenter entre eux de légères variantes, notamment au niveau des bélières. Le 24 février 1887, ordre est donné d'étendre la dotation du MIe 1879, au personnel de l'artillerie montée, qui demeurait toujours équipée de l'archaïque pistolet MIe 1850, qui refusait obstinément de regagner les musées. Rappelons pour mémoire qu'à la même époque, la France mettait à l'essai, sur une assez large échelle, (1500 exemplaires), le revolver Mle 1887, système Abadie, double action, petit calibre, percuteur monté sur carcasse, qui préfigurait déjà le Mle 1892. Avec le fusil Lebel à poudre sans fumée mis en service l'année précédente, on peut affirmer, sans risquer d'être contredis, que notre nation possédait, sur sa grande rivale d'Outre-Rhin, une avance technologique remarquable en matière d'armement léger portatif. Contrairement à la France, qui en 1873 partait d'un prototype civil, (le Chamelot & Delvigne), pour obtenir son revolver militaire, mais le faisait produire exclusivement en manufacture nationale, l'Allemagne élabore son futur modèle réglementaire en arsenal d'Etat, (Spandau), — les mauvaises langues affirment que c'est pour ne pas avoir à payer des royalties. En revanche, elle confie le soin de sa fabrication aux entreprises du secteur privé. Cette opération est réalisée dans le double but d'éviter la centralisation du secteur armurier, et de montrer aux anciens Etats combien le nouveau Reich est magnanime : certes, il impose le revolver de son choix, mais il laisse aux responsables locaux la faculté de continuer à passer commande à leurs fournisseurs habituels. Un modèle unique, mais une fabrication diversifiée Plusieurs fabricants d'armes Allemands vont proposer leurs services, ou seront contactés par les Etats, pour fournir l'armée allemande en Reichrevolvers MIe 79 Parmi ceux-ci, on relève : — La waffenfabrik Von Dreyse, dirigée par le fils de l'inventeur du fusil à aiguille, (noblesse oblige), qui va mettre en oeuvre environ 20% de la production totale des R.R. M.79, pour honorer ses contrats avec la Prusse et la Saxe. — Les armuriers de la ville de Sühl, regroupés initialement sous l'égide du combinat « V.C. SCHILLING,C.G. MEMEL, SPANGENBERG & SSAUER », plus communément désignés sous les initiales « SC.G.H. SUHL », encadrées dans un ovale, vont fournir surtout à la Prusse et à la Saxe la majeure partie des R.R. M.79 fabriqués, puisque leurs usines assureront 70% de la production totale de ce modèle. L'infortuné Paul Mauser, quelque peut échaudé, après l'échec catastrophique de son Zig-Zag, se trouva obligé de produire 1 500 revolvers Mles 1879 entre 1880 et 1883 pour le compte de l'arme wurtembourgeoise aux termes du contrat qui le liait avec cette dernière. Il le fit à contrecoeur, uniquement pour pouvoir assurer la vente de ses 19 000 Gewehr Mles 1871. (Cf. Paul Mauser & ses Armes). La Bavière fera également l'acquisition, auprès des usines du « Maitre d'Oberndorf », de petites quantités de R.R. M.79, préférant conserver son vieux pistolet Werder à un coup le plus longtemps possible. On estime les R.R. M.79 produits par Mauser comme les plus rares, puisqu'ils représentent moins de 10% de la totalité des fabrications. Les frères Ludwig Loêwe de Berlin, par dépit ou par manque de commandes officielles, n'ont jamais produit de Reichrevolvers, tant Mles 1879 que Mles 1884. Après 1884, la production du R.R. M.1879, dénommé également « Lange Reichrevolver », pour bien faire la distinc- tion avec le Mle suivant, va cesser définitivement ; les dernières dotations de cette arme obsolète iront vers la Marine, pour les unités de haute-mer, ainsi que pour les fusiliers marins. De nombreux auteurs de langue allemande avancent un chiffre de production totale avoisinant les 50 000 exemplaires. Les variantes du Reichrevolver M/79 Arme à durée de vie relativement courte, le R.R./79 n'a pas engendré de descendance directe. Seule la Firme Dreyse de Sommerda a produit, dans les années 1880, une version améliorée du M/79, qui se caractérise par une diminution sensible de l'encombrement et du poids, (voir fiche technique), des plaquettes de crosse quadrillées, ainsi qu'une tige-axe de barillet rappelant déjà la forme du RR/M/84. L'arme est dépourvue de l'anneau de bouche de canon caractéristique des modèles réglementaires. Dans le même ordre d'idée, il existe un modèle hybride entre le R.R. M/79 et le RR. M/83, dont nous aurons l'occasion de reparler prochainement...  






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Message par Invité Sam 18 Avr - 10:36

Reichrevolver 1883

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l’article de la Gazette des Armes n°161 janvier 1987 est accessible là ... http://fr.1001mags.com/parution/gazette-des-armes/numero-161-janvier-1987/page-14-15-texte-integral


LE mystère qui entoure la genèse du Reichrevolver Mle 1883 est assez épais. A l'origine, on sait simplement que le haut État-Major, se soucie, avec un retard considérable sur toutes les autres grandes nations, d'équiper ses officiers, sousofficiers, porte-étendards, musiciens de l'infanterie et de la Marine, d'une arme moins lourde et moins encombrante que le gros modèle 1879. Quelques prototypes hybrides, réunissant le canon du Mle 79 monté sur la carcasse du futur Mie 83, font une apparition fugace au sein de certains corps de troupe, à titre d'essai, et ne sont pas retenus. Le collectionneur averti doit se montrer circonspect, de nos jours, devant de telles armes, car nombre d'entre elles peuvent s'avérer des remontages d'époque, constitués de pièces de récupération, à destination du marché civil, pour une clientèle peu fortunée. Le nouveau revolver réglementaire de l'armée allemande destiné aux troupes à pied semble trouver sa configuration exacte en 1883, quoique l'on retrouve peu de trace de son apparition officielle sur la scène militaire contemporaine. Certains spécialistes, traitant de ce revolver, lui attribue le millésime de 1884. Mais aucun ordre officiel ne précise d'une manière formelle sa date d'adoption. En France, seule la très sérieuse revue militaire de l'étranger, dans son numéro 632 du 15 octobre 1885, signale, dans un entretien intitulé « Port du revolver et de la jumelle «, qu'un ordre de cabinet en date du 31 août dernier (1885), prescrit qu'à l'avenir tous les officiers seront armés du revolver, et que les officiers qui font partie des divers états-majors, y compris ceux de régiments et de bataillons, seront en outre munis d'une jumelle. Le revolver modèle N°83 (sic), n'est pas obligatoire pour les officiers auxquels liberté entière est laissée quant au choix du revolver, ainsi qu'à sa manière de le porter... On a arrêté un modèle d'étui pour le revolver à l'usage des feldwebel, vice-feldwebel, portedrapeaux et tambours. Le port de cette arme est ainsi réglementé pour les sous-officiers : le revolver dans son étui fixé au ceinturon, à gauche, entre la plaque de ceinturon et le sabre-baïonnette. « Comme on peut le constater, l'avènement de ce nouveau revolver, au sein du monde militaire de l'époque, se passe dans la plus grande discrétion. Il faut avouer que le dernier « six coups « des armées du Kaiser, n'apporte rien d'original dans le domaine de la technique armurière, il présente tant de similitude avec son aîné, cuvée 1879, qu'il est, de facto, considéré par certains plutôt comme une variante améliorée de ce dernier, que comme un modèle parfaitement défini, dans la nomenclature de l'armée impériale. Les Allemands cependant, soucieux d'établir un distinguo entre ces deux armes, les désignent souvent, non pas par leur millésime d'origine, mais dans les termes de « Reichrevolver Langer Lauf » (Mle 1879), et ffKurzer Lauf » (MIe 1883). Les principales différences entre ces deux modèles portent sur la longueur totale, qui passe de 340 270 mm, entraînant une diminution de la longueur du canon de plus de 60 mm. Dans le même esprit, on constate un allègement de l'arme d'environ 350 grammes. La crosse s'affine, ainsi que son anneau de calotte qui prend des proportions plus raisonnables. D'une façon générale, le Reichrevolver MIe 1883 perd l'allure typique de gros pistolet d'arçon présentée par son aîné. Mais il conserve néanmoins un aspect désuet malgré l'abandon du mundungswust, ce fameux bourrelet à l'extrémité du canon. Le ressort d'axe de barillet, trop sujet à des bris fréquents a été remplacé par un bouton poussoir plus solide et plus pratique. De même, la tige-axe de barillet perd sa forme conique, au profit d'une configuration carrée, détail destiné à faciliter la préhension pour le démontage. Indéniablement l'arme s'est allégée, mais sans pour autant gagner sur le plan de l'esthétique. Les principaux défauts relevés sur le R.R. Mle 79 subsistent, en particulier l'absence de baguette d'extraction, la faculté de ne pouvoir faire feu qu'en simple action, et les départs qui demeurent toujours très durs. Il va sans dire que le g Kolossal, cran de sûreté reste pieusement conservé malgré son inutilité probante. Comme pour son prédécesseur Mle 79, les seuls avantages du R.R. 83 se situent au niveau de sa finition et de son ajustage dignes de la réputation armurière allemande, et surtout de sa munition, l'une des meilleures de son temps. Quatre armuriers approvisionnent le marché La production en série du revolver Mle 83 débute lentement, à compter de 1885. Pour l'armement des officiers, sous-officiers, porte-drapeaux et musiciens de l'infanterie, les livraisons aux corps de troupe s'effectuent en quantités homéopathiques, toujours en concurrence avec l'ancien Mle 1879. Le véritable rythme de croisière ne sera pas atteint qu'en 1891, année de l'entrée en scène des fabrications de l'arsenal d'Etat d'Erfurt. On assiste, cette même année, à l'adoption d'un modèle d'étui contenant 12 cartouches, le, Revolvertasche M 91 agréé le 12 mars par l'armée prussienne, (M. 92), et par l'armée bavaroise, qui, pour se singulariser, compte toujours un an de décalage par rapport au pouvoir central. Quelques mois avant la mise en service de notre Mle 1892, le Reichrevolver g Kurzer Lauf » est officiellement adopté pour l'armement du personnel de l'artillerie mobile, (Fahrenden Artillerie Batterien), à la date du 28 mars 1891. Dès lors, les approvisionnements s'effectuent régulièrement, et au fur et à mesure des besoins. A compter de 1892, le modèle 1883 supplante complètement son prédécesseur de 1879, puisqu'on l'attribue même aux unités de cavalerie. Quatre grands centres armuriers se sont partagés les commandes officielles du Reich, en ce qui concerne la dotation du R.R. M.83. 1) La Gewehrfabrik d'Erfurt, arsenal d'Etat qui va prendre en charge la part la plus importante des fabrications de 1891, à 1897. Cet établissement assurera lui tout seul environ 62% du total des Mle 83 purement réglementaires destinés aux armées du Kaiser. A partir de la fin 1894, on constate une légère modification dans l'usinage du barillet spécifique à Erfurt. Le cylindre reçoit un renfort devant chacune de ses six encoches périphériques, une opération réalisée dans le but de consolider so`n blocage. Les exemplaires issus d'Erfurt sont marqués du nom de cet arsenal, avec au-dessus, une large couronne impériale, et au-dessous, l'année de sortie. Il n'existe pas de variantes commerciales de ces modèles. 2) Le consortium des armuriers de Suhl : — Schilling und liaenel, ainsi que Sauer & Sohn, détachés de Spangenberg, après la mort de ce dernier en 1886, va assurer la production de 29% des R.R. Mle 83. Marquages : « V.C.S. °C.G.ti. Subi » dans un ovale, plus rarement Sauer & Sohn - Absence de date. 3) Dreyse de Sommerda ne produira que 8% du total des R.R. Mle 83, car le décès de Frantz KarlRudolf, fils du grand inventeur, et dirigeant de l'usine, viendra mettre un terme à la construction de cette arme en 1894. En 1901, la Maison Dreyse sera rachetée par la Rheinische Metallwaren und Maschinenfabrik, la future Rheinmetall. Marquage : g F.v. Dreyse Sommerda » dans un ovale. — Absence de date. La palme de la rareté revient sans conteste à Paul Mauser avec moins de 1% du total de la production. Les rarissimes exemplaires assemblés dans les ateliers du maitre d'Oberndorf portent la désignation : « Waffenf. Mauser. Oberndorf » entouré d'un ovale, avec au centre toujours la même date : — 1883 —. Il est à noter, que malgré la diversité des entreprises contractées par l'Etat, les pièces constitutives des R.R. Mle 83 réglementaires sont rigoureusement interchangeables. On peut parfaitement permuter des éléments d'un modèle produit par Dreyse avec ceux d'un exemplaire sorti de l'arsenal d'Erfurt. Les variantes civiles Les entreprises privées, qui produisaient le R.R. Mle 83 pour le compte de l'Etat, acceptaient bien entendu les commandes des particuliers, à commencer par celles des officiers qui devaient acheter leur « six coups » de leurs propres deniers. Le seul critère qui entrait en ligne de compte était le même qu'en France : l'arme devait chambrer la même munition que le modèle officiellement agréé. Au niveau de la conception mécanique, ainsi que de la finition, de nombreuses différences, par rapport au modèle de base, étaient tolérées. Les variantes civiles peuvent se classer en trois grandes catégories : les modèles dits « d'officiers » à simple action ; les revolvers à double action ; les copies d'origine étrangère. Les modèles dits « d'officiers », à simple action, sont en majorité fabriqués par Schilling & Haenel de Suhl. Ils se caractérisent par une facture supérieure aux modèles réglementaires : pièces internes polies glace bronzage bleu profond, plaquettes de crosse finement quadrillées tirées dans des bois de qualité choisie, étuis en maroquinerie de luxe. Ces armes étaient vendues entre 40 et 60 marks aux officiers, qui avaient la possibilité de déduire cet achat de leurs charges fiscales. Ces variantes « luxe » peuvent parfaitement se rencontrer avec des attributions régimentaires sur le dos de leur crosse, sans pour autant étre purement réglementaires. Les revolvers à double action d'origine allemande ont été produits par Schilling & Ilaenel de Suhl, Dreyse de Sommerda, ainsi que Miller & Greiss de Munich. Les revolvers Schilling & Haenel possèdent le même type de finition que leurs homologues dotés de la simple action, avec un mécanisme parfaitement similaire à celui de nos Chamelot & Delvigue 1873 et 1874. Vu de l'extérieur, seule la position de la queue de dérente nous permet de juger si l'on a affaire à un exemplaire en simple ou en double action. Ces armes ne reçoivent pas de baguette d'éjection. Les revolvers D.A. Dreyse se reconnaissent au premier coup d'oeil avec leur double détente si caractéristique, et leur pontet à repose-doigt. Certains exemplaires reçoivent une curieuse baguette d'éjection sur le côté droit de la carcasse, d'autres sont dépourvues de cet appendice. On estime à environ 3000, le nombre de ces rares pièces produites entre 1892 et 1895, fort recherchées de nos jours par les collectionneurs. Les revolvers Miller & Greiss à double action possèdent, comme les Dreyse, un pontet à repose-doigt, mais leur principale originalité réside dans le fait qu'ils sont équipés d'un système d'éjection copié directement sur celui du Colt Frontier, système inventé par William Mason, et protégé par les brevets U.S. N°128 644 du 2 juillet 1872 et N°158 957 du 9 janvier 1875. Commercialisé à compter de 1887, le Miller & Greiss figure encore en bonne place dans les pages du célèbre catalogue Alfa de l'année 1911.  Tous les modèles civils allemands en simple comme en double action possèdent un point commun : le quadrillage de leurs plaquettes de crosse. Les fabrications étrangères du R.R. Mle 1883, sont, le plus souvent, d'origine belge. Outre le calibre réglementaire allemand, on peut les rencontrer chambrés pour les cartouches 44 américaines. A part les revolvers vendus par Auguste Francotte de Liège, qui font honneur à la bonne réputation armurière de ce fabricant, le reste de la production se situe entre le passable et le médiocre, pour finir avec des exemplaires qui n'ont plus rien à avoir avec les modèles d'origine, excepté le calibre, et le cran de sûreté sur le côté gauche de la carcasse. Dans ce bas de gamme, les prix descendent jusqu'à 18 marks. L'armée allemande n'a jamais passé de commande auprès des fabricants étrangers. Il va sans dire que sur les modèles civils, l'interchangeabilité des pièces est loin d'être réalisable. Les états de service des Reichrevolvers Tout comme nos Chamelot & Delvigne 1873 et 74, les Reichrevolvers sont des armes élaborées, et utilisées en période de paix. Ils n'auront, au cours de leurs 30 années d'existence en tant que Mles réglementaires, que peu l'occasion de sortir de leurs étuis, sauf au cours des tirs, ou lors des expéditions coloniales (Chine, Togo, Cameroun). La police en uniforme a été une grande utilisatrice du RR. Mle 83 avant d'abandonner ce modèle dans les années 1910, au profit de pistolets automatiques calibre 7,65 mm. La guerre de 1914/18 viendra tout bouleverser, et l'on verra ces vénérables ancêtres, encore plus dépassés que nos vieux 11 mm, ressortir rapidement des dépôts pour armer au départ les centres mobilisateurs ainsi qu'une partie des troupes de réserve restées sur le territoire allemand.  

Au fil des mois et des années, la guerre, grande dévoreuse d'hommes et de matériel, va contraindre l'État- Major à racler les fonds de tiroirs : la demande en armes de poing se faisait de plus en plus pressante. Elle amènera la réintroduction des R.R. Mle 83, et en plus modeste proportion, Mle 79 jusqu'en première ligne, comme en témoignent certaines épaves retrouvées sur les champs de bataille de la Meuse ou de l'Argonne. De même, en 1945, aux heures les plus sombres, lorsque le manque d'armes atteindra son paroxysme, les Reichrevolvers seront, une dernière fois jetés, entre les mains de la Landsturm. Ils doteront parfois les gardiens dans les camps de concentration de sinistre mémoire. On possède que peu de renseignements sur le nombre total de R.R. Mle 1883 fabriqué. On peut seulement supposer que ce nombre doit être légèrement supérieur au total de la production de nos modèles 1873 et 1874, compte tenu des effectifs des armées allemandes de l'époque. Certains spécialistes d'outre-Rhin estiment que la production doit se situer dans une fourchette allant de 350 000 à 400 000 exemplaires. A l'aube du XXe siècle, l'État-major du Kaiser avait définitivement renoncé à poursuivre la mise en oeuvre d'un revolver si archaïque, qui présentait un contraste saisissant par rapport au Gewehr 1898, le fusil le plus moderne du monde ! Cette piètre estime dans laquelle est tenu le revolver, pousse au désir de faire peau neuve. Four ce faire, on décide de tourner son regard vers l'avenir, représenté en l'occurence par les pistolets automatiques qui commencent avec l'apparition des Bergmann, Borchardt et autres MauserC.96, à sérieusement faire parler d'eux. Le 12 décembre 1904, la Kriegsmarine franchit le Rubicon et remplace ses Nbarillets » par le révolutionnaire Luger calibre 9 mm Parabellum. Elle sera suivie, quatre années plus tard par l'armée de terre, qui en déclassant ses modèles Mle 79 et Mle 83, achèvera de clore le chapitre de la douloureuse,  
liaison des militaires Allemands avec le revolver.


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