Gold Inlay

Merci Closdelif pour le lien, j'aime beaucoup les vidéos de Layne Zuelke, surtout celle où il a gravé le colt de son grand-père  :


Il utilise aussi la technique d'incrustation d'une pièce en or blanc pour les hélices, les plaques de matricule et la clef d' 1/2' à 5 minutes du début. Cela permet de faire des surfaces un peu plus grandes.
J'utilise moi-même ces techniques d'incrustation d'or, mais pas très souvent car en Europe nous avons des goûts moins ostentatoires qu'aux USA
Cela se fait relativement bien...mais à une condition: Utiliser du fil d'or 24 carats. Le fil d'or obtenu à partir de bijoux fondus ( en général 18 ct) s'incruste beaucoup moins bien , l'alliage de cuivre et d'argent le rend moins malléable et il se chasse mal dans les micro-sillons en queue d'aronde.
Voici ma dernière incrustation il y a quelques semaines sur un monogramme CS ( pour ma petite fille Camille ) où le S est en fil d'or de 0,3mm incrusté comme expliqué par Layne Zuelke.

Une fois le pontet de cette carabine de jardin bronzé, l'or se détache encore mieux:

Je tourne encore sur les stocks de fil d'or que j'avais constitués il y a pas loin de 20 ans , j'ai eu une période orpailleur pendant quelques années

Car OUI il y a de l'or en France , j'ai même lu quelque part que c'est une des raisons pour laquelle Jules César a envahi la Gaule. Les Gaulois étaient experts en orpaillage et sur la rivière La Cèze on peut voir encore des monceaux d'alluvions lavés qui datent de l'époque gallo-romaine.
Le record en taille de pépite est détenu par le département de l'Ardèche: une pépite de 540g fut découverte en 1889 au hameau des Avols près du Chassezac.
Il va sans dire que j'ai orpaillé dans le coin  ... mais 3g est ma pépite "record" dans une petite rivière cévenole. ça me fait drôle de me revoir 17 ans plus jeune. Je n'orpaille plus à cause de problèmes de colonne, mais il va falloir que j'y emmène mes petits enfants. Mes neveux que j'avais emmenés sur la Cèze m'en parlent encore et ils ont précieusement conservé leurs paillettes dan un tube de verre rempli d'alcool

Merci Messieurs
Ce n'est pas pour rien que la couleur de l'or a fasciné les hommes et encore plus leur femme
Il y a d'autres techniques de dorure mais celle de l'incrustation (  inlay in English) est celle où l'or ressort avec le plus de brillance. Cette technique est relativement récente ( je dirais fin 19e) car il fallait déjà posséder des outils très durs et fins pour faire ces minuscules sillons  en queue d'aronde qui permettent d'accrocher l'or .

Pour les "damasquinages" que vous verrez sur les armes antérieures , la technique est un peu différente, il s'agit de l'or "moulu" comme par exemple sur ce pistolet début 19e dont j'ai trouvé la photo sur le site web d'Antic Store:

L'or était pilé pour en faire de tout petits morceaux puis il a été dissout dans du mercure. Cet amalgame or /mercure était alors déposé sur les zones à décorer. Lorsque l'amalgame était très l"liquide" il devenait possible de l'utiliser comme de l'encre et de le passer à la plume en faisant de belles écritures. Sur cet exemple je suppose qu'en plus ils avaient délimité les zones où l'amalgame devait être déposé par du vernis de graveur ( le même vernis "d'épargne" que celui utilisé pour les gravures à l'eau forte) . Le bronzage du canon a certainement été fait après dorure, augmentant ainsi le contraste

Une fois l'amalgame déposé de façon précise, il suffisait de chauffer la pièce au dessus des braises...jusqu'à ce que le mercure qui commence à se vaporiser au dessus de 40° se soit entièrement "envolé" et que l'or lui, reste solidement accroché à l'acier. C'était assez solide et sur certaines armes de luxe vous en verrez encore des traces sur l'orifice de la lumière ou sur le bassinet , là l'or avait en plus de l'esthétique une fonction de protection anti-corrosion:


Les ouvriers qui faisaient ça devaient avoir très vite les reins foutus, à respirer ainsi les vapeurs de mercure.
J'ai pratique une paire de fois cette technique mais vu les risques je ne peux plus la faire ,je l'avais faite dans un labo de chimie au boulot avec hotte spéciale , condenseur des vapeurs pour récupérer le mercure etc . Pour l'amateur il vaut mieux en rester à l'incrustation , mais c'est dommage car on n'obtiendra jamais la couleur particulière de l'or moulu: L'or prend une teinte mate "vieil or" qui est inimitable.

[quote="CLOSDELIF"]B
Je vous la propose aujourd'hui car j'ai quelque chose à vous montrer un peu plus tard


au fait Closdelif, comme je n'étais pas dans le forum à l'époque, je n'ai pas retrouvé ce que tu avais montré. Il s'agit d'un damasquinage ?

Merci Freebird et merci pour le lien vers le Browning

J'adore ces gravures d'usine, c'était d'une qualité incroyable car ils faisaient toujours le même motif et ils l'avaient stylisé au maximum. Là en plus il y a des incrustations d'or blanc me semble-t-il, dans le petit rond intérieur des spirales.

Les feuilles de vigne sur le dessus sont en or blanc elles aussi, c'est classieux , discret et de bon goût.

Bravo Closdelif pour ce beau Browning !

Tu aurais pas une photo en gros plan des feuilles sur le dessus de la glissière pour illustrer ce sujet , STP ?

Ton arme a très bien pu , vu l'époque avoir été faite par un de ces graveurs( ou graveuses) belges ( vers 1950) ils travaillaient tous au burin, preuve qu'ils avaient abandonné les techniques plus risquées de dorure à l'amalgame. Techniques que j'ai vu utilisées encore à Eibar sur des armes décorées dans les années 1960 , preuve que les basques  moins "sensibles" au mercure que  les belges


En recherchant les photos des graveurs belges je suis tombé sur ce site, ils ne sont plus qu'une 15e, à comparer avec l'atelier de 1950 au dessus... dont une seule femme !!! je ne félicite pas nos amis belges pour leur sens de la parité.
En tous cas les outils sont restés les mêmes que pour le Browning de Closdelif : https://fr.browning-blog.eu/gwenda-graveuse-aux-doigts-de-fee/

Merci Corto maltese

L'or étant quasi inaltérable il se serait conservé sans problème dans l'eau
En général les gens qui font des bijoux en verre soufflé mettent les paillettes dans un bain de glycérine, l'or a beau avoir une densité de 19, les paillettes sont tellement fines à force d'être roulées dans les graviers qu'elles "flottent" dans la glycérine. C'est l'effet "neige" des boules à tour Eiffel
Moi j'avais des centaines de tubes d'échantillon de 1cm3 mais pas de glycérine, je leur avais donc mis de l'alcool parce que j'en avais sous la main.

En général dans les rivières que j'orpallais, la Cèze, le Gardon, la Ganière, le Chassezac les paillettes sont très plates et il fallait plusieurs sorties pour recueillir un gramme mais cela faisait des milliers de paillettes

Les bijoux en or sont souvent creux , il en faut moins pour les faire .La boucle d'oreille de Corto par exemple est certainement un jonc creux et il doit y avoir entre 1,5 et 2g, pleine elle ferait ses 10g.

Merci Vidocq  
Si vous allez vous promener en été au bord des petites rivières cévenoles comme l'Homol ou la Ganière,  vous verrez peut-être une peau de mouton posée sur le rocher au fond de la rivière. Il ne s'agit pas des restes du festin d'un loup... non, dans le coin certains perpétuent encore ces techniques gauloises.
La laine piège les fines paillettes roulées par la rivière, on la sort au bout de quelques mois et on la passe à la battée pour recueillir 2 ou 3 grammes de paillettes.

Un copain dont la famille était originaire de Gagnières m'avait raconté que la tradition voulait que les jeunes hommes orpaillent pour faire les deux alliances, une fois que la fiancée était choisie:
C'était le "délai de réflexion" en quelque sorte et le taux de divorce était certainement plus bas qu'aujourd'hui où on achète les alliances sur amazon

Merci Ekaergos pour la précision je pensais que les gaulois avaient innové.
Le lien que tu donnes montre un joli vase grec avec une autre technique de dorure à la feuille d'or pour la peau de bélier de la fameuse toison d'or.

J'ai ai un copain enlumineur belge , Felipe Martinez que j'avais conseillé pour graver ses lettrines qui m'avait expliqué la technique: Sur le parchemin ils déposent du gesso( une espèce de plâtre) mélangé à de la colle de peau de lapin. Une fois dur ils peuvent le graver puis ils posent dessus la feuille d'or qui épouse épouse intimement les détails car la feuille est très mince ( quelques microns je pense) . Il m'a fait une initiale J avec sa technique et donné quelques feuilles et du parchemin pour que j'essaye.

C'est marrant à déposer , avec un pinceau qu'on charge d'électricité statique / D'ailleurs pour faire la photo j'ai "bousillé" une feuille car je devais être un peu " chargé". Je me disais que ce genre de dorure à la feuille, bien que je ne l'aie pas souvent vue utilisée sur des armes , pourrait être un substitut pour restaurer d'anciennes dorures à l'or moulu et éviter les dangers du mercure :


J'ai mis quelques outils que j'utilise pour l'or : une filière pour étirer du fil d'or jusqu'à 0,15mm et deux brunissoirs , un en agate et un autre plus ancien en hématite . Ces outils frottés sur la dorure écrouissent l'or et lui donnent encore plus de brillance. Aujourd'hui je les utilise plus souvent pour "effacer" les rayures et autres dérapages accidentels sur le métal autour des gravures

Hello Cro , vas-y la haute Cèze n'est pas trop physique et c'est une ambiance particulière que de faire un bivouac "chercheur d'or"  

C'est sûr que plsu jeune tu aurais certainement pris plus de "risques"
Moi même( pourtant à la 50e sonnée) la fièvre de l'or m'a fait faire des bêtises : J'ai emprunté un kayak qui était tiré sur le sable au bord du Chassezac pour traverser car c'était trop profond pour mes waders de pêche. Ils n'avaient pas laissé les rames mais comme j'avais toujours une pelle pliante US je l'ai utilisée pour ramer. Arrivé presque de l'autre côté j'ai chaviré dans un petit courant et je me suis retrouvé sous le kayak , tiré  vers le fond par le sac à dos avec la battée, la pioche, barre à mine etc . J'ai bu plusieurs tasses avant de me dégager et heureusement il y avait à peine un mètre d'eau... Mais c'était en hiver , l'eau  était glacée.  Il a fallu revenir tout mouillé, la queue entre les jambes remonter à la voiture ...et tout ça pour même pas une paillette

En parlant des RISQUES que provoque la FIEVRE de l'OR , il faut que vous revoyiez le magnifique film de Chaplin :
Au début ils ont mis des images d'archives , certainement tournées quelques années avant sur la Chilkoot Pass: un des passages les plus dangereux et abrupts pour se rendre dans les vallées aurifères du Klondike pendant la ruée ver l'or .
La scène où Charlot déguste la chaussure qu'il vient de cuisiner est vraiment culte : Et il y a ce qui m'a semblé être un Colt 45 à un moment ?

3008nato a écrit:SUPER  , merci Jean , tu nous éclaires ....

Merci Jean-Claude ... c'est pas moi, c'est plutôt la brillance de l'or

Wichita : J'ai un copain qui avait bossé à Salsigne également. Il m'avait fait cadeau d'un bout de quartz où il a des petits grains d'or natif. Ce quartz était broyé et trempé dans du cyanure qui dissolvait l'or . L'extraction de l'or du bain de cyanure se faisant ensuite par électrolyse. C'est hautement polluant,tout comme le mercure utilisé par les orpailleurs guyanais .

C'est le gros revers de la médaille

Pour dorer ton boîtier je ne pense pas que la feuille irait , il faut que le matériau soit poreux pour y mettre la colle de poisson ou de peau de lapin. J'avais fait des essais sur acier avec la superglu et ça n'a pas été concluant.
Par éléctrolyse c'est beaucoup plus facile , mais hors de portée de l'amateur à cause de ces bains de cyanure. Il faut trouver un bon galvanoplaste dans ton coin.... ou bien faire du Gold Inlay

Wagram , l'avantage après avoir mangé ces sangliers est que tu pouvais faire des économies de dentiste: plus besoin de faire dorer les plombages

Pour le colt du film de Charlot on le voit furtivement à 14' 18" du début ça a l'air d'être un 1898 donc il y aurait un léger anachronisme

Merci Closdelif , bel exemple d'une gravure simple en dessin mais pas si simple que ça à réaliser avec ces longues lignes droites qui sont une hantise à graver, la moindre déviation sautant aux yeux.
L'armada de graveurs qu'on voit dans la photo en N B de l'atelier de la FN vers 1950 devait faire ça les yeux fermés, mais ça devait devenir monotone de répéter à longueur de temps le même motif.
Pour les feuilles ils ont utilisé également du fil , on voit sur la photo les petites stries en diagonale.
Le rendu est super sur le bronzage , il n'y a pas besoin de mettre beaucoup d'or
Chez Browning ils ont dû proposer à un moment donné un modèle un peu plus décoré , mais peut être un peu trop chargé; à mon goût le tien plus sobre est plus sympa ...
https://www.cowanauctions.com/lot/1910-fn-pistol-engraved-and-gold-inlayed-3138464