les plats d'étain

fcrozet a écrit:C’est par pur hasard que j’ai l’occasion de récupérer cette collection constituée à la fin des années 40, début des années 50 par un officier français, passionné par ces petites figurines historiques et qui avait connu Herr Rudolph Donath pendant l’occupation.
Ce dernier, « Kostumhistoricker » avait repris son activité et pour gagner sa croûte, faisait commerce de son art, à l’issu de la guerre, en peignant avec brio des fonds de stocks de Zinnfiguren  « brut »qui avaient échappé aux réquisitions, l’étain faisant partie des métaux stratégiques comme le souligne Richelieu.
J’ai récupéré avec la collection des échanges de courriers et des factures entre les deux passionnés, ex ennemis. Ils sont aussi passionnants que la collection elle-même.
Plus personnellement, j’ai eu l’occasion de rencontrer il y a une bonne quarantaine d’années un ami allemand de mon père qu’il avait connu dans l’immédiate après-guerre à Aschaffenburg pendant l’occupation.
Ce brave monsieur avait une collection sidérante de Zinnfiguren de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers de sujets, soigneusement rangées et répertoriés dans des meubles type médaillers qui couvraient les murs d’une pièce grande …comme une grande pièce allemande avec une gigantesque table d’exposition au milieu.
Même si je m’intéressais à l’époque plus à sa fille qu’à ses Zinnfiguren j’avais pu prendre conscience de l’importance que ces objets très typés militaires et artistiques avaient dans la culture allemande.
Sa collection s’étendait du 18 au début du 20ème.
Je me souviens de ses explications sur l’importance de cette petite économie franconienne et plus spécifiquement de la région de Nuremberg.
Tout ceci fonctionnait comme l’industrie armurière et horlogère de l’époque.
Les paysans notamment, lors des longs mois d’hiver, ajoutaient du saindoux dans la choucroute en servant de petites mains à des commettants grossistes qui distribuaient le boulot à leur réseau.
Telle famille coulait les figurines à la chaîne.
Telle autre, à qui on fournissait les estampes colorisées des costumes, les peignait à la chaîne.
La famille X ne faisait que du soldat saxon, la fille ainée peignait les officiers en rêvant d’un beau mariage, les autres gamins chacun son modèle à la lueur des bougies et tout ceci remplaçait avantageusement la télé et permettait de rentabiliser un peu les gosses…
On faisait pareil en forêt noire pour les coucous, en Franche Comté pour les comtoises où des familles passaient leurs soirées à faire toujours le même rouage sans savoir à quoi il servait ou assemblaient des caisses d’horloges en épicéa, à Liège et à St Etienne pour de la pièce d’arme, etc.

Deux siècles de guerres européennes sont passées par là et des dizaines de tonnes et sans doute bien plus de soldats de plombs, qui avaient servi à élever des bambins dans l’esprit de la guerre, sont partis à la fonte pour alimenter ces mêmes guerres. De fait beaucoup de bambins ont disparu avec leurs rêves, peut-être tués par leurs jouets. Triste retour des choses.
De fait, toutes ses figurines et particulièrement celles d’avant guerres se font assez rares.
Pour moi, elles constituent à la fois de (très) belles réalisations artistiques mais aussi des vestiges étonnants d’une tranche d’Histoire des hommes passionnante. Très paléo en fait.

Richelieu a écrit:Bonjour.
Les figurines,tant en plomb qu'en alu présentées,on toutes été fabriquées au xxeme siècle,ce qui ne cadre pas avec l'intitulé du forum.
Ça vire au choix cornélien !!
Cordialement